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Lac-Mégantic: un mur pour cacher la voie ferrée?

Lac-Mégantic: un mur pour cacher la voie ferrée?

OTTAWA – Le gouvernement fédéral n'écarte pas l'idée de construire des murs pour cacher la voie ferrée de Lac-Mégantic. L'idée sème la grogne parmi la population qui porte encore les douloureuses marques de la tragédie du 6 juillet 2013 qui a fait 47 morts.

«La voie ferrée traverse la ville de part en part. Donc, on aurait notre mur de Berlin ou de Gaza», critique Robert Bellefleur, porte-parole de la Coalition des citoyens et organismes engagés pour la sécurité ferroviaire (OESF).

La construction de murs de protection et antibruit est l’une des deux options étudiées par AECOM Consultants inc., qui s’occupe de déterminer un tracé pour une possible voie de contournement. La firme a déterminé, la semaine dernière, qu’il en coûterait environ 115 millions de dollars pour construire 12 kilomètres de voie ferrée autour de la ville.

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Mais voilà qu'Ottawa et Québec, qui financent l'étude de faisabilité, veulent également étudier l’option du «statu quo amélioré». La voie ferrée resterait au même endroit, mais serait entourée de murets de béton de trois à cinq mètres de haut.

Le ministre des Transports, Marc Garneau, a voulu se faire rassurant lorsqu’il a visité la ville de Lac-Mégantic, à la fin du mois d’avril, accompagné du président de la Central Maine and Quebec Railway, John Giles.

Les deux hommes ont répété que l’actuelle voie ferrée était tout à fait sécuritaire, même si les wagons transportent des matières dangereuses, puisque les trains ne passaient qu’à 16 km/h.

Le ministre Garneau a perdu la confiance de la Coalition des citoyens et OESF.

Marc Garneau n’a d’ailleurs pas pris d’engagements concrets pour la réalisation d’une voie de contournement et ce, même si son chef s’y était engagé en campagne électorale.

Dans une déclaration écrite au HuffPost, le ministre fédéral des Transports a expliqué qu’il était «prématuré» de se prononcer sur la première phase de l’étude de faisabilité, ainsi que les conclusions de l’étude.

«J’attends donc avec intérêt la conclusion de l’ensemble de cette étude de faisabilité importante pour la communauté. Je suis déterminé à poursuivre l’engagement du gouvernement du Canada concernant la reconstruction de Lac-Mégantic et contribuer à rassurer les citoyens de Lac-Mégantic sur la sécurité ferroviaire», a-t-il fait savoir jeudi, en soirée.

Robert Bellefleur est d’avis qu’il n’y a aucune volonté politique de la part du gouvernement Trudeau pour une voie de contournement. Selon lui, le ministre veut enfoncer l’idée du maintien de la voie ferrée dans la gorge des Méganticois.

«La voie ferrée traverse la ville de part en part. Donc, on aurait notre mur de Berlin ou de Gaza.» - Robert Bellefleur

«Je pense qu’on essaie, à tout prix, à amener la population à se satisfaire du maintien de la voie ferrée en l’améliorant quelque peu», dit-il.

Il reste encore deux phrases à l’étude de faisabilité : «l’avant-projet préliminaire» qui prendra un an, et «l’avant-projet définitif» d’une durée de 18 mois. Si elle est construite, la voie de contournement ne sera pas finalisée avant 2022.

Des Méganticois menacent de quitter la ville si rien n'est fait.

«Ça n’a aucun bon sens, déplore Robert Bellefleur, à l’autre bout du fil. Ça fait trois ans qu’on attend à Lac-Mégantic, qu’on vit dans la crainte, dans la peur et là, on veut encore nous faire attendre cinq ou six ans.»

À Ottawa, le député bloquiste de Terrebonne, Michel Boudrias, joint sa voix à la Coalition des citoyens et OESF pour demander un engagement concret du fédéral. Il a d’ailleurs soulevé l’enjeu pendant la période de questions, jeudi.

«Ce que [les Méganticois] veulent, c’est une voie de contournement, et ce avant 2022. D’envisager comme une option le maintien de la voie actuelle est carrément insultant envers les citoyens qui vivent avec un terrain vague, rappel quotidien de la tragédie», a-t-il réagi par la suite.

«Quand les Québécois ont la volonté politique de faire les choses rapidement, on peut, par exemple, construire un SLR en zone urbaine en quatre ans.» - Michel Boudrias

Michel Boudrias établit un parallèle entre la lenteur des procédures pour une voie de contournement de 12 kilomètres et le système léger sur rails reliant la Couronne nord de Montréal à la Rive-Sud, en passant par l’aéroport. Il devrait être fonctionnel en 2020.

«Quand les Québécois ont la volonté politique de faire les choses rapidement, on peut, par exemple, construire un SLR en zone urbaine en quatre ans», fait valoir le député.

Des citoyens de Lac-Mégantic demandent maintenant de rencontrer le premier ministre Justin Trudeau pour lui rappeler sa promesse de construire une voie de contournement, puisqu’ils n’auraient plus confiance en Marc Garneau.

Robert Bellefleur a envoyé une invitation officielle à Justin Trudeau, cette semaine, expliquant que sa venue dans la région aux alentours du 6 juillet 2016 serait « symbolique » et « rassurante » pour la population.

Les Méganticois se remettent encore du drame qui a secoué leur ville, il y a près de trois ans, et espèrent que leur appel sera entendu.

Mise au point : Dans une précédente version de l’article, il est écrit qu’Ottawa envisage le « statu quo amélioré ». Le ministère des Transports maintient qu’aucune décision n’a été prise à ce moment-ci.

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