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La magie des mots des Temps des fêtes

Le lendemain de la parution de, Marc, le gérant du café de la rue Notre-Dame, tout retourné, m'appelle. «Je ne sais pas ce que tu as raconté dans le journal, mais le café, ce matin, ressemble au quartier général du gouvernement provincial et fédéral.»
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À la suite du billet de blogue 24 décembre paru le 29 décembre, j'ai reçu beaucoup de messages alarmants, alors, je voudrais juste rassurer tout le monde et les remercier de leur attention.

Qui a dit que nos responsables politiques étaient insensibles à la souffrance de leurs concitoyens? Qui a dit qu'ils sont placides et impassibles à l'annonce de quelque malheur? Qu'ils manquent grossièrement de sentiments, de compassion, qu'ils sont froids et calculateurs, sans scrupules et sans aucun esprit d'entraide? Qu'ils sont avides de pouvoir, qu'ils ne sont ni honnêtes, ni courageux, ni sincères, ni authentiques?

Qui a dit qu'ils ne sont ni attentifs, ni inventifs? Qu'ils sont prolixes et versatiles par excellence, qu'ils sont indécis, imprévisibles, instables, irrésolus, pingres, évasifs, hypocrites, larmoyants et lamentables? Qu'ils sont fantasques et faussement émotifs et idéalistes, aucunement intuitifs et rarement serviables?

Jugez par vous-même! Le lendemain de la parution de l'histoire de Jacques dans le HuffingtonPost, Marc, le gérant du café de la rue Notre-Dame, tout retourné, m'appelle. Il me dit, fébrile et nerveux, qu'il fallait passer au café au plus sacrant. «Je ne sais pas ce que tu as raconté dans le journal, mais le café, ce matin, ressemble au quartier général du gouvernement provincial et fédéral.» Le café était pris d'assaut par toutes sortes de gens, des politiques, des députés, des chefs de partis, des policiers civils et des gendarmes et des membres des services de renseignement, à la recherche de Jacques.

Je vais sur le site de La presse, et je comprends tout de suite le branle-bas dans le café. À la une, cette injonction qui résume à elle seule la mobilisation du gouvernement. «Il faut sauver le documentariste Jacques!» Et le bulletin de Radio-Canada s'ouvrait sur «nos artistes s'enfoncent dans la misère, alors que le premier ministre se pavane à Cancún». On pouvait lire dans La Gazette, un organe conservateur, cette appréciation assassine: «Charité bien ordonnée commence par quoi monsieur Trudeau?»

L'Étincelle, un quotidien qui se dit indépendant titrait, après tout le tapage de l'affaire des disparitions, sur sa une : «Austérité meurtrière». Le chroniqueur culturel de L'Actualité revendique l'ouverture immédiate d'une enquête sur cette austérité génocidaire, ajoutant que «les gouvernants ne semblent pas vivre sur la même planète que les gouvernés. C'est une politique monstrueuse que celle de Couillard, elle fauche dans le silence nos meilleurs artistes», commente l'éditorialiste du journal Le Devoir.

Qui a dit que nos politiques sont opportunistes, élastiques, nébuleux et ténébreux, sans tact ni clarté, qu'ils ne se montrent dociles et obéissants, malléables et accessibles, loyaux et reconnaissants qu'à la corporation? Qui a dit que leur posture n'est jamais verticale ni droite, toujours en courbes disgracieuses et incongrues? Qui a dit qu'ils sont pédants, étouffants, suffisants et condescendants, une fois qu'ils ont atteint leurs objectifs?

Marc disait que c'était un véritable ballet politique et de très haut niveau. Les premières personnalités qui sont arrivées dès l'ouverture du café, c'étaient les députés de la circonscription, le fédéral Marc Miller et la provinciale Dominique Anglade. Ils ont laissé, tous deux, des paquets à remettre à Jacques.

Philippe Couillard, le premier ministre du Québec a envoyé son attaché culturel pour s'enquérir de l'état de Jacques et pour livrer un message de sympathie, accompagné d'un chèque de 50$ en guise de solidarité avec le meilleur documentariste de la Province.

Les parlementaires, réunis en session extraordinaire, renoncèrent à l'augmentation de leurs salaires et décidèrent de créer un fonds de secours pour venir en aide aux artistes en détresse. Ils ont voté ensuite et à l'unanimité la loi T911. Désormais, les compagnies de téléphones ne couperont plus le service à leurs clients entre le 15 décembre et le 5 janvier.

Le ministre de l'Emploi, lui, a envoyé une limousine invitant Jacques à passer chez lui pour fêter ensemble l'avant-dernière journée de l'année, de la dinde et du champagne au menu, précisait-il.

Le premier ministre du Canada ayant eu vent de l'histoire de Jacques essaya de l'appeler en personne, mais comme le téléphone de Jacques était coupé, il lui a envoyé un message à travers le journal, le priant de se manifester et d'indiquer son adresse, parce qu'il voulait l'inviter lui aussi à réveillonner dans la capitale du plus beau pays du monde.

Se sentant distancés par les partis au pouvoir, les chefs de l'opposition au provincial et au fédéral se précipitèrent eux aussi. Le café était bondé, je n'ai jamais vu autant de personnalités réunies en un seul endroit, me rapportait Marc.

L'information reprise par les grandes chaines de télévision jeta, en plus de la perplexité, le désarroi parmi les futurs immigrants et réfugiés.

Les réfugiés syriens par la bouche de leur porte-parole, décidèrent en plein vol de faire demi-tour. Nous n'allons pas nous installer dans ce pays pour devenir des mendiants et crever de froid. Ils rebroussèrent chemin et demandèrent l'asile à l'Allemagne et à la Finlande, des pays qui appliquent le RBI. Ils assurent un revenu de dignité à leurs citoyens, un salaire de base inconditionnel et universel et sans contrepartie.

Des esprits tordus disent que cette mobilisation n'a qu'un seul but, c'est de récupérer les documents compromettants que Jacques avait en sa possession.

Qui a dit que les politiques ne font que berner leurs électeurs, qu'ils sont des mystificateurs en puissance? Qui a dit qu'ils sont suspicieux, laborieux, sournois, pernicieux, prétentieux, inconstants, importuns, obséquieux, serviles, présomptueux, doubles, plaintifs et superficiels, ne possédant pas le moindre sens du service altruiste?

Aux dernières nouvelles, on raconte que Jacques s'était réfugié dans les locaux du consulat russe.

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Mai 2017

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