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Journalisme et liberté de presse: entrevue avec Pierre Allard

Pourquoi avez-vous choisi d'être journaliste ? Je n'ai pas choisi. Ce fut un pur hasard. J'y suis entré, j'ai trouvé la salle des nouvelles et demandé au patron s'il avait besoin d'un rédacteur. On m'a immédiatement assis à un pupitre devant une machine à écrire.
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Pierre Allard est journaliste, ex-éditorialiste au quotidien Le Droit et blogueur. Il a reçu le Grand prix de journalisme Olivar-Asselin en 2014.

Suivant l'annonce (mai 2014) de la stratégie des frères Desmarais sur l'avenir des journaux papiers régionaux comme Le Droit, Le Nouvelliste, La Tribune, vous avez écrit sur votre blogue un vibrant plaidoyer pour la sauvegarde du journal Le Droit où vous travailliez à divers titres depuis 1969, un texte intitulé Le silence assourdissant des salles de rédaction, ce qui vous a valu d'être mis à la porte. Comment expliquez-vous ce congédiement?

Je ne sais pas. J'étais collaborateur régulier à l'éditorial depuis 12 ans, et donc pigiste. Je n'avais aucune sécurité d'emploi et je le savais. J'ai cru, à tort, que l'empire serait ouvert à un débat sur l'avenir de l'imprimé et de ses quotidiens, dont le mien. Et qu'étant un «vieux meuble» de l'entreprise, dans le décor depuis la fin des années 1960, on respecterait ma liberté d'expression sur un sujet aussi vital. À leur place, j'aurais laissé passer l'incident et accueilli une discussion qui aurait sans doute été bénéfique pour Le Droit et pour l'empire. Mais ils ont fait ce qu'ils ont fait.

Le silence règne-t-il toujours dans les salles de rédaction, sur ce sujet ou d'autres?

Je n'ai jamais cru qu'un quelconque silence régnait dans les salles de rédaction. Au contraire! Le silence que je déplorais, c'était celui des travailleurs et travailleuses des salles de rédaction sur la place publique. Que des scribes et photographes engagent la discussion à l'interne, autour d'un café ou d'une bière, ne suffit pas. Si la pensée critique des salles de rédaction ne parvient pas à alimenter les débats sur l'information à l'échelle de la société tout entière, elle ne sert pas à grand-chose. Comment expliquer, après l'annonce en mai 2014, par les frères Desmarais, de la fermeture à moyen terme de la majorité des quotidiens du Québec, que cet enjeu majeur n'ait même pas été inscrit au congrès automnal de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec? Nous sommes en septembre 2015. La Presse vient d'annoncer une rupture quasi totale avec la civilisation de l'imprimé. Tendez l'oreille. Qu'entendez-vous? (...) Voilà...

« Comme si les coupes à répétition et les menaces d'éventuelles fermetures ne suffisaient pas, faudra-t-il aussi les subir dans la presse écrite sans faire trop de vagues, les considérer comme inévitables, nécessaires et se contenter de sauver quelques meubles? En sommes-nous vraiment là? Où est passée l'âme de la résistance? »

- Pierre Allard, L'âme éteinte de la résistance.

Hormis cet exemple plus haut, est-ce qu'on a déjà remis en question votre liberté d'expression dans le cadre de votre travail?

L'éditorialiste dans un quotidien de langue française a sans doute plus de marge de manœuvre que ceux et celles des journaux de langue anglaise, où les éditoriaux sont généralement publiés sans signature et représentent de manière plus rigide la position de l'entreprise. Mais nous sommes tout de même tenus à un certain devoir de réserve, et il est clair que le respect dû à la politique éditoriale du journal ne s'arrête pas aux pages du quotidien. Dénoncer une position éditoriale de son propre journal dans un blogue, par exemple, me semble bien risqué dans le contexte actuel quoiqu'en principe, je puisse concevoir que cela soit acceptable dans des situations exceptionnelles.

