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La vieillesse: une nouvelle génération

L'image d'une vieillesse plus heureuse, plus active et plus fière peut changer la perception misérabiliste.
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Une nouvelle génération est née : la vieillesse. Elle débute à 65 ans et elle se prolonge de plus de vingt ans et même plus pour nombreux d'entre nous comme mère qui est décédée à 96 ans. La longévité augmentée en est la cause. Il n'y a pas si longtemps, elle commençait à 65 ans pour une durée d'environ cinq à sept ans. Aujourd'hui, nous vivons de nombreuses années que nos parents et nos ancêtres n'ont pas vécues. Aujourd'hui, nous pouvons faire des projets de vie, car une bonne santé et une autonomie le permettent à la majorité des ainés. Bien sûr, il y a les balafrés de la vie. Une minorité qui mérite les meilleurs soins et la meilleure attention de la société. On les retrouve surtout aux extrémités de la vie. Les vieux, tout comme chez les enfants. Entre 10 et 15 % des vieux.

Ce sont particulièrement ces cas lourds qui font la manchette dans les médias. La maltraitance dans les CHSLD, les abus, les cas d'Alzheimer, la démence, la confusion, les soins palliatifs. La perception de la vieillesse est négative. Elle ne parait que comme l'antichambre de la mort. On ne rêve pas de devenir un vieux radoteux qui ne vit que dans le passé et à ne soigner que ses bobos.

La mauvaise perception des vieux est véhiculée par beaucoup de vieux, qui continuent à importer dans la vieillesse l'impression qu'ils ont fomentée dans leurs plus jeunes années. Ils sont nombreux à décrier et nier leur vieillissement, à considérer les rides comme une abomination, à vouloir modifier leur apparence pour répondre aux critères de leurs jeunes années, à se classifier comme jeunes ou avec un cœur jeune alors qu'ils sont vieux. De nombreux ainés perpétuent eux-mêmes l'image négative de la vieillesse.

Bien sûr, la force du corps diminue d'intensité. Les cheveux blancs sont moins denses. Le cou raidi. La douleur arthritique est plus persistante. Les mouvements sont plus lents. Tous des malaises qui affectent aussi toutes les générations, mais surtout la nôtre. On s'y fait.

Les vieux sont cependant la première cible que nous devons convaincre des joies et des beautés de la vieillesse pour modifier leur perception. 65 ans, 75 ans, ce n'est plus le terminus, ce n'est pas une date de préemption, ce n'est pas une tare, c'est une nouvelle génération de notre société qui se déroule. Une nouvelle génération qui se découvre et qui s'invente.

La majorité est active avec plein de projets et d'occupations de travail et de loisirs.

La réalité est tout à fait différente de la perception. La majorité est active avec plein de projets et d'occupations de travail et de loisirs. Les appartements et résidences pour personnes âgées se multiplient sans cesse. Les agences de voyages croissent avec cette clientèle. Les restaurants se remplissent dès 17 heures de cheveux blancs. Ils constituent aussi le bassin principal du bénévolat. Ils sont nombreux à occuper un travail qui leur plait ou à aborder une nouvelle carrière. L'économie des cheveux blancs !

Le cerveau puise dans un bassin d'expérience de toute une vie un seau de savoir qui se déverse sur la plate-bande fleurie de la vieillesse. Jamais je n'aurais pensé écrire une telle phrase. L'Histoire ne s'apprend plus toujours dans les livres parce qu'on l'a souvent vécue. Il faut beaucoup d'années pour accumuler autant de souvenirs.

Nous devons stimuler la fierté des ainés, ne serait-ce que par une campagne de promotion, de marketing dont nous sommes passés maitres. Sans la valorisation des ainés envers eux-mêmes, toute campagne est vouée à l'inutilité. La place que les vieux réclament dans la société est une revendication qui doit venir d'eux. Les vieux heureux n'occuperont pas les bulletins de nouvelles, car les malheurs sont le pain des médias. Les ainés doivent solliciter les tribunes, prendre la place qui leur revient dans les débats et transmettre le savoir comme les guides de la société. L'image d'une vieillesse plus heureuse, plus active et plus fière peut changer un peu la perception misérabiliste.

La société regorge d'organismes qui vouent leurs actions à s'occuper des éclopés. Les vieux en profitent même si les moyens sont souvent déficients. Mais envisager quelques services structurés qui feraient la promotion positive des ainés, qui stimuleraient la fierté d'être vieux auprès des séniors et, aussi, face au grand public, serait certes un projet. Surtout devant la venue des baby-boomers qui, déjà, ont commencé à grossir les rangs de la cohorte !

Savoir dire merci aux ainés pour leur contribution à l'édification de la société dans laquelle on vit maintenant. Savoir dire merci aux ainés pour leur apport actuel par l'économie des cheveux blancs, par le soutien significatif du bénévolat et par la transmission de leur savoir, ne contribue qu'à modifier favorablement la perception dont il est question.

Tout ceci dans le but de tronquer le sentiment que les vieux ont profité d'une période glorieuse en ne laissant que des miettes et qu'ils sont un fardeau pour la génération qui suit. Alors que cette même génération profite amplement de l'héritage laissé par les ainés et que la nouvelle génération longue et active supporte l'économie du pays.

Lisez d'autres textes de Claude Bérubé en visitant son blogue Leptitvieux.com

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