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Ce lac du Groenland s'est «vidé» en quelques heures sous les yeux des scientifiques

L'équipe a pu observer avec stupeur le drainage spectaculaire de plusieurs millions de litres d'eau, réduisant le lac au tiers de sa surface.
Une image du lac avant-après. Selon une étude du PNAS, de gigantesques fractures dans la calotte glaciaire formeraient des "moulins" à eau drainant plusieurs centaines de milliers de litres d'eau par seconde.
capture d'écran PNAS
Une image du lac avant-après. Selon une étude du PNAS, de gigantesques fractures dans la calotte glaciaire formeraient des "moulins" à eau drainant plusieurs centaines de milliers de litres d'eau par seconde.

Il n’aura fallu que cinq heures à ce lac de la banquise du Groenland pour que les deux tiers de sa masse disparaissent. Un phénomène directement lié au réchauffement climatique qu’ont pu également observé Mike Horn et Borge Ousland lors de leur récente expédition périlleuse au pôle Nord.

Cependant, comment expliquer la disparition d’environ 5 millions de litres d’eau en seulement quelques minutes? Dans cette étude publiée sur le site de la PNAS (Proceedings of the National Academy of Science) ce lundi 2 décembre, des scientifiques américains ont fait le bilan de centaines d’images capturées le 7 juillet 2018 à l’aide d’un drone afin d’éclaircir le processus opéré lorsque le lac se vide.

Dans cette étude, la PNAS a démontré que ce lac du glacier “Store” avait subi “un drainage rapide”, accéléré par la présence d’une fracture, laissant s’échapper des millions de litres d’eau dans des puits pouvant atteindre 1 kilomètre de profondeur.

Ce “drainage” que l’on pourrait imaginer par des ruissellement progressifs de fissures en fissures s’avère être un véritable “moulin à eau”, provoqué par des “hydrofractures” glacières dignes des plus grandes cascades. “Le phénomène de drainage a transporté 4 800 000 millions de litres d’eau de fonte dans le lit du glacier en environ 5 h, réduisant le lac à un tiers de sa surface”, peut-on lire sur le site de la PNAS.

Pourtant, la fracture observée ce 7 juillet 2018, avait déjà drainé le même lac un an avant. Un détail qui a permis aux scientifiques de comprendre qu’il existait un véritable code de la circulation sous-terrain qui permettait aux écoulement d’eau d’aller et venir, d’année en année.

Des fractures dans la banquise? Des autoroutes !

Puisque les glaciers se déplacent sous leur propre poids de plusieurs centaines de mètres par jour, les scientifiques des universités Aberystwyth et Lancaster présents sur place ont tenté de tisser un lien entre ces fameux “drainages d’eau” et la rapidité de ces mouvements. Et en effet, leur impact est immédiat.

Certaines hydrofractures, plus communément appelées "crevasses", peuvent atteindre plusieurs kilomètres de profondeur sur la banquise polaire.
FlickR
Certaines hydrofractures, plus communément appelées "crevasses", peuvent atteindre plusieurs kilomètres de profondeur sur la banquise polaire.

Le Glacier “Store” avance à un rythme de 600 mètres par an, profitant des cascades d’eau souterraines devenues de véritables lubrifiants. De plus, ce phénomène de drainage a surélevé la hauteur du glacier de 55 centimètres, ce qui pourrait remettre totalement en question les raisons du niveau de l’eau dans cette région du monde.

“C’est un kilomètre de glace qui s’est levée d’un demi-mètre, alors vous pouvez imaginer le genre de pressions que cela a impliqué... Ce style de drainage pourrait jouer un rôle important dans l’initiation d’une réaction en chaîne de l’évacuation de l’eau”, a déclaré Chudley, un étudiant au doctorat de Cambridge.

Ce texte a été publié originalement dans le HuffPost France.

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