J'avais à plusieurs reprises, depuis les années 1980, suggéré de présenter en page éditoriale des points de vue contraires dans certains des grands débats sociaux et politiques, en invitant le public lecteur à un dialogue interactif avec l'équipe éditoriale. Par exemple, à une élection ou un référendum québécois, publier deux éditoriaux maison - un favorable au fédéralisme, l'autre à la souveraineté - en lançant un appel aux répliques du lectorat.

Cette voie étant exclue, j'avais demandé de publier sur mon blogue, en 2012 et en 2014, un texte favorable au Parti québécois. Le simple fait de le proposer à la direction du journal présupposait mon acceptation de la décision, favorable ou pas. Je n'ai pas eu la permission et j'ai rangé le texte tel que rédigé. Dans le débat sur la laïcité et la charte des valeurs, comme mes prises de position étaient connues, ayant été publiées en page éditoriale du Droit et sur mon blogue avant la présentation du projet de Bernard Drainville, j'ai pu continuer à appuyer à peu près sans nuances - et sans représailles - le projet du gouvernement Marois.

Je dois préciser qu'à l'exception du grand débat constitutionnel, où les positions sont campées, j'ai toujours joui d'une très grande liberté dans la page éditoriale du Droit. Le corridor était large. En matière de langue, par exemple, alors que la quasi-totalité des quotidiens applaudissaient le projet d'anglais intensif au primaire, en février 2011, Le Droit l'a systématiquement opposé et je dénonçais, dès le lendemain de l'annonce, le gouvernement Charest comme un «fossoyeur du français»!

D'après vous, est-ce que les journalistes sont suffisamment « engagés » ?

L'article «les» compte parmi les plus grands ennemis des journalistes... dans leurs rédactions comme dans leur appellation collective, ici comme ailleurs. «Les» journalistes, donc, ça n'existe pas. Un journaliste peut être reporter, chroniqueur, éditorialiste, metteur en page, cadre d'information, blogueur et j'en passe. La forme d'engagement permise varie selon les fonctions, selon que l'on manie l'actualité ou l'opinion, selon qu'on soit syndiqué, pigiste ou membre de la direction, dans les limites de paramètres parfois définis, souvent pas. Cela dit, il me semble que les niveaux d'engagement et de mobilisation que j'ai connus à la fin des années 1960 et au début des années 1970 n'existent plus au sein de la profession, du moins au Québec.

Est-ce que vous pensez que le journalisme est un combat, ou pour rependre une formule de Libération : est-ce que l'information est un combat?

Le terme combat implique la présence d'adversaires à vaincre, ou d'obstacles à surmonter. Alors oui, dans la mesure où des personnes, des gouvernements, des institutions (y compris les médias eux-mêmes), des lois ou des situations dressent des barrières à la cueillette, à l'analyse ou au commentaire de l'information, empêchant ainsi des journalistes et photographes d'exercer leur métier librement et correctement, le «combat» devient une composante de la tâche.

Comment va la liberté d'expression et l'accès à l'information aujourd'hui, en 2015?

Je me limiterai à dire que j'ai choisi de m'exprimer librement en mai 2014 et que cela a eu pour conséquence mon congédiement. Seule la régionale outaouaise de la FPJQ - dans les milieux journalistiques - est intervenue publiquement en ma faveur. J'en retiens ce qui suit : 1) l'exercice de ma liberté d'expression a été clairement censuré par Le Droit (que je défendais sur la place publique...) et/ou par les autorités de Power/Gesca; et 2) les collègues syndiqués (du Droit et des autres quotidiens) ont choisi de se taire pour des motifs qui m'échappent toujours.

« Comme journaliste, j'ai mal à l'âme. Dans un coin d'Amérique où l'accès à l'information et la liberté de presse ont été élevés au rang de droits constitutionnels, où des conseils de presse sont chargés de défendre cet accès et cette liberté, où des organismes professionnels et des syndicats ont tissé au prix d'âpres luttes une toile de protections pour assurer aux travailleurs et travailleuses de l'information le libre exercice de leurs professions, j'aurais espéré voir des milieux journalistiques plus combatifs devant les récents coups de boutoir technologiques, économiques et sociopolitiques. »

- Pierre Allard, L'âme éteinte de la résistance.

