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L'amitié versus la cyberamitié

Même s'il y a beaucoup deentre les gens en quête de cyberpopularité, il existe tout de même un grand respect sur le web envers des gens ajoutés aux hasards.
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On parle beaucoup trop souvent des gens qui « gossent » sur Facebook. Soit parce qu'ils t'envoient des invitations de pages ou de jeux dont tu te fous éperdument. Soit parce qu'ils y racontent leur vie dans les moindres détails, sans se soucier vraiment du niveau d'intérêt général. À un point tel qu'on se demande bien pour quelle raison exactement, est-ce que le secret des Dieux nous permet de savoir, via notre fil d'actualité, que Nathalie Beaudoin de Brossard, à la veille d'extirper un être vivant de son utérus, est dilatée de 4 cm.

Il existe bon nombre de « TOP 10 » des différents types de « Facebookeux » irritants, dont on peut tous aisément nommer quelques exemples dans notre liste d'amis.

Ce dont on ne parle pas assez cependant, ce sont les gens que l'on ne connait pas personnellement et que l'on ne rencontrera probablement jamais, mais dont on vient à se soucier de l'existence, autant, sinon plus que de celle de nos proches. Car oui, je l'avoue, il m'arrive parfois de me réjouir des bons et de compatir avec les moins bons moments, de gens que je ne connais que virtuellement.

Pourquoi? Parce que cette belle cyberamitié comporte souvent, beaucoup moins de responsabilités. Tu n'as qu'à écouter, réconforter, t'emballer, sans avoir à vivre les désagréments qui viennent avec la véritable amitié, comme de révéler quelque chose que tu devais garder secret ou encore déprécier la personne que tu considères être ton ami, en racontant les pires âneries possible à son sujet.

D'ailleurs, un fait amusant pas si amusant que j'ai constaté, c'est que, bien que Facebook ne te suggère que d'ajouter les gens que tu connais, j'ai parfois l'impression que Facebook m'éloigne des gens que je connais, alors qu'il me rapproche des gens que je ne connais pas en personne. Quand on est quelqu'un de cyberhyperactif sur Facebook, on en perd souvent quelques-uns en route. Quelqu'un qui a eu une bonne opinion de toi lors d'une rencontre en personne peut rapidement se mettre à te déprécier, s'il ne voit seulement que tes publications défiler dans son fil d'actualité.

Tandis que les gens ajoutés au hasard, se font souvent une image exagérée de ton véritable degré de coolitude, ce qui étrangement, peut être très flatteur. Personnellement, personne dans ma liste d'amis actuelle ne m'énerve vraiment, même ceux et celles qui statuent leur vie. Je m'arrange pour ne garder que ceux qui m'offrent une quelconque valeur de divertissement. Ils ne sont pas rares, ceux et celles qui publient de 6 à 10 fois par jour comme moi et tant que ça reste intéressant, moi, je n'y vois aucun problème.

Alors, pour en revenir à nos moutons. Pour quelle raison - à part le plaisir non coupable que l'on en retire parfois, à la suite d'une mauvaise publicité de leur part à notre égard - en vient-on à dire du mal de nos amis?

Je te vois là, assis devant ton ordinateur ou ton téléphone à te dire : « Non, moi je n'ai jamais fait ça et jamais je ne le ferai... ».

Ce à quoi je te répondrai : « BUULLLLLLSHIIIIIT! »

Qu'on l'accepte ou non, nous sommes tous, en tant qu'individus, des petites PME. Chaque personne doit se vendre. Que ce soit à un employeur, à un éventuel conjoint et même à des amis. Il est parfois difficile d'avoir une belle histoire à raconter, car, il faut être réaliste, si on ne s'appelle pas Dan Bilzerian, notre vie ne risque pas d'être extraordinaire 365 jours par année. On aura tous nos moments forts, comme nos moments moins glorieux.

Parfois, la nature humaine fait que lorsqu'on n'a rien de bon à raconter à quelqu'un à notre sujet, il arrive qu'on soit tenté de raconter une histoire, une anecdote, cocasse ou humiliante, à propos de l'un ou l'une de ses proches. Pourquoi l'anecdote ou l'histoire en question se doit plus souvent qu'autrement d'être dérisoire? Parce que comme mentionné précédemment, nous sommes tous des petites PME en quête de bonne publicité pour nous même. Ce qui fait que bien souvent, sans le vouloir, ni même en être conscient, on vient à déprécier nos proches, avec le but nonavoué de tenter de s'élever personnellement, dans la hiérarchie de la vie.

