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Le karaté pour combattre la maladie de Parkinson

Le karaté pour combattre la maladie de Parkinson
Radio-Canada

Dans un dojo de Gatineau, des karatékas se battent quotidiennement contre un adversaire redoutable et invisible : la maladie de Parkinson.

Un texte de Robert Frosi

Il y a un an, Marcel Gauthier, qui est ceinture noire de karaté, allait passer son neuvième degré. Pour celui qui a voué sa vie à ce sport, ce devait être une formalité. Seulement voilà : depuis six ans, un ennemi singulier s'était invité sans prévenir, la maladie de Parkinson. En s'entraînant quotidiennement, Marcel Gauthier allait découvrir que le karaté peut agir sur la maladie.

«Je me suis aperçu qu'après un entraînement, mon tremblement diminuait de moitié. Je me suis dit que c'était fantastique. C'est là que j'ai eu l'idée de partager ma passion et mon combat contre la maladie.» - Marcel Gauthier

C'est dans le quotidien Le Droit que le maître Marcel Gauthier - ou le sensei de l'Outaouais, comme on le surnomme - lance son appel aux gens atteints du parkinson en leur offrant des cours gratuits. La réponse ne se fait pas attendre et les résultats sont au rendez-vous.

« J'ai des gens qui au départ n'étaient même pas capables de plier leurs mains quand ils donnaient des coups de poing, explique M. Gauthier. Maintenant, ils viennent me voir avec une certaine fierté en me disant qu'ils sont capables. »

Malgré la maladie, ses élèves sont passés de la ceinture blanche à la jaune. « Vous auriez dû voir la fierté dans leurs yeux d'avoir progressé autant, dit-il. Certains ont de gros diplômes universitaires, mais jamais ils n'ont été aussi heureux d'avoir réussi à obtenir la ceinture jaune à leur âge, et surtout avec le parkinson. »

Le karaté comme traitement

Monique Pépin a reçu son diagnostic il y a deux ans. Tout a commencé avec un petit doigt qui refusait de fonctionner, puis un autre doigt, puis la main.

«En plus des membres qui refusent de fonctionner à tour de rôle, c'est aussi le découragement qui s'installe. Le karaté m'apporte du bonheur, m'aide à relaxer, et mes membres s'en ressentent.» - Monique Pépin

Du haut de ses 67 ans, André Patry est droit comme un chêne. Son combat à lui a commencé il y a 13 ans. Un jour, le bras de l'informaticien s'est mis à ne pas coopérer, puis le reste du corps a suivi. On a alors très vite diagnostiqué la maladie chez lui. Le karaté a stoppé net sa dégringolade.

«Quand tu es sur le tatami, tu ne penses plus à tes bobos, tu relaxes, tu te concentres sur le geste et tu oublies le mal qui te ronge. C'est sûr qu'il y a des matins où tu voudrais bien abandonner, parce que ton corps refuse de se lever, mais tu te dis : non, non, non! Tu te mets deux claques sur le visage et tu continues.» - André Patry

Dans son combat quotidien, Marcel Gauthier prouve, l'espace d'un entraînement, que la maladie ne sera pas victorieuse. Cet adversaire sournois, qui s'est invité il y a maintenant sept ans, n'a qu'à bien se tenir devant un guerrier aussi déterminé.

« Moi, chaque coup de pied, c'est un coup de pied au parkinson que je donne! » raconte M. Gauthier avec émotion. Le plus difficile : se lever.

« Je dois me lever à 6 h pour être prêt à mon cours de 9 h, parce que la machine ne marche pas, et moi je prends 15 pilules par jour pour la mettre en route, dit-il. Tout ce que je fais dans mon cours, c'est de leur montrer que c'est possible, qu'il faut se battre et que même si on gagnera pas la guerre, les petites victoires sont importantes. »

Parmi les 400 patients de l'Hôpital d'Ottawa atteints du parkinson, Marcel Gauthier nous dit qu'il est le seul dont la maladie n'a pas évolué depuis 2009. En montant son armée de karatékas atteints par la maladie, le sensei de l'Outaouais espère aujourd'hui intéresser les spécialistes et trouver les moyens financiers pour, peut-être un jour, gagner son combat.

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