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Au-delà de l'apathie: les jeunes et les multiples chemins vers la démocratie

Au Canada, nous avons récemment été témoins d'une recrudescence de l'enthousiasme électoral des jeunes.
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En gagnant les primaires en Californie, Hillary Clinton s'est assurée de mettre la main sur la nomination du Parti démocrate. Elle se positionne ainsi pour devenir la première femme d'importance à être candidate à la présidence des États-Unis. Malgré cela, la campagne menée par Bernie Sanders représente elle aussi une grande victoire. Alors que les jeunes électeurs sont réputés pour leur faible taux de participation électorale, Sanders a admirablement réussi à les mobiliser avec sa campagne.

Pareillement au Canada, nous avons récemment été témoins d'une recrudescence de l'enthousiasme électoral des jeunes. Mercredi matin, Élections Canada publiait des données concernant les taux de participation aux élections fédérales de 2015. Ces données montrent que la participation électorale des jeunes électeurs a connu une hausse extraordinaire. C'est 57,2% des 18 à 24 ans qui sont allés voter aux dernières élections, soit 18 points de pourcentage de plus qu'aux élections de 2011. Aucune autre tranche d'âge n'a enregistré une telle augmentation. Par ailleurs, cette augmentation semble avoir particulièrement été favorable aux libéraux (Étude électorale canadienne, 2015). Cette mobilisation sans précédent démontre que la jeunesse n'est pas apolitique. Tout au contraire: les jeunes savent s'enflammer lorsque des leaders politiques leur parlent et répondent à leurs préoccupations. Ils votent lorsque leurs intérêts sont en cause.

Bien que la jeunesse soit fréquemment décrite comme étant apathique en Occident, vouloir juger du degré d'engagement politique des jeunes simplement en fonction de leur participation électorale est évidemment une erreur. Les résultats de l'Étude canadienne de la jeunesse (McGill-UQAM, 2015), dans laquelle un groupe de jeunes adultes ontariens et québécois de 24 ans furent questionnés quelques mois avant les élections, démontrent que la moitié de ces jeunes se disent intéressés par les enjeux publics, contre seulement 10% qui disent ne pas du tout s'intéresser à ces enjeux. Malgré cela, ces mêmes jeunes deviennent ouvertement sceptiques lorsqu'ils sont questionnés face à la politique partisane. Les partis portent eux-mêmes une part du fardeau de la responsabilité. En effet, 70% des jeunes sondés croient que les partis politiques s'intéressent uniquement aux votes des citoyens, et non pas à leurs opinions et leurs idées. Ce type de cynisme les garde éloignés de manière prévisible des bureaux de vote.

Même si remplir un bulletin de vote est un acte fondamental en démocratie, lorsque la politique est incapable de séduire, les élections ne représentent qu'une dimension de la démocratie. Une majorité des jeunes compensent en faisant des dons à des causes politiques ou sociales, en signant des pétitions, ou encore en boycottant des produits par raisons éthiques ou politiques (Étude canadienne de la jeunesse 2015). Ces formes alternatives d'implication politique peuvent parfois même stimuler la participation électorale. C'est précisément ce qu'a confirmé le Printemps Érable en 2012. Après plusieurs mois de manifestations intenses, les jeunes se sont en effet présentés en plus grands nombres aux élections provinciales québécoises de 2012.

Bien qu'il soit erroné d'affirmer que la jeunesse est politiquement apathique, il serait tout aussi faux de penser qu'elle est homogène ou monolithique. En effet, l'expérience qu'ont les jeunes de la politique est tout aussi variée que la société canadienne. Les jeunes autochtones, immigrants et les jeunes à faibles revenus font face à de sérieux obstacles lorsque vient le temps de s'impliquer politiquement. La politique est loin d'être un jeu où tous les participants sont à armes égales.

Beaucoup d'énergie a été dépensée à tenter de résoudre le casse-tête qu'est le vote des jeunes. Pour une bonne raison: nous savons que le vote est une habitude qui se développe. Accrocher les citoyens à la politique à un jeune âge est la meilleure manière de s'assurer qu'ils resteront engagés sur le long terme. Si nous surmontons nos préjugés face à la supposée apathie politique des jeunes, et si nous pouvons mieux comprendre comment et pourquoi différents jeunes s'impliquent (ou ne s'impliquent pas) en politique, alors nous serons capables de renforcer la vie démocratique.

Au-delà des questions de politique partisane ou d'idéologie, nous devrions apprendre certaines leçons importantes que les primaires américaines de 2016 et les élections canadiennes de 2015 nous offrent en ce qui concerne l'engagement politique des jeunes. Car après tout, ce sont les jeunes qui détermineront de la vitalité future de nos démocraties.

Ces enjeux seront discutés lors de la conférence Youth Political Participation: the Diverse Roads to Democracy, organisée par le Centre pour l'étude de la citoyenneté démocratique, à l'Université McGill, du 15 au 17 juin. Pour plus d'information ou pour s'inscrire : youthpolparticipation.ca

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