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Le pétrole d'Anticosti était peut-être un mirage, mais l'ensemble de l'opération laisse aux contribuables une facture salée sans avoir, pour autant, obtenu de réponse à la question de départ.
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Des indépendantistes croyaient que le pétrole québécois allait nous permettre de nous émanciper et de devenir une autre Norvège.
AFP/Getty Images
Des indépendantistes croyaient que le pétrole québécois allait nous permettre de nous émanciper et de devenir une autre Norvège.

Le dossier Anticosti est un vrai gâchis. Les Québécois auront versé des dizaines de millions à des entreprises pour continuer d'ignorer le potentiel pétrolier et gazier de l'ile d'Anticosti.

En 2014, un lobby puissant dénonçait l'entente que le gouvernement Charest avait signée avec Pétrolia pour explorer le sous-sol de l'Ile. On accusait les libéraux d'avoir bradé un trésor national représentant 40 milliards de barils de pétrole dans une entente «secrète».

Des indépendantistes croyaient que le pétrole québécois allait nous permettre de nous émanciper et de devenir une autre Norvège.

C'est dans ce contexte que la première ministre Pauline Marois a annoncé, en février 2014, que le gouvernement allait injecter 115 millions dans l'exploration et l'exploitation du pétrole et du gaz sur Anticosti. Pour y parvenir, Québec formait une coentreprise, Hydrocarbures Anticosti, se réservant 60% des redevances éventuelles.

«Le Québec reprend ses droits sur des ressources naturelles qui lui appartiennent collectivement», plastronnait Mme Marois, endossée par son conseil des ministres, incluant le chef actuel du PQ Jean-François Lisée et Martine Ouellet.

Cette intervention étatique dans l'économie tombait à point alors que l'on préparait des élections.

On connait la suite, le gouvernement péquiste est tombé et le premier ministre Philippe Couillard s'est mis à tirer à boulets rouges sur ce «deal». La vigueur de ses attaques a surpris,habitués que nous sommes à sa placidité.

Donc le gouvernement québécois, après avoir approuvé un contrat pour développer des ressources naturelles, y avoir consacré des sommes importantes, renie sa signature et versera plus de 40 millions à des entreprises qu'il a recrutées pour plier bagage.

Québec annonçait la semaine dernière avoir fermé la filière Anticosti, versant 41 millions $ à Junex, Corridor, Marcel &Prom. Reste la réclamation du joueur le plus important: Pétrolia.

Avec ces données, on aurait pu évaluer si l'exploitation était possible, rentable, dans le respect de l'environnement. On a plutôt choisi de fermer brutalement la valve.

Je crois qu'on aurait dû permettre à Pétrolia de forer ses 3 puits déjà prévus afin d'en avoir le cœur net. Avec ces données, on aurait pu évaluer si l'exploitation était possible, rentable, dans le respect de l'environnement. On a plutôt choisi de fermer brutalement la valve.

Les libéraux ont trouvé toutes sortes de prétextes au fil des mois pour saboter l'entente Anticosti. Le plus récent argument évoque une inscription possible à l'UNESCO.

Les 200 insulaires sont assez partagés, mais le maire de Port-Menier, John Pineault, soutient que la fracturation hydraulique aurait «détruit l'île au complet».

Il demande maintenant un fonds d'investissement spécial pour compenser le fait que les pétrolières se retirent et, pourquoi pas, un traversier.

Le gouvernement libéral envoie des messages contradictoires. Il fait la promotion du Plan Nord et des mines, mais impose un moratoire sur l'uranium ( poursuite de 200 millions$ de Strateco) et nous dit d'oublier le pétrole d'Anticosti. Il prend un virage vert tout en soutenant une cimenterie polluante.

L'ex-ministre conservateur Jason Kenney, candidat au leadership du nouveau parti unifié en Alberta a bien résumé cette semaine l'incompréhension des Albertains en entrevue avec Éric Duhaime. Pourquoi, disait-il substance, on enverrait 10 milliards en péréquation au Québec chaque année, milliards tirés du pétrole «sale», alors que le Québec ne veut pas accepter un pipeline de l'ouest et refuse d'explorer son sous-sol. S'il devient premier ministre, ce qui demeure une possibilité, il veut faire adopter une condition au versement de la péréquation: que la province qui touche de l'argent s'engage à développer ses ressources.

Paroles en l'air? Sans doute, mais elles traduisent une frustration grandissante dans l'Ouest canadien.

Le pétrole d'Anticosti était peut-être un mirage, mais l'ensemble de l'opération laisse aux contribuables une facture salée sans avoir, pour autant, obtenu de réponse à la question de départ.

Exploration pétrolière sur l'île d'Anticosti

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