Est-ce que vous pensez que Gesca surveille ses journaux et ce qui s'y dit et ce qui est véhiculé? Et, est-ce que les gens au sommet de la pyramide lisent les journaux régionaux d'après vous?

Je ne connais pas le fonctionnement de l'empire Power/Gesca, et encore moins celui du tout nouveau groupe Capitales Médias de Martin Cauchon. À l'époque où j'étais rédacteur en chef du Droit (1987-1988), nous faisions partie de l'empire de Conrad Black (Hollinger) et même là, les contacts étaient fort réduits entre les cadres supérieurs du journal et le siège social du groupe. J'ai toujours eu la conviction cependant que M. Black, vu ses antécédents, suivait de près toutes ses publications. Sous Power/Gesca, comme éditorialiste pigiste, mes rapports avec la hiérarchie montréalaise étaient nuls. J'ai cependant la quasi-certitude que l'influence du siège social, à l'exception du débat sur le statut du Québec, était minime. Les différences souvent appréciables entre les positions éditoriales du Droit et celles de La Presse, du Soleil et des autres quotidiens en attestent.

Trouvez-vous que la présente campagne électorale fédérale est adéquatement couverte (enjeux de fond, équilibre de la présence médiatique, etc.) par les différents médias?

Pour répondre à cette question, il faudrait réaliser une étude exhaustive des contenus des journaux imprimés, des bulletins télé et radio, des sites Web, etc. depuis le début d'août. Peut-être une université réussira-t-elle ce tour de force. Je me contenterai de quelques impressions, qui sont loin d'être des certitudes. Les propriétaires de médias ont été traditionnellement associés au grand capital et aux deux partis qui le représentent le plus fidèlement : le Parti libéral et le Parti conservateur. Depuis l'élection de 2011, le NPD est propulsé à l'avant-plan mais reste sans doute - pour les grands patrons médiatiques - un parti associé aux syndicats, aux travailleurs et à une certaine gauche. Quel effet cela peut-il avoir sur les pages et écrans d'actualités et d'opinion? Pas sûr, mais je me pose la question.

Je continue à pester (depuis des décennies) contre l'abus des sondages sur les intentions de vote en période électorale, qui ont clairement un effet de mobilisation ou de découragement sur les acteurs politiques selon qu'ils sont favorables ou pas, ainsi qu'un effet d'entraînement sur l'électorat indécis ou «mou». Il s'agit d'une intrusion plus que regrettable dans le processus démocratique de la part des médias, ces derniers choisissant cette fois de fabriquer l'actualité au lieu de la couvrir. La principale victime, à ce chapitre, aura été le Bloc québécois, dont on ne cesse de faire l'autopsie à l'aide de sondages alors qu'il reste toujours près d'un mois à la campagne électorale... et que tout peut changer.

Une grande majorité des journaux, des radios et des chaînes de télévision (sauf Radio-Canada bien sûr) appartiennent à des groupes industriels ou financiers proches du pouvoir. Est-ce que le public peut douter que la presse puisse adéquatement incarner les valeurs d'indépendance, de pluralisme et d'objectivité qu'elle souhaite défendre?

Nous ne sommes plus à l'époque des anciens arbitraires, où toutes les pages d'un journal pouvaient porter la marque du propriétaire. Il faut tenir compte aujourd'hui de l'effet protecteur de structures syndicales, de conventions collectives, d'organismes professionnels, d'institutions comme les conseils de presse, de lois garantissant la liberté de presse et d'association; et aussi de la diversification des médias électroniques depuis le début du 20e siècle - d'abord la radio puis la télévision jusqu'à l'ère contemporaine de l'Internet et de ses multiples dérivés y compris les médias sociaux. L'univers médiatique est beaucoup plus complexe, et les auditoires de plus en plus fragmentés.

