Le premier ministre Stephen Harper et les chefs des partis d'opposition ont dénoncé à l'unisson les propos du chef d'état-major sortant Tom Lawson, selon lesquels les hommes sont « programmés biologiquement » pour avoir des pulsions les poussant à des inconduites sexuelles.
« J'ai trouvé les commentaires du général Lawson tout à fait inacceptables, inappropriés et [offensants]. Le harcèlement sexuel, l'inconduite sexuelle, n'est pas acceptable dans n'importe quelle institution », a commenté M. Harper lors de la période des questions de mercredi à la Chambre des communes.
Le chef du gouvernement a rappelé que le général Lawson a présenté des excuses pour ses commentaires et a refusé de se rendre à la demande du chef libéral Justin Trudeau, qui exigeait la démission du général. « Il a déjà annoncé sa retraite, son successeur est déjà nommé », a-t-il rappelé.
Le chef de l'opposition officielle, Thomas Mulcair, a pour sa part tenté d'entraîner les conservateurs dans la controverse.
« Si c'était aussi simple que de changer un général ou d'exiger sa démission, ce serait une chose, mais en fait, on est tous d'accord que ce que le général a dit était totalement inapproprié, complètement inacceptable », a affirmé le chef néo-démocrate, ajoutant : « Il s'est excusé. Il démissionne d'ici une couple de semaines, quoi qu'il en soit. »
« Mais le vrai problème, c'est qu'à la base, le gouvernement conservateur ne croit pas à l'importance de forcer un changement de culture au niveau du harcèlement sexuel au sein de nos forces militaires. »
— Le chef néo-démocrate Thomas Mulcair
En plus de s'indigner des propos du chef d'état-major des Forces armées canadiennes, le chef libéral Justin Trudeau a critiqué les excuses qu'il a offertes.
« Le commentaire du général Lawson est complètement inacceptable. En plus, ses excuses étaient tout à fait inadéquates. On est en 2015. Le général Lawson devrait être remercié immédiatement de ses services », a-t-il plaidé.
« Je suis désolé... »
Dans une entrevue accordée à CBC, le général Lawson a tenté d'expliquer les raisons pouvant expliquer la culture de déviance sexuelle décrite par l'ex-juge Marie Deschamps dans un rapport accablant présenté publiquement il y a quelques semaines.
« C'est parce que nous sommes programmés biologiquement d'une certaine manière que certains jugent raisonnable de s'imposer et d'imposer leurs désirs aux autres », a-t-il dit. « Ça ne devrait pas être ainsi. »
Pour réécouter l'entrevue intégrale accordée par le général Lawson à CBC, cliquez ici.
Le général Lawson, qui prendra sa retraite d'ici quelques semaines, a rapidement présenté des excuses face au tollé que ses commentaires ont suscité.
« Je suis désolé d'avoir caractérisé maladroitement [...] l'inconduite sexuelle dans les Forces armées canadiennes », a-t-il déclaré dans un communiqué. « Mon commentaire sur l'attirance biologique en tant que facteur d'inconduite sexuelle ne visait en aucun cas à dispenser de responsabilité les personnes ayant commis une inconduite. »
L'aggression sexuelle, une question de domination
Au Centre d'aide et de lutte contre les agressions sexuelles de l'Outaouais, les propos du général Lawson sont dénoncés comme un mauvais message à envoyer à la population en général et aux victimes en particulier.
« Quand on dit que c'est dû à des causes biologiques, ça nous renvoie un peu à des pulsions sexuelles qui sont incontrôlables. C'est un mythe. »
— Isabelle Dubé, intervenante
« Nous, on considère que l'agression sexuelle, ce n'est pas une question de désir sexuel, c'est une question de domination et d'abus de pouvoir. Clairement, des propos comme ceux-ci défont ce qu'on veut envoyer comme message », déplore-t-elle.


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