Trois années jour pour jour se sont écoulées depuis la tragédie ferroviaire de Lac-Mégantic, et un groupe de citoyens de la petite ville de l'Estrie saisit l'occasion pour déplorer le manque de progrès dans l'amélioration de la sécurité ferroviaire au pays.
Le 6 juillet 2013, un train transportant du pétrole brut a dévalé la pente menant à la municipalité et a déraillé, provoquant une explosion qui a tué 47 personnes et détruit le centre-ville de Lac-Mégantic. Il a fallu des jours pour sortir des décombres les corps calcinés des victimes, et encore plus de temps pour les identifier. Plusieurs victimes ont péri dans un bar populaire de la municipalité, le Musi-Café.
De nombreux bâtiments ont été soufflés par l'explosion, d'autres complètement brûlés. À certains endroits, seules les fondations des édifices étaient encore visibles. Quelque 2000 citoyens ont dû être évacués, et plusieurs se sont retrouvés entassés dans un centre provisoire installé dans la polyvalente de la ville. Des cours d'eau des environs ont été contaminés par le déversement de pétrole.
Depuis, le gouvernement du Canada a procédé à de nombreux changements réglementaires au sujet de la sécurité ferroviaire, dont l'élimination progressive des wagons DOT-111 impliqués dans l'accident, jugés trop fragiles pour transporter des hydrocarbures et d'autres matières dangereuses inflammables.
Des exigences ont été ajoutées pour que les transporteurs ferroviaires diminuent la vitesse de certains trains transportant des marchandises dangereuses, pour qu'un plan d'intervention d'urgence soit élaboré et afin que soient mis en place des moyens de défense physiques additionnels pour empêcher les trains de partir à la dérive.
Tous ces changements sont toutefois jugés insuffisants par des citoyens de Lac-Mégantic, qui dénoncent également le piètre état actuel des rails qui traversent toujours la municipalité. Leur principal cheval de bataille demeure toutefois la construction d'une voie de contournement, qui ferait en sorte que les trains passeraient à l'extérieur de Lac-Mégantic.
De nombreuses enquêtes ont été entreprises, dont une importante du Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST).
Des accusations criminelles ont aussi été déposées contre Montreal Maine & Atlantic (MMA), propriétaire du chemin de fer, le conducteur du train Thomas Harding et deux ex-employés de MMA, Richard Labrie et Jean Demaître. Ils ont tous plaidé non coupable aux 47 chefs d'accusation de négligence criminelle ayant causé la mort. La peine maximale pour un tel chef d'accusation est la prison à perpétuité.
Des citoyens marqueront le triste anniversaire, mercredi matin, en tenant un point de presse à Nantes, "à l'endroit précis où le train de la mort a été laissé sans surveillance la nuit du 6 juillet 2013", disent-ils, avant qu'il ne dévale la pente fortement inclinée menant au centre-ville de Lac-Mégantic.
Quant à la Ville de Lac-Mégantic, elle prévoit souligner "sobrement" les événements du 6 juillet 2013. Rassemblements, conférences, musique et diverses activités sont prévus.
"Bien sûr, il faut prendre un temps d'arrêt pour se rappeler les tristes événements. Mais la journée du 6 juillet va démontrer que la commémoration est celle d'une communauté en action, qui regarde vers l'avant, avec des activités qui font voir son dynamisme et sa créativité", a expliqué le maire de Lac-Mégantic, Jean-Guy Cloutier, dans un communiqué.
À midi, comme ce fut le cas l'an dernier, les citoyens sont invités à se rassembler sur le parvis de l'église Sainte-Agnès. Le moment sera marqué par 47 coups de cloche, un pour chacune des victimes de la tragédie.
Déjà publié sur Le HuffPost:
Retour sur l'explosion à Lac-Mégantic
