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Le spectre de Marc-Yvan Côté revient hanter Philippe Couillard

Le spectre de Marc-Yvan Côté revient hanter Philippe Couillard
Quebec Premier Philippe Couillard speaks during a conference of New England's governors and eastern Canada's premiers to discuss closer regional collaboration, Monday, Aug. 29, 2016, in Boston. (AP Photo/Elise Amendola)
ASSOCIATED PRESS
Quebec Premier Philippe Couillard speaks during a conference of New England's governors and eastern Canada's premiers to discuss closer regional collaboration, Monday, Aug. 29, 2016, in Boston. (AP Photo/Elise Amendola)

Philippe Couillard nie que l'ex-organisateur politique Marc-Yvan Côté ait joué un quelconque rôle ou eu un mandat dans le cadre de sa campagne à la direction du PLQ de 2012-2013, comme le laissent entendre des courriels obtenus par le Journal de Montréal.

Lors d’un point de presse impromptu ce matin, le premier ministre a insisté pour dire qu'il avait « personnellement » demandé à M. Côté « de ne pas s'impliquer » dans sa campagne, avant même qu'il se lance officiellement. Il dit avoir fait cette intervention après avoir entendu que M. Côté avait « émis l'idée de s'impliquer ».

« J’ai également transmis cette instruction à l’équipe de direction de ma campagne, qui l'[a] répandue dans toute l’organisation », a-t-il poursuivi, ajoutant s'être fait confirmer, au cours des dernières heures, que le message avait bel et bien été fait à l'époque.

«M. Côté n’avait aucun rôle dans l’organisation de ma course à la direction, aucun mandat, aucune autorisation, point final. Si quelque chose a été fait en dehors de mes instructions, c'est à M. Côté qu'il faut le demander, vous pouvez l'appeler.» - Philippe Couillard

Arrêté par l'UPAC au printemps 2016, Marc-Yvan Côté fait face à des accusations de complot, de corruption de fonctionnaires, de fraudes envers le gouvernement et d'abus de confiance au terme d'une enquête sur l'octroi de financement politique en échange de contrats publics.

Il avait par ailleurs été banni à vie du Parti libéral du Canada (PLC) pour son implication dans le scandale des commandites dans les années 1990.

« M. Côté, nous, on ne l’a jamais vu dans nos locaux, on ne l’a jamais vu participer à des événements ni à des réunions d’organisation. Je le sais, a insisté le premier ministre. Tous les membres de mon organisation vous le confirmeront ».

Le chef du PLQ a rejeté d'emblée l'idée qu'une commission parlementaire se penche sur cette affaire, comme le réclament les partis d'opposition. « Je ne vois pas l'intérêt », a-t-il laissé tomber à ce sujet.

Il a par ailleurs précisé n'avoir rencontré M. Côté qu'une seule fois pendant toute la période où il n'était pas en politique active, entre juin 2008 et octobre 2012. « Je me souviens de l'avoir croisé une fois à un souper-bénéfice d'une rivière de pêche, mais c'est tout. Sinon, non. »

Couillard a menti aux Québécois, dit la CAQ

Le chef de la CAQ, François Legault, a accusé, plus tôt ce matin, Philippe Couillard d'avoir menti au Québécois dans le dossier de l'ex-organisateur politique libéral Marc-Yvan Côté.

M. Legault a rappelé que M. Couillard lui avait pourtant dit, le 14 avril 2016, que M. Côté n’avait pas participé à sa campagne au leadership. « Aujourd’hui, on a la preuve du contraire, avance M. Legault. Marc-Yvan Côté s’est impliqué activement pour faire élire Philippe Couillard comme chef du Parti libéral. »

«Philippe Couillard n’a pas dit la vérité aux Québécois et c’est très grave. Le chef du parti libéral doit des explications aux Québécois.» - François Legault

Des courriels intrigants

Un des courriels obtenus par le Journal de Montréal révèle qu'une adjointe de M. Côté a écrit à son patron le 22 mars 2013 pour l'informer que « Josée Lévesque du bureau de Philippe Couillard » voulait lui parler.

M. Couillard avait été élu chef du PLQ cinq jours plus tôt, et Mme Lévesque avait été son organisatrice en chef de la campagne dans l’Est du Québec.

Pressé de questions à ce sujet, M. Couillard n'a jamais pu expliquer quel pouvait être l'objet de cet appel, bien qu'il en ait discuté avec Mme Lévesque mercredi et jeudi matin.

