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Le mouvement #MoiAussi n’a pas permis de mieux comprendre le consentement

Si on vous demandait de définir ce qui constitue le consentement dans une situation sexuelle, que diriez-vous?
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Tara Moore via Getty Images

Le mouvement #MoiAussi est loin d'être terminé et les discussions importantes qu'il a entamées doivent progresser, dans l'intérêt de nos enfants et des générations futures.

Si on vous demandait de définir ce qui constitue le consentement dans une situation sexuelle, que diriez-vous? Pourriez-vous l'expliquer à vos enfants?

Si vous vous sentez mal à l'aise ou perplexe, vous n'êtes pas seule. Même si vous croyez pouvoir définir le consentement, le dernier sondage de la Fondation canadienne des femmes réalisé dans le cadre de notre Campagne pour mettre fin à la violence remettra en question vos propres hypothèses.

Bien que le mouvement #MoiAussi ait donné lieu à une conversation sans précédent sur la prévalence des agressions et du harcèlement sexuels, le sondage souligne le besoin urgent de se concentrer sur la prévention et l'éducation.

Dans une question du sondage sur la définition de consentement, les répondants devaient choisir les facteurs permettant d'assurer que l'activité sexuelle est consensuelle. Seulement 28 % d'entre eux – un résultat étonnant, à savoir une baisse de 5 % par rapport à l'étude de 2015 de la Fondation – reconnaissent que le consentement doit être exprimé par:

  • les paroles (p. ex., dire « oui »);
  • le comportement (p. ex., engager un premier contact sexuel);
  • l'enthousiasme (p. ex., se déshabiller, prendre plaisir à l'activité, participer pleinement);
  • l'acceptation continue (p. ex., continuer de fournir des signes verbaux ou comportementaux pendant l'activité).

Bien que les termes « paroles », « comportement » et « continu » correspondent à la définition légale canadienne de consentement, les mythes et la confusion persistent.

Par exemple, certains croient que si un partenaire ne dit pas clairement « non » ou reste muet, cela veut dire qu'il consent. Toutefois, les situations sexuelles qui se transforment en agressions peuvent entraîner une série de réactions verbales et non verbales. La personne qui est agressée sexuellement peut subir une paralysie involontaire en réponse à ses émotions et se trouver incapable de communiquer son refus.

Le consentement, un enjeu de sécurité qui nous concerne tous

Les agressions sexuelles sont souvent commises par une personne connue de la victime. Ainsi, pendant l'incident, la femme peut ressentir un sentiment d'incrédulité ou subir un état de paralysie à l'idée qu'un proche lui fait du mal. Les femmes peinent aussi à briser le silence, ce qui s'explique par une socialisation basée sur un comportement « gentil » en situation de conflit.

Ce ne sont que quelques-unes des raisons ayant trait à l'importance d'entretenir un échange continu et bilatéral. Depuis les dernières années, de nombreux éducateurs spécialisés en sexualité font la promotion du consentement enthousiaste. Plutôt que mettre l'accent sur « Non, c'est non », les partenaires sexuels adoptent un moyen plus proactif d'évaluer le consentement comme « Oui, c'est oui ».

Plutôt que mettre l'accent sur « Non, c'est non », les partenaires sexuels adoptent un moyen plus proactif d'évaluer le consentement comme « Oui, c'est oui ».

Selon le sondage, le fait que 50 % des Canadiennes se sont senties obligées de consentir à des activités sexuelles non souhaitées souligne le besoin critique d'une éducation plus rigoureuse sur le consentement. Parmi elles, 55 % des femmes de 18 à 34 ans ont affirmé avoir subi des pressions pour donner leur consentement.

Certaines personnes sont d'avis que, face au consentement, nous ne pouvons pas changer notre comportement et que les situations sexuelles comprendront toujours une part d'incertitude. Les gens plaisanteront sur le besoin d'apporter des documents juridiques à leur rendez-vous romantique. Cependant, nous devons reconnaître que le consentement représente un enjeu de sécurité qui nous concerne tous.

Tous les jeunes, partout au Canada, doivent avoir accès à ces programmes

Nous avons changé la façon d'aborder plusieurs autres enjeux de sécurité : porter une ceinture dans la voiture, dire non à l'alcool au volant, adopter des pratiques sexuelles sûres en utilisant un condom. Alors, pourquoi ne pas en faire autant pour le consentement? Les coûts sociaux et économiques des agressions sexuelles et autres infractions d'ordre sexuel au Canada (estimées à 4,8 milliards de dollars en 2009) sont énormes et les conséquences légales possibles dues à l'incompréhension du concept de consentement sont graves. Cela vaut la peine d'investir notre temps et notre énergie.

Heureusement, notre sondage a révélé que les Canadiens, peu importe leur orientation, veulent faire la lumière sur le consentement. Quand on leur demande ce qu'ils verraient comme la prochaine étape la plus déterminante du mouvement #MoiAussi, 44 % d'entre eux affirment qu'il faut éduquer les gens sur les façons de donner et d'obtenir le consentement.

Comment procéder? La Fondation canadienne des femmes commence avec les jeunes. Nous finançons des programmes partout au Canada qui aident les adolescents à comprendre le consentement, à détecter les signes avant-coureurs de la violence et à entretenir des relations saines et positives.

Une évaluation récente du Programme des relations saines chez les adolescents élaboré par la Fondation canadienne des femmes a révélé que 72 % des jeunes ont déclaré pouvoir mieux reconnaître les relations saines après avoir suivi le programme et que 66 % étaient plus enclins à dire « non » aux choses qui leur paraissent malsaines ou qui les rendent mal à l'aise.

Ce type de programmes prépare le terrain pour des relations consensuelles plus saines et plus égales au sein de la prochaine génération, mais nous ne pouvons en soutenir qu'un faible pourcentage. Ces programmes doivent être accessibles à tous les jeunes, partout au Canada, afin qu'ils fassent partie intégrante de la création d'une nouvelle approche au consentement.

Le mouvement #MoiAussi est loin d'être terminé et les discussions importantes qu'il a entamées doivent progresser, dans l'intérêt de nos enfants et des générations futures.

Cessons de supposer qu'ils trouveront simplement une façon de donner et d'obtenir le consentement. Commençons à en parler, sans gêne.

La Campagne pour mettre fin à la violence de la Fondation canadienne des femmes soutient les maisons d'hébergement pour femmes violentées et les programmes de prévention de la violence (y compris le Programme des relations saines chez les adolescents) partout au Canada. Pour en savoir plus.

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