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Le Canada et l'art de mettre tous ses œufs dans le même panier

Qu'ont en commun le développement des ressources naturelles et la recherche scientifique? Le second sert à appuyer le premier, afin de tendre vers un développement plus responsable et durable de nos ressources, me direz-vous. Peut-être, mais beaucoup trop utopique! En réalité, la réponse réside dans le fait que tous deux sont désormais à la merci du secteur industriel.
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Qu'ont en commun le développement des ressources naturelles et la recherche scientifique?

Le second sert à appuyer le premier, afin de tendre vers un développement plus responsable et durable de nos ressources, me direz-vous. Peut-être, mais beaucoup trop utopique! En réalité, la réponse réside dans le fait que tous deux sont désormais à la merci du secteur industriel.

Avec la nouvelle récente du changement de priorités du Conseil national de recherches du Canada (CNRC) qui mettra désormais l'accent sur la recherche pratique au détriment de la recherche fondamentale, le gouvernement fédéral ne laisse plus planer de doute quant à sa vision de la science : la recherche scientifique doit désormais être subordonnée à l'industrie.

Selon une analyse de l'Association canadienne des professeures et professeurs d'université (ACPPU), le financement de base des principaux conseils subventionnaires en recherche fondamentale a chuté de 3% entre 2007 et 2012, alors que le gouvernement accorde une aide supplémentaire à des instituts et à des projets bien précis.

Cette «tendance» gouvernementale à paver la voie à l'industrie tient pourtant bien plus d'un secret de polichinelle que d'une nouvelle en soi. Depuis les dernières années, les exemples fusent de partout: coupures de postes dans les ministères de la fonction publique traitant d'environnement, bâillonnement des scientifiques, projets de loi omnibus affaiblissant nos lois en matière de protection de l'environnement, facilitant ainsi le développement industriel, etc. La liste ne cesse de s'allonger... et les pouvoirs du secteur industriel tout autant.

Le développement du secteur industriel en soi, tout comme la recherche appliquée, n'est pourtant pas mauvais. Ce qui est néfaste par contre, c'est le fait que le Canada soit présentement en train de mettre tous ses œufs dans le même panier afin de développer ses ressources naturelles non renouvelables au détriment de notre environnement, de notre santé ainsi que celle de nos enfants et des générations futures - le tout au nom de la prospérité économique. Plus désolant encore, afin d'arriver à cette fin (la croissance infinie peut-elle être un but en soi?), nos «leaders» fédéraux sont prêts à réorienter les investissements scientifiques.

Pour reprendre les propos de Louise Dandurand, membre du Conseil d'administration de l'Association francophone pour le savoir (Acfas): «Si la recherche appliquée est l'arbre qui produit les fruits de la croissance économique, la recherche fondamentale est le terreau qui les nourrit.» Cesser d'investir dans la recherche fondamentale est néfaste pour notre société. La recherche fondamentale permet ultimement de mieux saisir les mécanismes qui régissent notre monde et notre environnement, mais elle pave également la voie vers de nouvelles découvertes ayant un potentiel d'applications important.

À force de vouloir mettre tous ses œufs dans le même panier de la croissance économique et du développement de ses ressources non renouvelables, le Canada risque de perdre la vue d'ensemble sur ce qui constitue réellement une société riche et prospère, en plus de perdre les connaissances et l'expertise scientifiques étant à la base même de cette prospérité tant convoitée!

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