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Le naturisme au Québec: le tabou persiste

Le naturisme au Québec: le tabou persiste
Nudists take part in the North East Skinny Dip at Druridge Bay in Northumberland, at sunrise on September 22, 2012. Over 200 bathers braved the cold in an attempt to break the World Record for the largest skinny-dip. The record still stands at over 400, set at Rhossili Beach in Wales. AFP PHOTO/LINDSEY PARNABY (Photo credit should read LINDSEY PARNABY/AFP/GettyImages)
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Nudists take part in the North East Skinny Dip at Druridge Bay in Northumberland, at sunrise on September 22, 2012. Over 200 bathers braved the cold in an attempt to break the World Record for the largest skinny-dip. The record still stands at over 400, set at Rhossili Beach in Wales. AFP PHOTO/LINDSEY PARNABY (Photo credit should read LINDSEY PARNABY/AFP/GettyImages)

« On est né nu et on est mort vêtu », scande Damien Robitaille sur un rythme entrainant. Le chanteur franco-ontarien avance un fait irréfutable: l'Homme commence sa vie à poil. Mais cet état de nudité intégrale ne dure que le temps de mettre une première couche, une première épaisseur de textile, puis deux et voilà le tout-nu tout habillé.

Pourtant, certains ont choisi de ne pas vivre avec du linge en permanence et de pratiquer autant que possible le nudisme, et pour beaucoup le naturisme, qui n'englobe pas uniquement la nudité. «Le naturisme c'est être nu bien sûr, mais c'est surtout d'adopter une philosophie de vie plus globale, explique Michel Vaïs, cofondateur et ex-président de la Fédération naturiste québécoise. On essaye d'entretenir une relation de respect avec soi-même, avec les autres et avec la nature et l'environnement».

Le naturisme peut prendre plusieurs formes. Certains le pratiquent au quotidien, dans l'intimité de leur maison, d'autres préfèrent se dévêtir en groupe, dans des centres ou sur des plages naturistes, d'autres encore pratiquent le naturisme sauvage, à l'abri des regards, près d'une rivière ou en forêt et enfin il y a ceux qui s'adonnent au naturisme dans toutes leurs activités: vélo, sports, quilles, activités sociales...

Jean-Francois Audet pratique le naturisme depuis 20 ans. Il a découvert ce mode de vie le plus simplement du monde. «J'ai testé le naturisme pour la première fois de façon presque instinctive, se souvient-il. J'étais sur une plage complètement déserte; je me suis déshabillé par confort et je me suis rendu compte que j'étais beaucoup plus à l'aise de même. À quoi sert un maillot quand on veut se baigner ou être sur la plage ? Selon moi, pas à grande chose. Être nu est un état très naturel et si on se retrouvait un jour sur une île déserte on finirait par abandonner tous nos vêtements».

Le corps comme un vêtement

Plus tard, il découvre les plages naturistes qu'il fréquente aujourd'hui encore avec sa femme et ses enfants. Ce que beaucoup considèrent comme un état d'intimité extrême voire de gène, les naturistes en font un état très simple. «Le naturisme, c'est être soi-même, tout simplement, continue Jean-François Audet. La première fois c'est surprenant évidemment, il y a une petite gène bien légitime, mais très vite on oublie qu'on est nu, puisque tout le monde est nu autour de soi. Quand les vêtements tombent, les préjugés tombent avec et il n'y a plus de classes sociales, plus de hiérarchie, on est tous pareil. L'apparence ne compte plus, les gros ne se font plus jugés, on oublie la nudité. Mieux, elle devient une forme de vêtement à part entière».

Contre l'amalgame

Parmi les reproches que certains font au naturisme, l'association de cette pratique à une sexualité débridée est la plus tenace. Des êtres humains qui se regroupent tout nus quelque part, c'est forcément lié à des pratiques sexuelles, pensent-ils. «La sexualité est désamorcée quand on pratique le naturisme, dit Jean-Francois Audet. Il y a un vrai paradoxe dans notre société: on assiste à la fois à une hypersexualisation du corps dans les médias, on voit des photos de femmes dans des positions et des tenues très suggestives, on voit des photos de gamines qui se maquillent comme des adultes, et de l'autre côté on est choqué par une femme qui allaite en public, on trouve ça scandaleux alors que c'est la chose la plus naturelle au monde !».

Selon le président de Fédération naturiste québécoise, la société regarde encore aujourd'hui d'un mauvais oeil cette pratique, et il est de plus en plus difficile d'organiser des activités naturistes dans les villes, comme privatiser une piscine par exemple. «Le corps est devenu un pêché, dit Michel Vaïs . On a vu apparaitre dans les vestiaires des cloisons, on met des rideaux aux douches, parfois des portes avec serrures et le maillot de bain est souvent rendu obligatoire pour prendre des douches communes. Les affaires de pédophilie qui ont éclaté nous ont bien sûr causé énormément de tort et fait triompher le principe de précaution au nom duquel on prend une massue pour écraser une mouche. Avant on faisait développer ses photos naturistes dans des magasins, aujourd'hui c'est impensable. On associe malheureusement la nudité à la sexualité, on fait l’amalgame et c'est très triste».

Selon Yves D. Mercier, si le nombre exact de naturiste au Québec est très difficile à déterminer, il a constaté que l'engouement pour cette forme d'art de vivre est demeuré constant au fil des ans. Selon une étude de Market Facts, environ 20% des ménages canadiens sont ouverts à la pratique du naturisme, soit un tout nu pour quatre tout vêtus. Qui sait, peut-être le prochain titre de Damien Robitaille...

Les plages et centres naturistes au Québec

Cap aux oies

Les plages naturistes au Québec

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