Les cyberamis au contraire, ça ne fonctionne pas comme ça. La cyberamitié c'est beau, c'est sincère. Même s'il y a beaucoup de bashing entre les gens en quête de cyberpopularité, il existe tout de même un grand respect sur le web envers des gens ajoutés aux hasards ou qui nous ont ajoutés par hasard, parce que le contenu de leur mur nous plaisait, ou parce que l'on a eu une belle discussion sur une publication, ou simplement parce que ben... sa photo de profil est jolie. Certains ont beau détester l'approche Facebook, qui semble impersonnelle à première vue, ce n'est pas moins pertinent qu'aborder quelqu'un sur la rue, selon moi. Dans les deux cas, tu peux faire affaire avec quelqu'un d'intéressé et de super réceptif ou bien quelqu'un qui s'en balance complètement et ne se cherche pas vraiment de nouveaux amis.

Même si plusieurs personnes laissent leurs publications visibles au public, Facebook est un outil très personnel. C'est un genre de journal intime, qui laisse une porte d'accès grande ouverte à qui veut bien le consulter. Même si on se plait à dire qu'on ne veut pas que tout le monde sache notre vie, on l'écrit quand même sur Facebook, en oubliant souvent la portée gigantesque qu'un statut peut avoir. Encore là, on ne se l'avouera pas, mais de se révéler ainsi au grand jour, peut agir comme une forme de thérapie, pour quelqu'un ayant besoin de se libérer d'une tristesse ou de partager un moment de joie. Pour certains, ce sera de partager des citations toutes faites avec une image de coucher de soleil en arrière alors que bien d'autres se font une petite thérapie à coup de partages de vidéos de chats. D'une manière où l'autre, le contenu de notre cerveau et de notre cœur que l'on affiche sur Facebook, attire souvent de l'empathie, mais dans de plus fréquents cas, beaucoup de sympathie aussi.

C'est envers ces gens, qui éprouvent de la sympathie envers nous, qu'on a le goût d'aller se confier ou simplement d'aller discuter en inbox parfois, histoire de se changer les idées lorsque l'on se sent seul, mais qu'on ne souhaite pas réellement être « encombré » de la présence physique de quelqu'un, un soir donné. Pourquoi ces gens sont-ils si rassurants? C'est parce qu'ils ne font pas partie de ton quotidien immédiat, alors ils n'ont aucun intérêt particulier à te juger, toi et tes choix de vie douteux.

J'ai plusieurs cyberamis de longue date que je n'ai jamais rencontrés de ma vie ou seulement croisés très brièvement par hasard. Des filles et des gars issus de m'IRC, MSN, ICQ, Facebook et même des ligues simulées de sport auquel j'ai participé étant plus jeune. Ils sont là pour m'écouter et me divertir au besoin. Et moi de mon côté, je leur offre le même type de sécurité psychologique.

Vous savez, on dit que personne ne devrait jamais rencontrer ses héros. On pourrait dire la même chose de l'internet, car parfois, le courant passe très bien virtuellement, alors qu'en vrai, c'est l'inverse. Ceux et celles qui multiplient les dates Tinder et Badoo savent de quoi je parle au niveau de l'apparence, mais ça peut-être tout aussi perturbant au niveau du comportement et de l'apparence de quelqu'un que tu t'imaginais différemment. Parfois, à l'opposé, on peut faire de très agréables découvertes.

Exemple de ce que Facebook a déjà fait pour influencer mon jugement envers quelqu'un dont je n'avais pas eu une première bonne impression :

Alexandre, qui a travaillé une journée avec moi à mon ancien travail, m'avait laissé une impression de gars pas trop vite d'esprit avec très peu de contenu intellectuel, quand il me suivait comme un chien de poche lors de sa formation. Probablement pas un mauvais gars, mais je l'avais trouvé irritant et jamais je n'aurais pu considérer que quelques années plus tard, il allait devenir un des mes plus chers amis. Même que si j'étais avec Rogers, il serait à coup sûr dans mes 5 contacts téléphoniques privilégiés.

Ce que Facebook a changé dans ma perception de lui, ce sont ses publications qui m'ont fait voir que finalement, ce gars-là était très cultivé et que nous partagions pas mal d'intérêts communs, pas mal tous reliés au sport. Une amitié, ça commence avec des partages à propos d'intérêts communs et ça se termine avec deux personnes qui sont intéressés de savoir ce qui se passe dans la vie de l'autre et de passer du temps à rigoler ensemble, jusqu'à ce que la mort ou une chicane épaisse les séparent.

J'ai peut-être eu l'air d'un gars qui dénigre la véritable amitié, mais telle n'était pas mon intention dans ce billet. C'est quelque chose de vraiment important et je n'échangerais mes amis actuels pour rien au monde, excepté peut-être une immense somme d'argent... que je finirais probablement par dépenser pour les gâter. Ce que je voulais vous faire voir par contre, ce sont les joies et les avantages de la cyberamitié. Une amitié aussi précieuse que celle avec les gens beaucoup plus proches.

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