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Le «Pacific Ocean Park» de Le Couleur

Le «Pacific Ocean Park» de Le Couleur

Le trio montréalais Le Couleur propose un album conceptuel tragico-dansant construit autour d’un monde de personnes édulcorées ou de vedettes déchues. Sorte d’univers à la Starmania, Pacific Ocean Park fait survivre ses personnages grâce à des ondes sensuelles, douces et quand même groovy. Rencontre.

L’album est titré Pacific Ocean Park, mais la formation utilise aussi l’acronyme P.o.P. Le jeu de mots est assez facile à comprendre. Pop comme le qualificatif si souvent employé pour décrire une musique. Pop comme dans populaire. Pop comme ces chansons qui parlent de l’amour ou des relations humaines. Pop comme ces compositions qui misent sur des rythmes associés à la danse. Pop comme dans disco-synthé, étiquette musicale à laquelle adhère le trio composé de l’auteure-interprète canado-vietnamienne Laurence Giroux-Do et des musiciens Steeven Chouinard (batterie, séquences électroniques, ordinateurs) et de Patrick Gosselin (basse, clavier, guitare).

«On a commencé le disque pour vrai en novembre 2015, raconte Steeven Chouinard à la table d’un café de la rue Masson à Montréal. On a travaillé en studio dans l’tapis jusqu’en mai. On a dû arrêter quelques semaines parce que Laurence a eu un bébé (Steeven est son amoureux depuis plusieurs années). On a fini complètement l’enregistrement en juin. Ç’a été cool cette fois. Je me souviens que certains autres albums ont été plus pénibles. On ne trouvait pas toujours exactement ce qu’on voulait…»

Celui-ci explique que les années d’expérience en studio ont enfin donné des résultats satisfaisants. De plus en plus à l’aise dans leur univers d’instruments variés et vintage, les deux musiciens auraient vraiment trouvé l’identité de Le Couleur. «On a tout le temps des nouvelles machines (drum machines, synthétiseurs, plug-ins, pédales d’effets, cymbales), mais on est plus en contrôle de notre son. Je pense qu’on a définitivement trouvé notre son.»

Au dire de Patrick Gosselin, la musique de P.o.P. serait définitivement plus assumée par rapport à celle proposée sur le EP Dolce Désir (2015), qui avait été créé un peu dans l’urgence et l’improvisation, disons. «Avec Dolce Désir, on voulait offrir quelque chose pour garder contact avec notre public, indique Gosselin. À la limite, c’était un peu une extension de l’autre EP précédent. On a travaillé beaucoup sur des pièces qui étaient restées dans nos affaires… On l’a bien fait, mais je pense qu’on arrivait à la fin d’un cycle.»

Une house underground

Selon Chouinard, P.o.P. aurait des similitudes avec l’album Vogue de Madonna. Il réfère également au morceau très connu Gypsy Woman (de Crystal Waters), lance Chouinard, avant de chantonner La da dee la dee da / La da dee la dee da… « C’est légèrement inspiré de la house underground. C’est mince. C’est super rythmé. C’est typé de la décennie des années 1990. On s’est inspiré de ça. Sinon, on a fouillé dans les sonorités de synthé et de batterie des belles années ’70. Je pense au disco 1977. Tout ça intégré à des synthétiseurs des années 1980. Avec une voix un peu Françoise Hardy-esque de Laurence… Il fallait juste éviter le pastiche d’une époque précise.»

Avec P.o.P, on reste dans le dolce, la langueur, le plaisir, le romanesque, le désir. L’ambiance générale est somme toute semblable à celle qui se dégageait des disques faits auparavant. Mais la nostalgie est un sentiment beaucoup plus important sur Pacific Ocean Park. Des touches de house et de rythmes disco, notamment, ajoutent aussi une ambiance encore plus dansante. En fait, Steeven et Patrick considèrent que P.o.P est assez différent des EP Voyage Love et Dolce Désir.

«On voulait aller ailleurs. C’est pour ça qu’on a tout fait nous-mêmes. On n’a pas engagé de réalisateur externe (c’est Chouinard a assuré la réalisation). On a juste demandé les services d’un gars qu’on admire beaucoup pour le mixage, qui s’appelle Eric Broucek (The Drums, Neon Indian, Hot Chip, The Juan Maclean, Classixx). Il a travaillé six ans chez DFA Records. Il a joué avec LCD Soundsystem. Il a mixé Holy Ghost! et fait plein d’autres collaborations impressionnantes. On est allé à Los Angeles une semaine pour travailler avec lui...» Pour Patrick Gosselin, collaborer avec Eric Broucek s'est avéré un accomplissement professionnel en soit ! «C’est une star de l’underground dans le mix. Malgré tout, il est humble et très relaxe», dit-il.

D’ailleurs, Le Couleur ne cache pas ses influences, LCD Soundsystem était très significative. Metronomy, Stereolab et Sébastien Tellier font aussi partie du lot.

Mélange de saveurs

Sans la voix de Laurence Giroux-Do, qui apporte une touche très particulière au travail du groupe, peut-être que Le Couleur serait juste un autre groupe de musique électro-pop. En plus, elle semble avoir en elle cette sensibilité pop qui guide ses deux comparses.

«Laurence a vraiment une fibre pour l’accroche. Elle nous ramène de nos égarements de progressif ou de nos trips de geeks, affirme Gosselin. Elle s’assure que ce soit minimalement pop. Et elle tranche quand c’est trop poussé.»

«C’est vrai qu’on a parfois tendance à se perdre dans des punchs à n’en plus finir, des accords bizarres et des drones de synthé, renchérit son acolyte. On a une formation de jazz. C’est bon, mais il faut savoir équilibrer, en général. C’est comme le sucre. Il faut doser. On aime marcher sur la ligne, c’est certain. Les gens se demandent ce qu’on fait… Mylène Farmer? Starmania? Stereolab? Patricia Kass? Peter Bjorn and John?... On mélange les genres. On aime penser que les gens nous trouvent parfois quétaines. On aime créer l’ambiguïté.»

P.O.P. est disponible en format numérique depuis le 28 octobre via Lisbon Lux Records. Il est aussi offert en CD et en vinyle à compter du 4 novembre.

Le Couleur sera sur la scène du Théâtre Fairmount, dans le cadre de Coup de cœur francophone, le 9 novembre. Le groupe offrira aussi une performance au Cercle de Québec, le 26 novembre. À noter que lors des concerts, Philippe Beaudin s’ajoutera au trio pour assurer les percussions.

Une tournée de spectacles accompagnera la sortie de P.o.P.

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