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Borsellino a souvent contribué aux partis mais nie tout financement illégal

Le témoignage de Borsellino tire à sa fin
Ceic

Guiseppe Borsellino a été interrogé ce matin à la commission Charbonneau par le procureur Simon Tremblay sur le financement des partis politiques municipaux et provinciaux. Il a aussi dû expliquer pourquoi, en 2004, il a financé le comité contre les défusions à Montréal alors qu'il était en faveur de ces dernières.

Le propriétaire de Garnier Construction a admis avoir contribué tant à Union Montréal et Vision Montréal qu'au PQ et au PLQ, et toujours par chèque.

Il a estimé avoir participé à beaucoup plus d'événements de financement du Parti libéral qu'à ceux d'autres partis, provinciaux ou municipaux, soit une vingtaine, contre 10 ou 15 pour Union Montréal et Vision Montréal, et environ 5 fois pour le PQ.

Au municipal, M. Borsellino dit qu'il n'a jamais hésité à appuyer les deux principaux partis montréalais en achetant des billets pour des événements.

« C'est une décision d'affaires que nous avons prise de les appuyer. » — Giuseppe Borsellino

Il soutient avoir toujours contribué par chèque, jamais en argent comptant, sauf pour de petits montants pour l'achat de billet pour des événements officiels de financement. « Selon ce que je me souviens », tient-il à préciser.

M. Borsellino dit aussi avoir croisé, par hasard, une dizaine de fois au restaurant, l'ex-argentier d'Union Montréal, Bernard Trépanier, et peut-être lors de cocktails de financement.

« De ce qu'on m'a dit, c'est lui qui ramassait l'argent pour le parti », a-t-il expliqué, pour ajouter qu'il ne lui a jamais remis de chèque personnellement. Il ne peut par ailleurs expliquer pourquoi il se sont téléphoné cinq fois en 2005, année d'élections municipales, comme en témoigne un relevé téléphonique de M. Borsellino obtenu par la commission.

De l'importance du réseautage

Giuseppe Borsellino reconnaît aussi avoir acheté des billets pour des activités de financement politique de Michel Lalonde, PDG de la firme de génie-conseil Génius, généralement pour le Parti québécois, peut-être 4, 5 ou 6 fois. Il dit avoir, là aussi, toujours payé par chèque.

Il a aussi participé à des événements du PLQ à la demande d'André de Maisonneuve de BPR Triax et, là encore, il a payé par chèque. Les gens qu'on y croisait étaient les mêmes que lors des évènements du PQ, souligne-t-il.

M. Borsellino insiste sur les faits qu'il était à ces événements pour du réseautage, mais est peu loquace sur les bénéfices qu'il en tirait, malgré l'insistance de la commissaire Charbonneau et du procureur Tremblay.

« L'idée du financement c'était d'être présent et d'avoir de bonnes relations de travail. » — Guiseppe Borsellino

« J'aime l'idée d'être proche des partis politiques [...] Je sentais que c'était important pour moi. Pas pour avoir un kickback, juste pour avoir de bonnes relations », a-t-il poursuivi.

Le propriétaire de Garnier Construction a par la suite précisé qu'il n'assiste plus à ces événements depuis 2007-2008 et qu'il est d'ailleurs moins sollicité pour le faire.

« It's a mistake, sir »

Le procureur Tremblay a aussi confronté M. Borsellino sur sa version des faits concernant une somme de 10 000 $ remise à l'ex-organisateur politique Martin Dumont.

M. Borsellino a en effet dit plus d'une fois qu'il avait donné cet argent pour financer la campagne pour les défusions à Montréal en 2004.

« C'était important pour moi les défusions, je voulais que ça se passe, comme citoyen. » — Guiseppe Borsellino

Or, a souligné le procureur, M. Dumont travaillait au comité du non, celui opposé aux défusions. « Vous donnez 10 000$ à quelqu'un qui est contre les défusions, mais vous nous dites haut et fort que vous êtes pour les défusions », lance le procureur à M. Borsellino qui réplique :

« J'ai eu un appel qu'il [Dumont] allait ramasser un chèque [...] Trépanier faisait de la sollicitation pour les défusions et c'est le fin mot de l'histoire. » — Giuseppe Borsellino

M. Borsellino poursuit cependant son explication en rappelant au procureur qu'il avait toujours donné de tous les côtés, au municipal comme au provincial, tout en convenant avoir, en effet, fait un erreur.

Depuis le début de son témoignage, Giuseppe Borsellino a été longuement interrogé sur ses liens avec le crime organisé, sur ses relations étroites avec l'ex-directeur général de la FTQ-Construction Jocelyn Dupuis et sur ses liens avec l'ex-grand patron des travaux publics à la Ville de Montréal, Robert Marcil.

Il a convenu que les contrats publics de la Ville de Montréal faisaient l'objet de collusion. Il a soutenu qu'un ingénieur de la Ville aujourd'hui retraité, Gilles Surprenant, avait été l'instigateur du système. Il a finalement soutenu, hier, que cette collusion s'était poursuivie sans l'appui de Surprenant après 2003-2004.

Giuseppe Borsellino a témoigné avec une prudence évidente. Le procureur Tremblay et les commissaires doivent composer avec ses trous de mémoire et ses réponses évasives, livrées dans un mélange de français et d'anglais.

Débat sur des témoignages sous interdit

Le témoignage de Giuseppe Borsellino est maintenant suivi d'un débat entre les avocats des médias, et les procureurs du Directeur des poursuites criminelles et pénales et de la commission sur l'opportunité de lever en tout ou en partie l'ordonnance de non-publication qui touche plusieurs témoignages portant sur l'affaire Faubourg Contrecoeur.

Une telle ordonnance frappe actuellement une partie des témoignages de Michel Lalonde, PDG de Génius, et de Joseph Farinacci, ex-directeur de la Direction des stratégies et transactions immobilières de la Ville de Montréal, ainsi que l'ensemble du témoignage de Jacques Victor, un spécialiste en appels d'offres.

L'ex-dirigeant de Mivela Construction, Nicolo Milioto, devrait être l'un des prochains témoins de la commission. Il a assisté aux audiences de la commission Charbonneau, mardi et mercredi, en compagnie de sa fille, Elena.

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Tony Accurso

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