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Le don de tissus: méconnu, mais aussi essentiel que le don d'organes

«Le don de tissus m'a carrément sauvé la vie», assure Simon Bessette, qui a subi des brûlures graves sur 52% de son corps.

On entend souvent parler de l'importance du don d'organes... mais moins du don de tissus. Et pourtant, pour chaque personne qui donne des tissus à sa mort, 20 autres verront leur qualité de vie grandement améliorée. C'est particulièrement vrai pour les grands brûlés, pour qui la greffe de peau est essentielle. Depuis un an, le Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM) et Héma-Québec, qui agit comme fournisseur de tissus humains, ont revu leurs procédures menant au don de tissus, ce qui a permis d'augmenter radicalement le nombre de donneurs potentiels.

«Le don de tissus m'a carrément sauvé la vie», tranche Simon Bessette.

Simon Bessette, qui a subi des brûlures sévères sur 52% de son corps, et Nathalie Rouchet, assistante infirmière chef à l'Unité des grands brûlés du CHUM
CHUM
Simon Bessette, qui a subi des brûlures sévères sur 52% de son corps, et Nathalie Rouchet, assistante infirmière chef à l'Unité des grands brûlés du CHUM

Le jeune homme de 35 ans a subi des brûlures graves sur 52% de son corps, après une électrocution, il y a sept ans, en faisant de la «grimpe urbaine» (un sport qui consiste à faire de l'escalade dans l'architecture urbaine). Il est monté trop haut dans un pylône et a été frappé par un arc électrique.

Quand une personne est gravement brûlée sur plus de la moitié de la surface de son corps, elle a souvent besoin de greffes de peau étrangère - venant de personnes décédées -, ce qu'on appelle des «homogreffes». Ces homogreffes servent de pansements biologiques (pour couvrir les plaies, après que la peau trop gravement brûlée a été retirée) et tomberont au bout de quelques semaines. La personne brûlée devra alors subir d'autres chirurgies avec sa propre peau qui se sera regénérée.

Greffon de peau prêt pour l'implantation
CHUM
Greffon de peau prêt pour l'implantation

«Juste pendant le premier mois, j'ai eu une cinquantaine d'opérations», explique Simon Bessette.

Quand vous signez l'endos de votre carte d'assurance maladie (voyez ici comment signifier votre consentement), vous consentez non seulement à ce que vos organes soient prélevés à votre mort (si c'est possible), mais aussi vos tissus. Ce pourrait être des tissus oculaires, des valves cardiaques, des tissus artériels, des tissus musculosquelettiques, ou encore des tissus cutanés (de la peau). Il est donc important de signer votre carte, mais aussi d'en informer vos proches, pour qu'ils soient au courant de votre volonté.

Héma-Québec se charge de prélever les tissus (comme la peau), puis les congèle à -80 degrés Celsius. Les greffons sont ensuite décongelés avant l'opération, lorsqu'une personne en a besoin.

Héma-Québec

«C'est une dimension de notre mission qui est largement méconnue dans la population», affirme Vanessa Jourdain, porte-parole pour Héma-Québec.

Mais pour qu'Héma-Québec reçoive ces donneurs potentiels, il faut que les hôpitaux les mettent au courant. C'est ce qu'on appelle la recommandation. Depuis mai dernier, les démarches entre le CHUM (qui comprend une des deux unités spécialisées pour les grands brûlés du Québec) et Héma-Québec sont centralisées au bureau de la gestion des décès du CHUM. Le personnel qui y travaille a reçu des formations spécifiques et peut mieux identifier les donneurs potentiels, et faire plus de recommandations à Héma-Québec. En un an, le nombre de candidatures potentielles a augmenté de 182%. Héma-Québec espère que cette initiative inspirera d'autres centres hospitaliers.

Peau prélevée qui servira à faire une homogreffe
CHUM
Peau prélevée qui servira à faire une homogreffe

Simon Bessette a été hospitalisé pendant trois mois à l'unité des grands brûlés, avant de passer deux mois dans un centre de réadaptation. Il a ensuite dû continuer la réadaptation, l'ergothérapie et la physiothérapie pendant deux ans. Sa main gauche n'est plus fonctionnelle, mais sa main droite a été reconstruite: on lui a amputé le pouce, puis on l'a remplacé par son petit doigt.

«C'est sûr que la dextérité fine est encore un enjeu important, mais dans la vie de tous les jours, je n'ai pas de problème!» précise-t-il.

Aujourd'hui, il étudie en agronomie à l'Université Laval et pratique de multiples sports. Il est extrêmement reconnaissant envers tous ceux qui l'ont aidé, particulièrement les personnes qui lui ont fait don de leurs tissus.

«J'y pense presque à tous les jours, à ces gens-là qui m'ont sauvé, les donneurs et l'équipe médicale. Chaque fois que je marche dehors, que j'apprécie le moment, j'y pense. Ma gratitude est infinie.»

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