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L'avenir du PLQ s'écrira à droite, et non pas au centre

Depuis le début de la course à la chefferie du Parti libéral du Québec, il n'y a pas vraiment de débats de fond entre les candidats. Les trois prétendants ne proposent rien de nouveau. Si le PLQ veut renaître de ses cendres dans le Québec francophone, il doit faire deux choses: se déplacer vers le centre droit et prôner une politique de tolérance zéro contre la corruption.
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Depuis quelques semaines, les trois principaux candidats à la chefferie du Parti libéral du Québec s'affrontent afin de succéder à Jean Charest. Les Québécois ne semblent pas être intéressés par cet exercice démocratique. Force est de constater que c'est la même chose pour les militants libéraux. Les débats entre Pierre Moreau, Philippe Couillard et Raymond Bachand n'ont pas attiré un nombre respectable de partisans libéraux.

Comment peut-on expliquer le manque d'intérêt des militants et de la population envers la course à la chefferie de ce parti centenaire? Les neuf années de pouvoir de Jean Charest ne sont pas étrangères à ce phénomène. Le régime Charest a été caractérisé par un glissement à gauche et par les soupçons de corruption qui ont entaché le parti de Robert Bourassa.

Avant les élections de 2003, le PLQ de Jean Charest a pris un virage clairement à droite sur le spectre politique québécois. Les troupes de Jean Charest promettaient de faire le ménage dans le sacro-saint modèle québécois par l'entremise de la fameuse réingénierie de l'État. Le 14 avril 2003, la population québécoise a donné un mandat majoritaire fort à Jean Charest pour qu'il puisse mettre en place sa réforme de l'État: la réduction de la taille du gouvernement. Au début du mandat, le gouvernement libéral avait clairement affirmé qu'il voulait apporter de profonds changements à la social-démocratie québécoise. Les forces du statu quo (les syndicats, groupes communautaires, les écologistes, etc.) ont manifesté leur mécontentement envers les intentions libérales de s'attaquer à leurs droits acquis. L'ancien premier ministre n'a pas eu le courage de se tenir debout contre la gauche et il a reculé.

Durant le reste de son règne, le gouvernement Charest a été un défenseur du modèle québécois. Il a gouverné au centre gauche au grand dam de l'électorat conservateur. De 2003 à 2012, le PLQ a dirigé le Québec de la même façon que le Parti québécois: au centre gauche. Pour plusieurs Québécois, le PLQ et le PQ, c'est du pareil au même. Le Parti libéral a été déserté par les électeurs de centre droit qui ne se reconnaissent pas dans le PLQ d'aujourd'hui. Cela peut en partie expliquer le déclin de l'appui francophone pour ce parti centenaire.

Durant le dernier mandat libéral (2008 à 2012), des odeurs de corruption ont empoisonné la vie du gouvernement Charest. Tout d'abord, il y a eu l'affaire Tomassi. L'ancien ministre de la Famille est accusé d'avoir utilisé une carte de crédit d'une entreprise de sécurité lors de son règne et il a dû démissionner du caucus libéral à cause de cela. Ensuite, le Vérificateur général du Québec a dénoncé dans un de ses rapports, l'attribution de places en garderie à des propriétaires de CPE qui ont généreusement financé le Parti libéral. Cet état de fait sent le favoritisme à plein nez.

Subséquemment, le refus de Jean Charest de déclencher une Commission d'enquête publique sur l'industrie de la construction a fait très mal à l'image du PLQ. Pendant deux ans, l'ancien PM a refusé de faire ce qu'une majorité de Québécois lui demandait. On avait l'impression que le gouvernement avait quelque chose à cacher. M. Charest a finalement accepté de mettre en place une telle enquête, mais le mal était déjà fait. Durant le reste de son mandat, le PLQ a été associé à la corruption et au favoritisme et cela a contribué à sa défaire le 4 septembre 2012.

Depuis le début de la course, il n'y a pas vraiment de débats de fond entre les candidats. Ceux-ci ne proposent rien de nouveau. Si le Parti libéral du Québec veut renaître de ses cendres dans le Québec francophone, il doit faire deux choses: se déplacer vers le centre droit et prôner une politique de tolérance zéro contre la corruption.

Premièrement, le Parti libéral du Québec doit arrêter de prôner des politiques progressistes comme son adversaire péquiste. Il doit se démarquer du PQ et proposer des idées plus conservatrices et réformatrices afin d'aller chercher l'appui des francophones qui ont jadis appuyé l'ADQ de Mario Dumont. Les libéraux provinciaux doivent séduire l'électorat conservateur afin d'élargir sa cliente électorale. Donc, un virage vers le centre droit est nécessaire pour permettre au PLQ de redevenir compétitif dans l'électorat francophone.

Deuxièmement, le parti naturel de gouvernement doit préconiser une politique de tolérance zéro envers la corruption afin de casser cette image de parti corrompu qui lui colle à la peau depuis plusieurs années.

Sur le plan de l'éthique, les trois aspirants veulent tous combattre la corruption et permettre à leur parti de se refaire une virginité en la matière. Sur le plan idéologique, cela va être plus compliqué. Les trois aspirants-chefs se situent au centre gauche du spectre politique. Le virage vers le centre droit semble être très improbable, mais cela est essentiel pour la survie du parti dans le vote francophone.

Je crois que la présence d'un conservateur dans la course (Adrien Pouliot) aurait permis au PLQ de faire un vrai débat gauche-droite. Mais, cela ne se produira pas et ce n'est pas une bonne nouvelle pour l'avenir du grand Parti libéral du Québec.

Débat en anglais du PLQ

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