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Le mot «nèg**» mentionné dans les devoirs d'une école primaire

Le document a depuis été retiré du site web de la maison d'édition.
DONGSEON_KIM via Getty Images

«Trouve le diminutif de "nèg**"». Voilà une des questions posées aux élèves de sixième année de l'Académie Saint-Clément, à Ville Mont-Royal, dans leurs devoirs.

Asha, une mère d'origines mixtes, n'en revenait pas lorsque sa fille de 11 ans lui a montré son devoir il y a deux semaines. Le document pédagogique demandait aux élèves de trouver le diminutif d'une série de mots inoffensifs, comme «noix», «loup» ou «épaule». Coincé entre «âne» et «côte» se trouve l'insulte raciste.

Courtoisie

Asha préfère taire son nom de famille afin d'éviter que sa fille ne soit identifiée. Elle affirme s'être plainte à l'enseignant, qui aurait répondu qu'il n'y voyait rien de mal et que le mot faisait partie du vocabulaire français.

«Je trouve ça inacceptable qu'en 2018, un enseignant emploie encore cette expression raciste en classe, et qu'en plus il lui trouve une justification. Ma préoccupation est que l'on est en train d'empoisonner l'esprit de nos enfants et qu'on leur enseigne à dénigrer les personnes de race noire», s'insurge-t-elle.

La mère réclame le retrait de ce document. Elle demande aussi que la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys fasse enquête pour savoir comment un tel mot a pu se trouver dans du matériel pédagogique remis aux élèves.

Nathalie, une mère noire dont l'enfant fréquente la même classe, en rajoute.

«Il faut mettre en place des sessions de formation des enseignants sur le racisme anti-noir, maintenant que le Canada participe à la Décennie internationale des personnes d'ascendance africaine», dit-elle.

La commission scolaire refuse les demandes d'entrevue sur ce sujet, soulignant que les enseignants son en relâche. Dans un commentaire envoyé par courriel, elle affirme qu'aucune plainte n'a été reçue à ce sujet. Elle souligne que le document n'a pas été produit par la Commission scolaire, mais par une maison d'édition qui fournit du matériel pédagogique.

«La Commission scolaire fera part de ses recommandations à la maison d'édition, afin que les mots offensants soient retirés du feuillet d'exercices. En aucun cas la CSMB ne cautionne l'utilisation d'une telle expression», lit-on dans le courriel.

La maison d'édition en question est les Éditions «À Reproduire», également connue sous le nom les Éditions de l'Envolée. Selon son directeur Jérôme Coulombe, le document a été retiré du site de l'entreprise dès que l'information est venue à ses oreilles.

«C'est un volume qui a été rédigé il y a 23 ans et je ne saurais pas dire comment ce mot a pu se trouver là. Ce genre de mot ne se retrouverait plus dans nos documents aujourd'hui», affirme-t-il en entrevue au HuffPost Québec.

Selon M. Coulombe, il est possible que le document ait été rédigé à partir de listes de mots de vocabulaire obligatoires créées par le ministère de l'Éducation. Il tente de retracer les auteurs du volume pour savoir comment le mot «nèg**» a pu s'y trouver.

Une nouvelle version du document sera bientôt disponible sur le site de la maison d'édition, sans l'insulte raciste.

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