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La gestion de l'offre coûte une «beurrée» aux plus pauvres, dénonce l'IEDM

La gestion de l'offre coûte une «beurrée» aux plus pauvres, dénonce l'IEDM
Jamie Grill Photography

OTTAWA – Le système de la gestion de l’offre fait gonfler les prix des aliments et ce sont les plus pauvres qui écopent, selon une nouvelle étude de l’Institut économique de Montréal (IEDM).

Les coauteurs Vincent Geloso et Alexandre Moreau ont calculé que près de 190 000 Canadiens se situaient en dessous du seuil de pauvreté en raison de la différence de coût qu’entraîne la gestion de l’offre au pays.

Les ménages canadiens les plus pauvres ont payé en moyenne 339$ de plus par année que les Américains pour leurs produits laitiers et leur volaille, ce qui représente 2,29% de leur revenu annuel.

En comparaison, les ménages plus riches ont payé 554$ de plus, soit environ 0,47% de ce qu’ils gagnent en une année.

« 339$ par année, par famille… c’est une beurrée de cash! C’est considérable d’enlever ça à quelqu’un qui essaie de sortir de la pauvreté », dénonce Geloso, doctorant en histoire de l’économie, en entrevue.

La gestion de l’offre est un système de quotas mis en place dans les années 1970 qui régit la production de lait, d’œufs et de volaille au Canada. Ce mécanisme permet aux producteurs de bénéficier d’un revenu stable et de négocier collectivement les prix sur le marché.

Des voix s’élèvent contre la GO

Plusieurs détracteurs sont d’avis qu’il est temps de libéraliser le marché – à l’instar de tous les autres pays – afin de permettre une baisse de prix, plus de compétition et plus d’innovation chez les producteurs.

Le candidat à la direction du Parti conservateur du Canada, Maxime Bernier, a d’ailleurs causé la surprise lorsqu’il a admis qu’il ne croyait pas en ce système qui régit surtout les producteurs au Québec et en Ontario, après avoir martelé le contraire pendant son temps passé au gouvernement.

L’ancien ministre conservateur Joe Oliver, qui est devenu fellow senior à l’IEDM, a lui aussi remis en question les quotas de l’industrie qui pénalisent les Canadiens qui ont de la misère à joindre les deux bouts.

Geloso est convaincu, à la lumière de sa nouvelle étude, que la gestion de l’offre est un « exemple de politique publique qui pousse les gens vers la pauvreté pour le bénéfice d’une petite minorité ».

« 13 500 fermes, c’est un huitième des fermes. Pour le bénéfice de 13 500 fermes, on impose tous ces coûts-là aux Canadiens. C’est considérable! C’est d’un ridicule consommé, cette politique-là », s’insurge le chercheur.

Depuis 2000, le Brésil et les États-Unis se sont accaparés la montée fulgurante de la demande mondiale de volaille et de produits laitiers parce que le Canada n’était pas compétitif, dit-il.

« Le résultat, c’est que les agriculteurs canadiens se sont privés de plusieurs dizaines de milliards de dollars en revenus d’exportation à cause de la gestion de l’offre. Alors pour eux aussi, il y a un coût », maintient Geloso.

Une réforme à venir?

Les producteurs laitiers disent perdre des milliers de dollars par année en raison du lait diafiltré – un liquide protéiné en provenance des États-Unis utilisé par certains transformateurs d’ici dans la production de fromages et autres produits laitiers.

Mais le gouvernement Trudeau tarde à mettre en place des mesures compensatoires pour les producteurs qui seront touchés par les traités de libre-échange à venir ou affectés par l’importation de lait diafiltré.

Alors que le prix du lait industriel augmentera dès le 1er septembre, Geloso suggère d’instaurer des réformes aussi rapidement que possible, mais avec des compensations monétaires pour assurer une bonne transition.

« Il faut trouver une manière de compenser, que ce soit par une taxe transitoire, un congé d’impôts, un rachat des permis, une renégociation. Il y a des options sur la table qui sont avancées par plusieurs personnes pour régler le problème. »

Il croit que les consommateurs canadiens, surtout les plus pauvres, seraient favorisés par l’abolition de la gestion de l’offre.

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