Cela dit, l'influence des grands propriétaires privés de médias se fait-elle toujours sentir? Indiscutablement. Faut-il s'en méfier? Bien sûr, une saine méfiance s'impose toujours. Mais il faut jeter un regard critique sans œillères. S'ils contrôlent toujours à distance leurs pages éditoriales, les propriétaires de médias ne couvrent pas l'actualité, ne rédigent pas les textes et les titres, ne réalisent pas les bulletins de nouvelles et les émissions d'affaires publiques. Il faut alors s'interroger également sur la culture des milieux journalistiques, sur les possibles autocensures, sur le respect des codes d'éthique, sur la compétence des artisans de l'information.

Est-ce que la question du français est un enjeu important pour vous? Et si oui pourquoi?

La langue et la culture françaises sont l'assise de notre existence collective nord-américaine. Elles nous définissent comme peuple, comme nation depuis plus de deux siècles. Leur défense a été au cœur des grands combats nationaux canadiens-français et québécois depuis l'époque des patriotes de 1837. J'ai grandi à Ottawa, comme Franco-Ontarien, et je demeure aujourd'hui à Gatineau, à la frontière culturelle du pays, à la jonction des deux solitudes. La pérennité du français est menacée au quotidien, ici, encore plus qu'à Montréal. C'est sans doute l'enjeu identitaire le plus vital, sur les deux rives de l'Outaouais.

Cela devrait d'ailleurs préoccuper les journalistes et les médias de l'ensemble du Québec, de l'Acadie et du Canada français. Il en va de leur propre survie. J'effectuais récemment une recherche sur les quotidiens de la ville de Woonsocket, au Rhode Island (États-Unis), où vivait jadis une florissante communauté canadienne-française expatriée. La moitié des journaux quotidiens de Woonsocket, depuis le 19e siècle, ont été publiés en français. L'assimilation, d'abord graduelle puis rapide, d'une forte proportion des francophones a asséché leur marché et tous sont disparus.

Ce scénario est presque à nos portes. Un nombre croissant de bilingues canadiens-français, acadiens et québécois - bilingues jusque dans leur identité - se tournent principalement vers les médias de langue anglaise. Cela signifie déjà par endroits, et signifiera à l'avenir partout ailleurs, une réduction des cotes d'écoute des stations françaises, une baisse du lectorat des journaux, magazines et livres de langue française. Dans notre contexte actuel, le bilinguisme collectif n'est qu'une étape de quelques générations vers l'unilinguisme anglais. Et primer l'anglais intensif quand le français est menacé, c'est tout simplement suicidaire.

En journalisme, y a-t-il des sujets-questions sensibles ou tabou, par exemple quel est votre opinion sur les caricatures de Mahomet publiées en France et ailleurs ?

Les tabous d'une société sont nécessairement des tabous pour les médias de cette société. Ces derniers doivent cependant, dans la mesure du possible et en exerçant leur bon jugement, accorder la priorité au devoir de bien informer le public. Si la publication des caricatures de Mahomet devient importante pour la compréhension d'actes perpétrés ou pouvant être perpétrés à cause d'elles, les médias doivent les publier sans hésitation. La liberté de presse s'exerce au Québec et au Canada dans un contexte de conventions, de lois (constitution, discours haineux, libelle diffamatoire, etc.) et de processus législatifs relativement démocratiques. Le coffre d'outils permet de faire un bon boulot. S'en sert-on?

Quels sont les principales conséquences ou changements qu'on puissent observer dans le monde médiatique entre la période pré-Internet / Internet?

Depuis les années 1990, l'Internet et ses dérivés ont viré notre monde sens dessus dessous. Notre façon de communiquer, de s'instruire, de consommer, de se divertir, de s'informer, notre existence tout entière a été bousculée par ces nouvelles technologies. Et les médias, comme l'ensemble de la société, ont vu leur univers chamboulé dans un tsunami d'avancées technologiques, martelés par une démocratisation et une concentration simultanées des sources d'information, pris à revers par l'anarchie de puissants médias sociaux, saccagés par la cupidité débridée des marchés financiers mondiaux (auxquels sont associés les proprios d'empires médiatiques), au point où aujourd'hui, même l'existence du bon vieux journal imprimé semble ébranlée.

