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Jugement de la Cour suprême: le monde municipal fait acte de contrition

Prière dans les conseils: le monde municipal revoie ses pratiques

La défaite du maire de Saguenay, Jean Tremblay, en Cour suprême du Canada freine les dévotions municipales un peu partout au Québec pendant que le gouvernement du Québec accueille l'arrêt avec prudence. Le maire Tremblay a défendu son droit de réciter une prière avant les conseils municipaux de sa Ville jusqu'en Cour suprême du Canada qui lui interdit désormais de le faire publiquement.

La ministre de la Justice du Québec, Stéphanie Vallée, a indiqué que le gouvernement allait prendre le temps d'analyser le jugement, sa portée et ses conséquences avant de le commenter. « Nous allons prendre le temps de prendre connaissance du jugement avant de commenter et d'émettre une série de suppositions », a-t-elle déclaré à sa sortie du caucus libéral. « Je pense que c'est la façon sérieuse de travailler. »

L'avocat du Mouvement laïque québécois, Luc Alarie, s'est félicité que le jugement ait été rendu à l'unanimité. « On affirme clairement le caractère de neutralité d'une institution publique », explique M. Alarie.

« Une institution publique c'est ouvert à tout le monde et ce n'est pas le lieu pour tenir des exercices de culte public. » — Luc Alarie

La députée de Québec solidaire, Françoise David, s'est également empressée de clamer sa satisfaction à l'idée qu'il n'y ait plus de prière au début des conseils municipaux, et ce, que ladite prière soit catholique ou de toute autre confession. « [Le jugement] met fin à une très longue saga et je dirais - sans trop de jeux de mots - à une sorte de croisade du maire Jean Tremblay », souligne Mme David.

Sur la scène municipale, plusieurs conseils municipaux - d'Ottawa à Dieppe en passant par Louiseville et Lévis - ont décidé de revoir leurs pratiques.

Alors que les maires de Louiseville et d'Ottawa ont simplement décidé d'éliminer la pratique, la Ville de Dieppe, au Nouveau-Brunswick, s'interroge pour sa part sur sa situation. Le maire Yvon Lapierre explique réciter un texte qui n'est pas une prière religieuse même si on y évoque Dieu. Ce mot « a une définition différente pour différente personne », précise-t-il.

Le maire Lapierre souligne n'avoir jamais reçu de plainte à ce sujet. Il précise qu'il va « revoir la pratique » à la lumière du jugement. « On va évidemment prendre le temps de scruter la décision de la Cour suprême, puis voir comment ça s'applique à nous, si ça s'applique à nous dans notre situation », poursuit M. Lapierre.

Le maire trouve que de réciter la prière est une bonne façon de « rallier les gens » en début de réunion. Mais qu'il est prêt à changer la pratique, si c'est illégal.

La laïcité de l'État

Françoise David a profité du jugement de la Cour suprême pour interpeller le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, pour le prier de légiférer sur la neutralité religieuse de l'État québécois. Elle estime que l'arrêt de la Cour suprême lui fournit l'occasion d'achever le débat sur la laïcité de l'État amorcé par le projet de la charte des valeurs. Mme David invite le premier ministre à légiférer en cette matière afin de clore le dossier.

La députée de QS pousse la réflexion plus loin en proposant d'élargir l'application du jugement aux symboles religieux. « Si l'on veut respecter le droit de conscience et de religion des gens - et la liberté de conscience ça comprend également l'athéisme - je pense qu'un crucifix au-dessus de la tête du président de l'Assemblée nationale n'a pas sa place à cet endroit compte tenu de sa signification historique. »

Ce crucifix, qui à l'époque scellait l'alliance entre l'Église catholique et l'État québécois - devrait être déplacé dans une autre pièce de l'Assemblée nationale.

Quant au principal intéressé, le maire de Saguenay, Jean Tremblay, a indiqué qu'il attendrait une journée avant de commenter le jugement.

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