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La semaine des élites déconnectées

Après cette «semaine des élites déconnectées», on se demande ce qu'on peut faire entre les élections pour sanctionner nos élus.
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La semaine dernière a été particulièrement riche en rebondissements. Devant un tel bombardement de manifestations de mauvais jugement de nos élites politiques et économiques, je l'ai surnommée «la semaine des élites déconnectées».

Bombardier

La rémunération des six hauts dirigeants de Bombardier a bondi de près de 50% en 2016. Le plus consternant, c'est que les contribuables québécois ont injecté 1 milliard $US dans la CSeries en 2015.

Pour le premier ministre Philippe Couillard, le dossier est clos. L'attitude du gouvernement Couillard dans cette affaire est déplorable. Alors qu'il aurait pu tenter de faire quelque chose, il s'est agenouillé devant Bombardier, acceptant sans broncher le «compromis » de Bombardier de reporter d'une année la moitié des hausses prévues pour 2016.

Il y a quelque chose de profondément malsain dans cette histoire. On envoie comme message que le Québec est une terre d'accueil idéale pour les grandes entreprises qui veulent mener leur compagnie au bord de la faillite, quêter des subventions publiques pour survivre et se sauver sans risque de représailles avec une cagnotte constituée d'augmentations indécentes de salaire payées par les contribuables.

Hydro-Québec

La semaine dernière, la CAQ révélait qu'Hydro-Québec a facturé 1,4 milliard de dollars en trop aux contribuables depuis 2008. Si certains tentent de diminuer la portée de cette surfacturation en la calculant sur une base individuelle annuelle, il n'en demeure pas moins que la situation pose des questionnements légitimes quant à la politisation d'Hydro-Québec et aux façons détournées d'en soutirer toujours plus aux contribuables.

Le gouvernement faisait délibérément le choix de percevoir des revenus supplémentaires dans les poches des citoyens pour gonfler la cagnotte de l'État.

Le gouvernement a avoué que l'argent a servi à verser plus de dividendes au trésor québécois, ce qui a permis de revenir plus rapidement à l'équilibre budgétaire. Autrement dit, le gouvernement faisait délibérément le choix de percevoir des revenus supplémentaires dans les poches des citoyens pour gonfler la cagnotte de l'État. Ça ressemble drôlement à une taxe déguisée.

Le gouvernement a été clair: les sommes ne seront pas remboursées. Dommage. On vient de vous priver d'une somme de 350$... qui vous a été enlevée à votre insu.

Denis Coderre

À travers cette semaine des élites déconnectées, le maire de Montréal nous a servi un beau divertissement.

Il a d'abord nié avoir reçu un chèque de 25 000$ de la part de l'homme d'affaires Jean Rizutto en 2012, alors qu'il était député fédéral. Par la suite, le maire Coderre a finalement avoué avoir encaissé cette somme, invoquant des problèmes de prostate qui lui auraient causé des trous de mémoire!

Cette somme aurait servi à payer ses frais d'avocat pour la saga judiciaire l'opposant au hockeyeur Shane Doan. Si Denis Coderre était encore député fédéral, il ferait l'objet d'une enquête de la part de la commissaire fédérale aux conflits d'intérêts et à l'éthique. Pourquoi n'a-t-il jamais déclaré la somme à l'origine? Pourquoi a-t-il menti lorsqu'il a été interrogé la première fois à ce sujet?

Le maire de Montréal, qui voguait jusqu'ici sur des eaux relativement calmes, a maintenant une prise contre lui.

Et si on pouvait révoquer le mandat de nos élus?

Après cette «semaine des élites déconnectées», on se demande ce qu'on peut faire entre les élections pour sanctionner nos élus. Pourrait-on les «déconnecter» pour de vrai de la «prise du pouvoir»? Qui sait, peut-être qu'une réflexion pourrait être amorcée à cet égard.

En Colombie-Britannique, aux États-Unis, au Vénézuéla, il existe des procédures (élections, référendums, etc.) pour mettre fin au mandat d'un représentant avant son terme. D'ailleurs, Arnold Schwarzenegger a pu devenir gouverneur de la Californie en 2003 en succédant à Gray Davis, qui avait été destitué par les électeurs. Bien entendu, ces procédures doivent être encadrées convenablement.

Si une telle procédure avait existé au Québec la semaine dernière, parions que devant la crise de Bombardier (qui a créé un consensus sans précédent dans la société québécoise), le premier ministre aurait eu davantage de mordant à l'endroit des dirigeants de l'entreprise.

Il y a une gronde latente dans la population. Et cette gronde, ce cynisme, proviennent en bonne partie du fait que nous avons l'impression que les dirigeants se croient tout permis et sont complètement déconnectés de leurs commettants. Un tel outil pourrait contribuer à rééquilibrer les rapports de force entre les citoyens et leurs élus. Le débat est lancé!

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