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Dimanche dernier, 21 avril, quelques dizaines de milliers de personnes déambulent dans les rues de Montréal, célébrant la Journée de la Terre. Le même jour, Radio X Montréal, incarnation du bon goût et de la pensée critique, faisait un pied de nez à l'évènement et aux mauviettes d'écolo-gauchistes du Plateau, ennemies jurées, semble-t-il, des représentants du «vrai monde». On promettait un chandail à l'effigie de la station à qui se présenterait dans un gros char huit cylindres, pour des vrais qui n'ont pas peur de ça, la pollution!
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smokestack pollution with dark...
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Dimanche dernier, 21 avril, quelques dizaines de milliers de personnes déambulent dans les rues de Montréal, célébrant la Journée de la Terre. Le même jour, Radio X Montréal, incarnation du bon goût et de la pensée critique, faisait un pied de nez à l'évènement et aux mauviettes d'écolo-gauchistes du Plateau, ennemies jurées, semble-t-il, des représentants du «vrai monde». On promettait un chandail à l'effigie de la station à qui se présenterait dans un gros char huit cylindres, pour des vrais qui n'ont pas peur de ça, la pollution!

En décembre dernier, c'était la gifle à l'international: le Canada, le plus meilleur pays du monde, se retirait du Protocole de Kyoto. Et ce, au grand dam des ONG à vocation environnementale, devant l'incrédulité des citoyens canadiens tout en créant une certaine commotion chez les autres nations. De la part des États-Unis, cet éléphant obèse et égoïste, l'impact n'aurait été qu'une position plus à propos avec leur politique économique et écologique. Mais venant de la Feuille d'érable, à l'image longtemps entretenue d'un pays raisonnable et soucieux de mère Nature, l'effet était considérable.

Le billet d'Emmanuel Cree se poursuit après la galerie

Comment, avec toute l'information qui circule sur l'impact que l'activité humaine a sur l'environnement, peut-on persévérer à nier l'évidence, à procrastiner malgré l'urgence et la gravité de la situation? L'acidité des océans en hausse, les gaz à effet de serre, la fonte des glaces, l'air irrespirable dans certaines grandes villes, que faut-il de plus? La majorité des gens en sont conscients, s'inquiètent, mais par obligation, manque de temps ou perte d'espoir, se résignent et espèrent une intervention venant des hautes sphères étatiques.

Ne soyons pas naïfs. Il ne faut pas s'étonner de la décision du gouvernement Harper, elle accommode enfin les visées financières à une position, soit, réfractaire, mais cohérente du moins; elle concrétise la suprématie de la toute-puissante Piastre sur tous les autres facteurs qui pourraient affecter ses décisions. Avoir continué dans cette voie bidon de politiciens prétendant se préoccuper de deux ou trois couches phréatiques plutôt que par l'omnipotent libre marché aurait fait tache d'huile. Déjà que les scientifiques se voient muselés, interdits de publier le résultat de leurs recherches (supposé appartenir au domaine public), accusés d'entretenir un agenda politique ou d'être en quête de financement, le retrait de Kyoto n'en est que la consécration. Les enjeux sont trop élevés pour ceux qui représentent les pétrolières; il ne faut surtout pas imposer des règlementations plus sévères, risquant d'amputer les précieux profits de l'industrie, se mettant ainsi à dos la vache à lait.

Par contre, énigme. Je me demande: que peut bien motiver certains individus (non pas à douter, ce qui est non seulement sain, mais louable) à balayer systématiquement toute voix exprimant un brin de compassion à l'égard des positions écologistes, d'inquiétude? Radio X peut bien être le fer de lance de la défense des mouvements de droite, de la Sainte Piastre, de la «Big Corp.», comme disait l'autre, mais leurs animateurs, à moins de souffrir d'un excès de zèle aigu, font preuve d'un mépris aberrant. Ça pue l'humour noir, le désir de choquer puéril, de la polémique facile. Que des consortiums défendent leurs intérêts monétaires, certains, mais que des gens s'acharnent à discréditer les enjeux environnementaux, sans motif ou gain possible, ça me dépasse.

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17. Australie

Efficacité environnementale: le classement des pays développés

Est-ce par désenchantement total, cynisme généralisé? Qu'en sais-je, moi-même je suis prompt au défaitisme. Par simple envie réactionnaire de jouer l'avocat du Diable? Par haine d'une rhétorique pouvant être moralisatrice, exaspéré d'entendre un voisin «grano» se répandre en jérémiades? Ce serait faire preuve d'un certain manque de force de caractère. Peut-être est-ce la peur que des changements dans notre mode de vie s'imposent, qu'on ne puisse bientôt plus se permettre de consommer frénétiquement des ressources autrefois perçues comme inépuisables. Craint-on de regretter avec nostalgie la belle époque où l'on faisait gronder le moteur d'une grosse Mustang? Peut-être un curieux melting-pot de tout cela, ou rien du tout pour ce que j'en sais.

On peut ne pas être d'accord avec les écolos, grand bien nous fasse. L'humoriste américain, George Carlin, aimait dire à la blague que les humains, avec leurs prétentions de petits bourgeois de se porter en sauveurs de la Planète, pourtant incapables de ne pas s'entre-tuer ne serait-ce qu'une journée ou de sauver leur propre peau, n'agissaient aucunement de manière désintéressée, que par égoïsme, ne souhaitaient qu'un environnement propre où vivre. Une cour arrière propre, rebutés à l'idée de subir le désagrément d'une terre bousillée.

Sauf que, si on la salope pour de bon, la belle boule bleue, il n'y aura plus personne à sauver, justement.

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