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Commission Charbonneau: Jean Lavallée aurait préféré que le scandale des factures de Dupuis demeure secret

CEIC: Lavallée aurait préféré que le scandale des factures de Dupuis demeure secret
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Jean Lavallée admet qu'il aurait préféré que le scandale des factures de Jocelyn Dupuis ne soit jamais révélé aux médias, par souci pour la réputation de la FTQ-Construction. Il a, sinon, nié avoir tenté de maintenir son influence après son départ, offert des sommes indues à Jocelyn Dupuis et Rénald Grondin, ou encore sollicité des pots-de-vin durant sa carrière.

Un texte de Bernard Leduc

L'ex-président de la FTQ-Construction a soutenu avoir entretenu de « très bonnes » relations avec Jocelyn Dupuis jusqu'à ce qu'en 2007 ils se déchirent sur la relève à la FTQ-Construction, ce qui rejoint le témoignage donné cet automne par l'ex-directeur général de la FTQ-Construction à la commission Charbonneau.

Il reconnaît par ailleurs que le scandale des factures exorbitantes de 150 000 $ de Jocelyn Dupuis a décidé du départ de ce dernier et forcé la tenue d'élections à la FTQ-Construction en novembre 2008. Il soutient pour sa part avoir quitté au même moment afin de prendre sa retraite.

La commission Charbonneau a fait entendre une longue conversation tenue en mars 2009 entre l'ancien président de la FTQ et Jean Lavallée. Ce dernier s'inquiète de ce que Michel Arsenault prévoit dire à la Presse Canadienne sur les factures de Jocelyn Dupuis, en réaction aux révélations de Ken Pereira.

M. Lavallée l'avertit que s'il affirme que, factures en main, ils ont forcé Jocelyn Dupuis à quitter le syndicat au début de septembre 2008, il paraîtra alors comme un « menteur » puisqu'il avait, à l'époque, présenté le départ de ce dernier comme un simple départ à la retraite.

Jean Lavallée va tenter pendant une bonne partie de cette conversation de convaincre le président de la FTQ d'en dire le moins possible aux médias sur son propre rôle, mais Michel Arsenault insiste :

« Je peux pas dire que j'en ai juste parlé à Jocelyn (des factures), que j'en ai pas parlé au président (...) y vont dire : '' vous êtes allez voir Jocelyn avec ça, pis vous n'en avez jamais parlé à Monsieur Lavallée ?'' Voyons! Ça tient pas deboute, ton histoire. ».

« C'est toi qui a fait des pressions sur Jocelyn pour qu'il parte », ajoute Michel Arsenault, qui semble ne pas comprendre les réticences de Jean Lavallée face à une situation qui risque en fait de le faire bien paraître. Il entend d'ailleurs lui-même faire valoir à la Presse Canadienne ses propres efforts pour écarter Jocelyn Dupuis du syndicat.

Mais pour Jean Lavallée, l'enjeu était ailleurs : « J'ai pas essayé de cacher, j'ai essayé de sauver la réputation de la FTQ-Construction », a-t-il soutenu devant la commission. Il estime qu'il aurait été mieux pour le syndicat que le tout se règle à l'interne, afin d'éviter que l'histoire des fausses factures ne se retrouve devant les tribunaux, ce qui est le cas.

Il soutient aussi avoir essayé, en vain, de convaincre Jocelyn Dupuis de rembourser ses dépenses indues et dément, sinon, lui avoir offert une importante somme pour qu'il parte sans discuter, comme l'a allégué Jocelyn Dupuis : « Jamais je n'ai proposé un sou noir à Jocelyn Dupuis ».

M. Dupuis a incidemment obtenu une indemnité de départ de 140 195 $, mais la décision de lui accordé ou non, a précisé M. Lavallée, ne lui revenait pas.

Lavallée a quitté la FTQ-Construction de son plein gré

Le témoignage de l'ex-syndicaliste Ken Pereira, ainsi que de nombreuses écoutes électroniques, avaient par ailleurs démontré que Jocelyn Dupuis contestait le pouvoir de Jean Lavallée dans le but d'avoir lui-même accès au Fonds de solidarité FTQ.

Les deux hommes se sont opposés par personnes interposées à l'élection de novembre 2008 à la FTQ-Construction, qui s'est traduite par la victoire du clan Dupuis.

M. Lavallée soutient avoir accepté de plein gré de quitter ses fonctions au profit de la relève et n'avoir donc fait l'objet d'aucun chantage de la part de Jocelyn Dupuis.

« Il avait rien en main pour me forcer de partir », se défend-il, rejetant l'hypothèse qu'il craignait que M. Dupuis ne révèle ses séjours sur le Touch, le yacht de Tony Accurso.

Jean Lavallée ajoute que son poste au C.A. de la SOLIM n'a pas fait l'objet de discussions entre lui et Jocelyn Dupuis, lorsque les deux hommes ont convenu de quitter leurs fonctions à la FTQ-Construction puis de déclencher des élections. Il soutient que c'est Michel Arsenault qui a décidé qu'il garderait sa place au C.A., malgré son départ du syndicat.

Lavallée défend bec et ongles son intégrité

Jean Lavallée nie par ailleurs avoir rencontré durant la campagne électorale Rénald Grondin, directeur du local AMI et proche de Jocelyn Dupuis, pour lui proposer de payer son hypothèque si jamais il changeait de camp, une allégation faite par M. Dupuis dans une conversation avec son ami Léonard Duguay. « Rénald Grondin qui disait que j'avais offert de payer son hypothèque : Jamais, jamais, jamais, jamais! », s'est exclamé Jean Lavallée.

L'ex-président de la FTQ-Construction a par ailleurs profité de l'occasion pour rejeter, du revers de la main, les allégations de pots-de-vin entendues à son endroit, notamment de la part du promoteur de TIPI, Laurent Gaudreau ou de l'ex-PDG de la SOLIM Richard Marion. Il nie enfin les propos d'Yves Mercure, rapportés par Ken Pereira, selon qui le secrétaire-financier du syndicat, Yves Ouelette, lui aurait confié que Jean Lavallée avait reçu un pot-de-vin de 50 000 $ de la SOLIM.

Il se défend enfin d'avoir continué d'exercer son influence auprès de la FTQ-Construction après son départ à l'automne 2008.

Dans des écoutes électroniques du début 2009 présentées cet automne, le directeur général nouvellement élu du syndicat, Richard Goyette et Jocelyn Dupuis se plaignaient pourtant de son influence, notamment en entravant l'accès de M. Goyette au Fonds de solidarité FTQ.

C'est par ailleurs auprès de Jean Lavallée que le 15 mars 2009, Michel Arsenault va prendre des nouvelles des négociations entre Bernard Girard et Rénald Grondin, figures de proue respectives des clans Lavallée et Dupuis. « L'autre gang va en guerre contre ta gang » déplore Michel Arsenault, qui souhaite que la paix revienne.

M. Lavallée estime cependant que c'est son poids comme ancien président de la FTQ-Construction qui explique que M. Arsenault le sollicite, et non un rôle quelconque qu'il continuerait à jouer. « J'ai jamais organisé un exécutif parallèle » à celui élu en novembre 2008, se défend-il.

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