« Elle m'indique, Mme Lévesque, qu'elle n'avait aucune relation avec l'organisation politique dans les contacts qu'elle fait, que ce soit au niveau du parti ou de la course à la direction », s'est-il borné à dire.

« Même si tu étais dans l'ombre, félicitations d'être toujours là »

Dans un autre courriel obtenu par le quotidien, une autre militante libérale, Lise Grondin, remercie M. Côté pour son implication dans la campagne de M. Couillard. Le courriel a été expédié le 17 mars, quelques heures après la victoire de M. Couillard.

« Même si tu étais dans l'ombre, félicitations d'être toujours là, et encore là... reste avec nous, on va en avoir besoin », écrit Mme Grondin. M. Côté lui a répondu le lendemain qu'il était « heureux du résultat », mais qu'il restait - faisant référence à la trésorerie du parti - « beaucoup de travail à faire ».

Lorsqu'on lui a demandé pourquoi Lise Grondin faisait référence à un rôle que M. Côté aurait joué « dans l’ombre », le premier ministre est demeuré circonspect. « Vous lui demanderez. Mme Grondin n’avait elle-même aucun rôle et aucune proximité avec notre organisation », a-t-il assuré.

Toujours selon ces courriels, le vice-président de l’entreprise Premier Tech, Yves Goudreau, se serait assuré que 24 délégués libéraux de sa circonscription votent en faveur de M. Couillard lors de la course à l’investiture du parti.

Or, a rappelé le chef de la CAQ peu avant la conférence de presse du premier ministre, « le gouvernement Couillard a donné 20 millions d’aide à Premier Tech, dont 8 millions de subventions » dans les mois qui ont suivi.

« Rappelons-nous que Sam Hamad, qui était le président de la campagne au leadership de Philippe Couillard, a été exclu du conseil des ministres à cause d’un lobbying illégal de Marc-Yvan Côté auprès de lui pour obtenir de l’aide pour une entreprise qui s’appelle Premier Tech », a-t-il ajouté.

« S’il lui reste un peu d’honneur, je demande à Philippe Couillard d’accepter que lui-même, Sam Hamad, Stéphane Billette, Marc-Yvan Côté et Josée Lévesque comparaissent devant une commission parlementaire pour répondre à toutes nos questions concernant l’implication de Marc-Yvan Côté au Parti libéral et à la course à la direction de Philippe Couillard », a réclamé le chef de la CAQ.

« Les libéraux mentent », selon Lisée

Bien qu’il n’entretienne « aucun espoir » de la voir se concrétiser, le chef de l’opposition officielle et du Parti québécois, Jean-François Lisée, appuie la demande de la CAQ de tenir une commission parlementaire.

« Les libéraux sont les champions du camouflage, de l’absence de transparence, a poursuivi M. Lisée. Ils ne veulent pas la vérité. Ils ne cherchent pas la vérité parce que la vérité est trop dure pour eux. Ils mentent. Ils nous trompent. »

Le chef du PQ a énuméré plusieurs personnes associées au PLQ qui ont été impliquées dans des manquements à l’éthique au cours des derniers mois : le ministre de l’Agriculture, Pierre Paradis, Jacques Daoust, William Bartlett. « Des cas, il y en a tellement que c’est difficile de n’en nommer qu’un, avance M. Lisée.

Il conclut que le « seul remède » contre « ce mauvais feuilleton c’est que les libéraux perdent le pouvoir ».

Le ménage des écuries libérales

M. Legault a remis en question la probité du premier ministre et de son parti lors de ce même point de presse. M. Legault a rappelé le scandale qui avait frappéla Société immobilière du Québec (SIQ)sous Jean Charest qui impliquait un collecteur de fonds du PLQ, William Bartlett.

Le chef de la CAQ rappelle également la proximité de M. Couillard avec le défunt Arthur Porter, accusé dans la foulée du scandale du CUSM dont il avait été le directeur général.

« On a souvent entendu Philippe Couillard dire : « vous ne pouvez pas trouver de preuve qu’il est arrivé quelque chose de croche depuis que je suis arrivé au pouvoir », laissant entendre que c’est dans le temps de Jean Charest que le Parti libéral était corrompu », a poursuivi M. Legault. « Là, on a des preuves du contraire. »

«Philippe Couillard n’a jamais voulu faire le ménage du parti libéral. Le parti libéral est encore un parti de copinage où les amis passent avant l’intérêt public.» - François Legault

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