Parfois on s'ennuie du bon vieux temps. En 1969, je travaillais avec un crayon et un calepin. Je revenais à la salle des nouvelles du Droit pour m'installer devant une vieille machine à écrire Underwood et rédiger mon texte d'une traite (en barbouillant les erreurs) sur des feuillets en trois copies - l'original pour le pupitre (mise en page), la seconde pour mes dossiers, la troisième feuille pour (je me souviens plus...). Le texte était corrigé par un autre journaliste, relu par un chef des nouvelles, puis passé au peigne fin par un correcteur d'épreuves avant d'être remis à un linotypiste de l'atelier de composition et aboutir sur une plaque pour les pressiers. Et ce journal était livré à domicile par des enfants à l'heure du souper.

En 2015 je pourrais, avec un téléphone intelligent, prendre des notes et des photos sans crayon ou calepin, et tout expédier au journal via Internet, peu importe l'heure ou l'endroit. De la salle de rédaction, texte et images passent directement à l'imprimerie ou au site Web du journal. Je pourrais afficher moi-même une nouvelle sur différentes plates-formes Internet interactives y compris Facebook et Twitter, ou encore sur un blogue personnel. En 1969, pour toute recherche avant rédaction, il fallait utiliser sur place un centre de documentation, une bibliothèque ou des archives. Aujourd'hui, tout cela est disponible sur mon téléphone intelligent, ma tablette ou mon portable. Plus des deux tiers du personnel de 1969 du Droit seraient aujourd'hui sans emploi...

Nous n'avons pas le recul suffisant pour analyser à fond l'effet de l'Internet, qui touche le public depuis un peu plus de 20 ans à peine. Je pense que pour progresser dans notre compréhension de la révolution technologique actuelle, chaque journal imprimé ou virtuel, chaque station de télévision, chaque chaîne radiophonique devrait ajouter à son personnel, en priorité, un philosophe...

Est-ce que Twitter et Facebook sont un « plus» pour la liberté de parole et l'accès à l'information pour le public ?

Sans aucun doute. Mais... il y a toujours un mais... on trouve le meilleur et le pire en cohabitation sur Facebook et Twitter. Les commentaires intelligents et pondérés comme les plus stupides vulgarités. Il faut sans doute vivre avec les secondes pour pouvoir tirer profit des premiers. En tout cas, leur puissance ne fait pas de doute. On peut renverser des régimes avec Twitter et Facebook...

Avec les commentateurs, blogueurs, chroniqueurs de tous genres qui se sont multipliés et qui rapportent des opinions, mais aussi parfois des nouvelles, est-ce que la profession de journaliste est questionnée? Face à cette nouvelle mouvance, comment le journaliste devrait-il se positionner?

En faisant bien son boulot. La crème remonte invariablement à la surface, même sur Internet.

Pourquoi avez-vous choisi d'être journaliste ?

Je n'ai pas choisi. Ce fut un pur hasard. Au printemps 1969, ayant complété ma scolarité de maîtrise en science politique à l'Université d'Ottawa, je cherchais un emploi d'été. Je marchais un matin sur la rue Rideau, à Ottawa, et je suis passé devant l'édifice du Droit. J'y suis entré, j'ai trouvé la salle des nouvelles et demandé au patron s'il avait besoin d'un rédacteur. On m'a immédiatement assis à un pupitre devant une machine à écrire, en m'instruisant d'inventer une nouvelle sur un fait divers. J'ai remis un texte plutôt sanguinaire sur un vol de banque avec fusillade et quelques minutes plus tard, je me retrouvais au bureau du directeur du personnel. Combien veux-tu par semaine, demande-t-il. 100$... On t'offre 93$ (deux ans dans l'échelle de la convention collective). Parfait. Et en moins d'une heure, sans l'avoir prévu, j'étais devenu journaliste...

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