Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

La fierté d'un peuple

Le CH, c'est un pan de notre Histoire, avec un énorme «H».
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Nous sommes en plein mois de mai, la chaleur gagne finalement la province, les cœurs et les sourires, et finalement, c'est pas mal certain qu'il ne neigera plus avant l'automne prochain. Alors, quoi de mieux que de parler...de hockey!!

Si jamais vous vous étiez cachés sous une (fantastiquement énorme) roche ce printemps, on va vous le dire : le Canadien est en mission. Les experts (!) ne donnaient pas cher de sa peau dans ces séries 2013-2014, et ce malgré une excellente fin de saison. Mais voilà, exit le Lightning de Tampa en première ronde, en quatre petites parties en plus! Ça commençait déjà à sentir la folie dans les rues de la métropole québécoise. Les chandails, ornements divers et autres drapeaux de « chars » sont ressortis des boules à mites, et la bière a coulé à flots.

Et qui ne se pointe pas en deuxième ronde? L'ennemi public numéro 2 (on va quand même se le dire, on aime moins Toronto que Boston!!) et sa panoplie de joueurs qu'on se plaît à haïr (Milan « cheap-shotter » Lucic, Brad « f****ing squirrel » Marchand et Zdeno « The Monster » Chara). Encore une fois, la planète hockey l'a dit : le CH ne gagnera pas. Ils sont trop petits, trop gentils, pas assez violents, pas assez bons...Et bien, beaucoup de gens doivent manger leurs bas aujourd'hui! Parce que sept matchs d'une prodigieuse intensité plus tard, les Bruins s'en vont jouer au golf, et le Canadien poursuit sa mission contre les Rangers. Est-ce que ça sent la Coupe? Fouillez-moi. Mais mettons que ça augure bien en ta...

Si je vous parle de hockey aujourd'hui, c'est bien sûr parce qu'ils ont gagné. Mais c'est aussi à la suite d'une discussion avec une collègue, qui affirmait que c'était dommage, toute cette « mobilisation » autour du Canadien de Montréal, une entreprise privée qui fait des millions et des millions de profits, dont les joueurs sont tous millionnaires, et qui quelque part détourne les gens des vrais problèmes qui deviennent légions au Québec. Rien à redire là-dessus, tout ça, c'est vrai.

Là où on n'est pas d'accord, c'est que le Canadien, ce n'est pas important. Le CH, c'est un pan de notre Histoire, avec un énorme « H ». Nous avons été le principal moteur de développement de ce sport depuis ses tout débuts ; les plus grandes vedettes, d'Howie Morentz à Maurice « Rocket » Richard, du « Pocket Rocket » à Jean Béliveau et Guy Lafleur, ont joué pour le Canadien. C'est l'équipe la plus titrée du sport professionnel, avec 24 Coupes Stanley. Tous les termes rattachés au CH ont une connotation historico-religieuse : la Sainte-Flanelle, les Habitants, le Bleu blanc rouge, les Glorieux, etc. Nous comptons même plus de fantômes (des ex du Forum et des nouveaux qui ne manqueront pas de se manifester) que n'importe quelle autre équipe de la LNH!!

Mais surtout, à travers les années, cette équipe, malgré la présence sporadique des Nordiques de Québec, ç'a été la fierté d'un peuple qui en a bavé, qui a tiré le diable par la queue dans de longs moments de son histoire, et qui n'a pas souvent reçu le respect qu'il méritait grâce à son dur labeur, grâce à son côté chaleureux, mais surtout, grâce à cette incroyable résilience qui fait de nous un village d'Astérix dans une Amérique du Nord majoritairement anglo-saxonne.

Ce respect, malgré d'innombrables faux pas, malgré la mainmise des élites anglophones sur le Club pendant de longues décennies, on l'a gagné dans le hockey. Et pourquoi? Parce que les vedettes du CH, c'était des p'tits gars de chez nous, qui se faisaient traiter de fucking frogs et utilisaient ça pour se motiver! Et même si tout ça a beaucoup changé, durant toute la série contre les Bruins, les joueurs du CH ont été insultés, cheap-shottés, critiqués, catégorisés comme des pleutres par les fans de Boston. Combien de chandails du CH pouvait-on apercevoir dans les rues de Boston durant la série? Je vous laisse deviner. Tandis qu'à Montréal, même dans ce bastion francophone qu'est Hochelaga-Maisonneuve, les ornements à l'effigie des Oursons étaient très présents. Mais répétons-le encore, pour être sûr que le message a passé : Avez-vous mangé vos bas, admirateurs québécois des Bruins? Sinon, il vous reste quelque chose à faire...

On a lâché la religion catholique dans les années 60. Depuis, la religion du Québec, c'est le Canadien. La province retient son souffle quand les gars sont sur la glace. In Jesus Price We Trust.Oui, c'est vrai, il n'y a pas beaucoup de francophones dans cette équipe, quoi que l'état-major a bien changé depuis l'arrivée de Marc Bergevin ; oui, les gars font plus en une année que le Québécois moyen dans une vie, ce qui est assez aberrant, mais qu'il faut analyser en termes économiques, parce qu'ils font engendrer à leurs patrons des revenus faramineux ; oui, ça serait extrêmement motivant que la population se soulève autant pour des causes sociales, environnementales, sur des débats de société et de direction, que lorsque nos Glorieux remportent une série 4 de 7 ; oui, il y a des tonnes de trucs plus importants que le hockey dans la vie. Mais voir Pacioretty se relever et revenir au sommet après que Chara l'eut presque tué sur la glace il y a quelques années et un Halak voler 2 séries, c'est magique. Et que dire de P. K. Subban, qui après s'être fait traiter de tous les noms, informe les partisans des Bruins : « I can't wait for the crowd, the noise (...) I can't wait to take that all away from them. » Si ce n'est pas de l'étoffe dont sont faits les Leaders, je veux bien me faire moine. Notre prochain capitaine sera complètement Noir, et ce sera bien fait pour la gueule de tous ces racistes...

« Allez-y les Habitants, quand vous la mettez d'dans, y'a un p'tit peu de nous autres là-dedans », scandent le trio Loco Locass dans la célèbre chanson Le but. Ça pourrait difficilement être plus vrai. Derrière ce chandail, ce logo porté même dans des déserts, des plaines torrides et des jungles, il y a toutes les aspirations et les frustrations d'un peuple qui se cherche sans jamais s'être vraiment trouvé, qui s'oublie tous les jours sans jamais complètement s'écraser...

Habs en 7. On va se la peler, la Grosse Pomme!

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Les partisans célèbrent la victoire du Canadien contre les Bruins (14 mai 2014)

Retrouvez les articles du HuffPost sur notre page Facebook.
Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.