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Le «Nous» de Martin Perizzolo vaut le détour

Comment le connaissez-vous? Martin Perizzolo vous posera la question en ouverture de son one man show.
Facebook Martin Perizzolo

Le connaissez-vous grâce aux Beaux malaises, aux publicités des Fromages d'ici, à L'Gros Show, au talk-show Maripier! ou à sa colère à Expédition extrême, devenue virale l'an dernier? Martin Perizzolo vous posera la question en ouverture de son one man show, Nous, dont la tournée a été officiellement lancée dans les derniers jours, avec des premières médiatiques à Montréal, la semaine dernière, et à Québec, lundi.

Or, peu importe où son visage vous a été révélé, à la fin de sa prestation, vous aurez découvert l'humoriste intelligent et inspiré, très bon raconteur, qui se cache derrière les personnages parfois étranges de cette drôle de bibitte, un peu inclassable, aussi humoriste que comédien, auteur ou animateur.

Ce premier spectacle solo, qui arrive 22 ans après la graduation de l'École nationale de l'humour du gaillard à la bouille de premier de classe, et au terme de diverses expériences dans le métier, dont beaucoup d'écriture, bien des rôles de faire-valoir et quelques tentatives réussies à Zoofest (dont Q, en 2013), n'est pas parfait : dans l'ensemble, il est plutôt inégal, certains segments sont inutilement longs, et Perizzolo a beau être habile dans l'improvisation avec le public, il devra apprendre à modérer ces portions de conversations qui s'embourbent à l'occasion joliment. Heureusement qu'il sait se débrouiller en taquineries et clins d'œil aux spectateurs.

Il saute également beaucoup du coq à l'âne dans ses sujets, parfois sans véritable lien. Comme si sa matière lui était déjà acquise sur le bout de ses doigts, mais qu'il avait un peu de mal à s'y retrouver côté structure.

Pas si pointu

Or, Nous vaut tout de même le détour, ne serait-ce que pour rencontrer l'entièreté – ou presque! – de l'artiste qu'est Martin Perizzolo. Car, sous son image d'intello en marge, de vedette qu'on connaît «on ne se souvient d'où», d'insaisissable garçon sage ou naïf (il affirme lui-même qu'il a une «face de tata»), dort un homme de caractère, qui sait habiter son espace avec brio et maîtrise somme toute fort bien les codes du stand up : débit parfait, pauses bien insérées, gags souvent efficaces, mises en contexte impeccables, présence irréprochable, un brin de vulgarité jamais gratuite, monologues pour la plupart consistants. Il est chez lui sur les planches et empoigne son terrain de jeu à bras-le-corps, le fait sien, et ce, peu importe la réaction du parterre.

Même qu'on l'avoue : on l'aurait cru encore plus singulier. Davantage dans un univers parallèle, flyé, déjanté. Il l'est, surtout au niveau de la recherche de ses thématiques – non convenues ou banales, et qu'on a jugées riches et pertinentes -, mais n'en devient pas extraterrestre pour autant. Le style de Perizzolo est donc niché moins pointu qu'on pensait, et c'est tout à son avantage. Ça lui permettra de rayonner encore plus, et son talent le mérite.

Ne lui restera, essentiellement, qu'à resserrer un brin le rythme et mieux définir la ligne conductrice de son enchaînement, et on ne trouvera alors que bien peu à redire sur sa proposition, laquelle vogue dans toutes sortes de zones : récit de son périple à Expédition extrême (son imitation de la voix de Dan Bigras est parfaite, et sa façon de raconter le séjour, imagée et percutante), la perception que les autres peuvent avoir de nous, sa conception de la beauté («On va se le dire, il y a des gens qui s'entraînent beaucoup trop pour la face qu'ils ont»), l'évolution de la technologie et du contenu de nos assiettes, les contacts humains à l'ère du téléphone cellulaire, et même le consentement sexuel.

Dernier détail à signaler : l'auteure de ces lignes a assisté à la représentation de Nous du 23 septembre dernier, à la salle L'Entrepôt de Lachine. L'assistance, réceptive, a suivi Martin Perizzolo avec beaucoup de plaisir dans ses délires et, outre ces affaissements mentionnés plus haut, on n'a senti aucune lassitude ou ennui au parterre. Au contraire, les gens paraissaient s'amuser joyeusement.

À la lumière des échos qui ont jailli de la rentrée montréalaise, mardi dernier, il semble que le «grand test» devant les médias se soit plus ou moins bien déroulé pour Martin Perizzolo, notamment en raison de l'immensité de la salle où il déballait son sac, le Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts. Le lieu était peut-être, en effet, un peu trop ambitieux, voire froid, pour convenir à l'unicité d'un Perizz aussi cérébral et réfléchi.

Les endroits plus petits, plus intimes, le serviraient-ils mieux? On pourra peut-être en juger le 17 mars 2018, alors que Martin Perizzolo offrira Nous en supplémentaire au Théâtre St-Denis. D'ici là, on peut prendre connaissance de toutes les dates de sa tournée sur son site officiel.

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