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Le système de santé: pourquoi ça ne marche pas?

Les causes des problèmes actuels sont multiples, les solutions ne peuvent être uniques.
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Depuis nombre d'années, nous avons la pernicieuse impression que quoique l'on fasse ou quoique l'on en dise, le système de santé ne s'améliore jamais. Malgré les réformes, malgré les négociations et malgré nos savants universitaires, rien n'y fait, les temps d'attente ne rétrécissent pas ostensiblement et l'accès à un médecin demeure une tâche longue et ardue. Pourquoi ?

Le premier réflexe est de chercher un coupable. Là, tout le monde peut s'en donner à cœur joie et les médias ne se gênent pas pour répéter les accusations de tout un chacun. La cible idéale demeure le ministre, puis les spécialistes, puis les médecins, puis les syndicats et les associations professionnelles. Tout le monde y passe. Mais trouve-t-on l'ombre d'une solution pour autant ?

Et si on regardait le problème d'un autre angle

En effet, même si je ne me suis jamais empêché de critiquer notre système de santé et son ministre, je demeure assuré que tout ne dépend pas d'eux. Je suis convaincu qu'au lendemain de sa nomination comme ministre de la Santé, le docteur Barrette ne s'est pas dit qu'il ferait tout en son possible pour détériorer le système de santé. Le même raisonnement s'applique à tout le personnel soignant à partir du médecin spécialiste jusqu'au préposé aux malades qui n'entrent certainement pas au travail en se promettant d'en faire le moins possible aujourd'hui et le plus mal possible. L'attente d'un sauveur qui réglera tous les problèmes du système de santé semble donc illusoire. Nous devons regarder froidement l'état de la situation, chercher de vraies pistes de solution et entreprendre les correctifs qui s'imposeront.

Les patients ont changé

Depuis moins de 50 ans, les problèmes de santé ont bien évolué dans notre population. Nous vivons de plus en plus vieux ce qui a une incidence directe sur la plupart des grandes maladies. Mais non seulement le nombre de maladies et de gens malades augmente, la complexité même de chaque cas a bien souvent augmenté aussi. Nous voyons beaucoup plus de patients atteints non pas d'une, ni de deux, mais bien de trois maladies ou plus. Traiter une personne de 75 ans venant de subir un triple pontage coronarien, qui est obèse, qui souffre de diabète et dont un cancer colorectal vient de se déclarer, voilà un exemple de la complexité à laquelle la médecine d'aujourd'hui doit faire face. Ajoutez à ces traitements tous les tests diagnostiques qui permettront de contrôler et de vérifier l'état général de la personne ainsi atteinte et vous aurez une petite idée de l'ensemble des ressources nécessaires pour traiter de manière optimale de tels cas. Ce n'est plus un patient qui consulte un médecin pour une maladie, il s'agit d'un patient qui consulte un médecin et plusieurs spécialistes et qui doit avoir accès à des techniques de diagnostic multiples et complexes. Ici, le rôle du patient consistera à suivre le mieux possible les recommandations qui lui seront fournies et à se présenter fidèlement à ses rendez-vous. Sinon, il devra du moins aviser qu'il manquera un rendez-vous afin que la plage qui lui était réservée puisse être attribuée à un autre patient. Vu le nombre de consultations, il est primordial pour la santé du système et pour le respect des autres malades d'agir ainsi. Dans un tel contexte, le patient d'aujourd'hui et celui de demain devront réaliser que leurs propres exigences envers le système de santé doivent s'adapter.

Les médecins ont changé

Jusqu'au début des années 1960, au Québec, les hommes devaient travailler de longues heures pour avoir assez d'argent pour faire « vivre » leur famille. Les hommes pouvaient travailler 60 à 72 heures par semaine tandis que leurs épouses s'occupaient des enfants, de préparer la nourriture pour toute cette marmaille, confectionner ou du moins réparer les vêtements, laver la maison, etc. Les médecins n'échappaient pas à cette règle. À l'époque, ils devaient se créer une clientèle qui payait directement pour ses services. Il devait donc faire de longues heures de consultation, aller visiter ses malades pendant qu'ils étaient hospitalisés, faire des visites à domicile et être disponible 24 heures sur 24, 365 jours par année. La plupart ne s'octroyaient même pas une semaine de congé de peur que durant ce temps certains de leurs patients n'aient besoin de lui et finalement se tournent vers un autre médecin plus disponible. À l'époque, perdre un patient était synonyme d'une perte de revenu.

De nos jours, les femmes et les hommes travaillent et s'octroient plus de temps pour des loisirs et des occupations familiales. C'est vrai pour le travailleur d'usine et ce l'est aussi pour le médecin. Il n'est plus à la mode de consacrer 90% de son temps au travail et si nous l'acceptons pour nous, nous devons l'accepter pour les professionnels de la santé.

Les techniques ont changé

Il fut un temps où lorsqu'on soupçonnait une pneumonie, une simple auscultation du patient amenait un diagnostic. L'évolution des connaissances et surtout l'acquisition de nouvelles technologies ont fourni des outils plus précis et plus efficaces pour diagnostiquer une pneumonie. Ces outils diagnostiques existant maintenant deviennent une norme obligatoire pour poser un diagnostic. Le personnel médical doit s'y conformer.

La première piste de solution

Tel que souligné, il faudra cesser d'attendre un sauveur, un genre de Messie qui rebâtira un système de santé amélioré. Les causes des problèmes actuels sont multiples, les solutions ne peuvent être uniques. C'est dans ce sens qu'un bureau des usagers s'impose. Il permettra d'informer régulièrement et en temps réel la population sur l'état du système, sa vision et son futur. Il permettra aussi, dans l'autre sens, à la population d'avoir l'information juste et dépolitisée sur les enjeux actuels et futurs.

La pire des angoisses, celle qui génère du mécontentement et de la grogne, vient de ce terrible sentiment qu'on ne peut rien faire pour améliorer notre système de santé. Donnez aux gens l'outil qui leur permettra d'obtenir toute l'information dont ils ont besoin au moment où ils en ont besoin et vous allez voir la cote d'amour du public envers son système de santé augmenter de manière inouïe. Pourquoi notre ministre actuel ne créerait-il pas le bureau des usagers ? Je crois, comme bien d'autres, que cela lui ferait le plus grand bien, et ce, tant pour les patients du Québec que pour sa cote d'amour dans la population.

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