Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Un juge emprisonne une victime d'agression sexuelle pour l'obliger à témoigner

Un juge emprisonne une victime d'agression sexuelle pour l'obliger à témoigner
Service de police d'Edmonton

La ministre de la Justice de l'Alberta s'est excusée auprès de la mère d'une victime d'agression sexuelle, qui a été emprisonnée par un tribunal qui voulait s'assurer de son témoignage durant l'audience préliminaire de son agresseur.

« J'ai été outrée et attristée d'apprendre comment cette jeune femme avait été traitée par notre système judiciaire, après avoir été victime d'un horrible crime », affirme la ministre Kathleen Ganley. « J'ai présenté mes excuses à sa mère. »

Une enquête indépendante sera aussi menée pour s'assurer que ce genre de cas ne se reproduise pas.

Elle survit à une violente attaque

La victime était une femme de 28 ans, dont l'identité est protégée par une interdiction de publication de la cour. Radio-Canada utilise le pseudonyme Angela Cardinal pour raconter son histoire.

Angela Cardinal était sans-abri et dormait dans le couloir d'un immeuble d'appartements lorsqu'elle a été attaquée, en juin 2014, par Lance Blanchard, un homme au lourd passé criminel.

Lance Blanchard l'a violemment attaquée, poignardée et agressée sexuellement. Selon les documents de la cour, Angela Cardinal a été ligotée et a subi une profonde entaille à la main en se protégeant d'un coup de couteau.

« J'ai essayé de m'échapper, mais je n'étais pas capable de m'enfuir », a témoigné la victime. « Je priais pour mourir avant qu'il ne me fasse encore plus mal. »

Angela Cardinal a finalement réussi à composer le 911 sur son téléphone cellulaire pour obtenir des secours.

Les circonstances de l'emprisonnement

Angela Cardinal s'est présentée à la cour le 5 juin 2015 pour témoigner contre son agresseur. Elle s'est endormie à plusieurs reprises durant les procédures et avait de la difficulté à répondre aux questions.

À la suite de la demande de la procureure de la Couronne, Patricia Innes, le juge Raymond Bodnarek a ordonné qu'Angela Cardinal soit enfermée dans un centre de détention provisoire. Le juge a utilisé l'article 545 (1) du Code criminel du Canada pour justifier sa décision, un article qui s'applique normalement aux personnes qui refusent de témoigner.

Angela Cardinal a supplié la cour de la libérer. Elle a été emprisonnée pendant cinq jours.

«Je suis la victime, et regardez-moi, j'ai des menottes. Il faut commettre un crime pour aller en prison!» - Angela Cardinal

Le juge a refusé sa demande, mais a promis que des précautions seraient prises pour qu'Angela Cardinal soit détenue loin de son agresseur. À plusieurs reprises, elle a été obligée de côtoyer Lance Blanchard durant le trajet du centre de détention à la cour.

Fin tragique pour Angela Cardinal

Sept mois après l'audience préliminaire, Angela Cardinal est morte, tuée par balle dans un accident impliquant une arme à feu. Un homme a plaidé coupable à une accusation d'homicide involontaire en lien avec sa mort.

Angela Cardinal ne s'était pas confiée à sa mère avant de mourir. Cette dernière a seulement appris les détails du crime et du traitement de sa fille en cour après sa mort.

« Ce n'est pas correct », dit la mère d'Angela en pleurant. « Après tout ce qu'elle a vécu, c'est tellement injuste. »

Lance Blanchard a finalement été reconnu coupable de voies de fait graves, d'agression sexuelle grave, d'enlèvement et de plusieurs autres accusations graves. La Couronne a l'intention de demander qu'il soit déclaré délinquant dangereux.

D'après les informations de Janice Johnston

INOLTRE SU HUFFPOST

9 photos troublantes qui capturent la violence des agressions sexuelles

9 photos troublantes qui capturent la violence des agressions sexuelles

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.