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La Francophonie mérite mieux, avec Michaëlle Jean

Si Michaëlle Jean est élue secrétaire général de l'OIF, elle sera assurément un atout indéniable et fera rayonner cette organisation à travers le monde.
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Il y a un principe sacro-saint de la liberté d'expression qui veut que toute personne ait le droit d'exprimer son opinion même lorsqu'on n'est pas d'accord avec lui et tant qu'elle ne tombe pas dans la diffamation et les attaques personnelles.

Le 11 juillet dernier, j'ai lu attentivement un article sur ledevoir.com, rédigé par Christian Rioux, qui parlait de la candidature de Michaëlle Jean à l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF). L'auteur conclut en ces termes : « la Francophonie mérite mieux. Il est encore temps d'agir ».

Comme observateur attentif de cette organisation (OIF), il m'a paru important d'apporter un complément d'information pour éclairer la lanterne de lecteurs sur certaines affirmations ambiguës qui risquent de susciter la confusion dans la tête de nombreuses personnes.

Loin de moi l'idée de porter un jugement de valeur sur les intentions de l'auteur de cet article, j'ai néanmoins éprouvé un besoin pressant de clarifier certains propos qui, à mon avis, ont été dits, soit par mauvaise foi, soit dans l'intention simplement de nuire.

Avant toute chose, il importe de rappeler, si besoin en était encore, que l'OIF est composée de 57 États et gouvernements membres et de 20 observateurs. Le Canada - deuxième bailleur de fonds de l'OIF, tout juste après la France - a, comme tous les autres membres, les mêmes droits et devoirs envers cette organisation. Les francophones du Canada également ont les mêmes droits, comme tous les autres francophones de cinq continents, de briguer un poste dans cette organisation.

Lorsque M. Rioux affirme, pince-sans-rire, que :

« les proches de Michaëlle Jean seraient bien embêtés de nommer une seule de ses réalisations. Madame Jean n'a jamais parrainé un seul projet de loi, n'a pas fait appliquer une seule directive, on ne lui doit pas une seule nomination à un poste important et elle n'a jamais été élue nulle part. Même dans l'ombre, elle n'a jamais influencé aucun ministre ni conclu une seule négociation importante. Son influence sur la politique canadienne approche du zéro absolu... »

Cela dénote de la méconnaissance de la loi fondamentale en vigueur dans son pays. Le moins que l'on puisse dire est qu'il aurait fallu lire la constitution du Canada avant de faire de telles affirmations.

En effet, jusqu'à preuve du contraire, le Canada est une monarchie constitutionnelle où les fonctions de chef de l'État et de chef du gouvernement sont strictement distinctes. Le gouverneur général du Canada est le commandant en chef du Canada. À ce titre, il exerce son mandat conformément aux pouvoirs qui lui sont conférés par la Constitution du pays. Il assermente le premier ministre, les ministres et le juge en chef du Canada.

Le gouverneur général est apolitique et non partisan. Il n'a pas besoin de parrainer une loi, mais c'est lui qui accorde la sanction royale de toutes les lois votées par le Parlement. Une personne d'une intégrité irréprochable et respectueuse de lois du pays ne peut pas se mettre à faire le trafic d'influence, alors qu'il y a des règles et procédures spécifiques bien établies pour toutes nominations importantes.

Penser que « les étrangers peuvent difficilement se représenter ce qu'est en réalité un gouverneur général puisque cette vieille fonction coloniale est à peu près inexistante ailleurs dans le monde », c'est prendre les gens pour les illettrés qui ne savent pas qu'il y a différents régimes politiques au monde.

En fait, la raison majeure pour laquelle M. Rioux s'en prend à Mme Jean, c'est ce qu'il appelle « ses virages à 180 degrés ». Tout le reste n'est que de l'échappatoire.

À mon avis, lorsqu'on analyse les questions internationales, il est indispensable d'avoir un filtre permettant de faire la part des choses entre les intérêts nationaux et nos chicanes internes. Mises à part les colorations politiques, une chose est vraie, l'élection de Mme Jean va beaucoup plus profiter au Québec, sur tous les plans.

Quand M. Rioux dit : « Comment imaginer de plus qu'une organisation composée de 30 pays africains et d'une majorité de pays du Sud fiers de leur indépendance se donne comme secrétaire général un personnage dont la seule fonction importante a consisté à perpétuer un symbole colonial? », il feigne d'oublier les origines africaines de Mme Jean. Originaire d'Haïti, comme nous l'avions écrit dernièrement, ce pays, bien que situé dans le continent d'Amérique, est bel et bien membre à part entière de l'Union africaine. Donc sa candidature est aussi africaine.

En effet, comme l'a bien dit Jocelyn Coulon : « Les chances de Michaëlle Jean sont réelles, mais rien n'est encore joué ». Il y a certes, trois candidats issus d'Afrique dans la course pour la succession à Abdou Diouf, mais le choix du nouveau secrétaire général ne doit pas être vu comme une compétition entre l'Afrique et d'autres continents. Si nous voyons les choses de cette façon-là, nous sommes en train de desservir inconsciemment l'OIF, sans le vouloir.

En jetant un coup d'œil sur la Charte de la Francophonie - support juridique de l'ensemble du cadre institutionnel francophone -, on peut comprendre facilement la fonction d'un secrétaire général, ses responsabilités et le mode de sa désignation.

L'OIF recherche une personnalité à même de relever les défis importants qui préoccupent les États membres, à savoir le développement économique et social qui va créer la richesse, procurer des emplois, notamment aux jeunes et aux femmes francophones et améliorer leurs conditions de vie; en même temps qu'il va permettre aux États de procurer une éducation de qualité et les soins de santé appropriés à leurs populations, de construire des infrastructures de base, bref d'aider à réaliser les droits économiques, sociaux et culturels des individus.

Il n'a jamais été question de faire un front commun de l'Afrique contre la candidature de Mme Jean. Et, il n'y en aura pas. Le Thème du XVe sommet est clair et en dit long : « Femmes et jeunes en Francophonie : vecteurs de paix, acteurs de développement ». Le sommet de Dakar est en faveur de la candidature féminine.

Effectivement la Francophonie mérite mieux avec Michaëlle Jean. De tous les candidats en lice, elle est un choix judicieux, à plusieurs égards. Si elle est élue secrétaire général de l'OIF, elle sera assurément un atout indéniable et fera rayonner cette organisation à travers le monde.

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