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Le temps n’est-il pas venu d’honorer notre porte d’entrée dans le monde?

En tant qu’activiste et féministe, je suis consternée de voir si peu de changements dans les mentalités.
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Avant que le plus haut tribunal d'appel du Canada de l'époque se décide à inclure les femmes dans la définition juridique – en octobre 1929, les femmes n'existent pas aux yeux de la loi. Quatre-vingt-neuf ans après qu'elles soient enfin considérées comme des personnes aptes à prendre leur vie en main, le thème principal du budget fédéral de Justin Trudeau reste l'égalité des sexes. J'hallucine ou quoi ? Pour un peuple qui se dit évolué, je nous trouve pas mal lents à reconnaître le statut de la femme. On attend quoi pour faire la révolution à tous les niveaux ?

En tant qu'activiste et féministe, je suis consternée de voir si peu de changements dans les mentalités. Dans les années 50, certaines familles chrétiennes du Québec coupaient des clitoris (Oui, vous avez bien lu ; d'ailleurs, l'hôpital le plus célèbre pour pratiquer l'excision, dans toute l'Amérique du Nord, était situé sur la rue Des Pins, à Montréal) et 70 ans plus tard, Facebook et Instagram censurent d'une main le tableau « L'origine du monde » de Courbet, et de l'autre, ces réseaux dits sociaux autorisent la propagande de la femme-objet en « couvrant ces vulves naturelles, qu'ils ne sauraient voir », mais en montrant des gros seins artificiels en masse. Où est la logique dans ces contradictions ?

#AgressionsNonDénoncées, #MoiAussi, #BalanceTonPorc... cette vague de hashtags dénonciateurs m'a troublée. Ce qui me choque le plus dans ce mouvement libérateur, ce sont les femmes qui défendent la « liberté d'importuner » des hommes. Comme si ces derniers avaient besoin de Catherine Deneuve et compagnie pour les protéger. En tant que fondatrice du Vagin Connaisseur et productrice du Festivulve (le premier festival des vulves qui aura lieu à Montréal les 9 et 10 juin prochain), je reçois même des insultes lorsque j'associe par inadvertance les mots femme et vulve, car plusieurs personnes ne se lassent pas de marteler que « certains hommes aussi ont des vulves ! » Je ne veux surtout pas nier cette réalité, même si, parfois, j'ai envie de hurler : « Yo ! Les gens en général ne font pas la distinction entre une vulve et un vagin. Les femmes commencent à peine à accepter leur corps qu'il faudrait reconnaître d'emblée les vulves des hommes?! » Mais je me retiens, parce que je sais que cette souffrance est mienne et qu'ils n'y sont pour rien.

On vit à une époque où le modèle actuel encourage davantage les fellations profondes qu'une profonde communication entre les participants.

L'année passée, j'ai écrit un texte lu par plus de 25 000 personnes, intitulé « L'égalité des jouissances », et dernièrement, je suis tombée sur une vidéo abordant la « justice intime ». Ces concepts du plaisir mutuel font réagir, encore en 2018. On vit à une époque où le modèle actuel encourage davantage les fellations profondes qu'une profonde communication entre les participants. À ce stade-ci, je pense qu'il est important de clarifier un point pour éviter les malentendus ; personne n'est obligé de donner un orgasme à personne. Chacun est responsable de sa jouissance personnelle. Par contre, lorsqu'on s'engage dans une relation sexuelle, c'est important de prendre en considération le plaisir de l'autre, non seulement le nôtre. Cette notion est également valide dans la vie en général, je dis ça comme ça.

En cette journée destinée à célébrer la femme, j'en profite pour poser les questions suivantes : le temps n'est-il pas venu d'honorer notre porte d'entrée dans le monde ? Devant le poids du géant pornographique, comment pouvons-nous unir nos forces dans le but de rétablir ce précieux équilibre entre les hommes et les femmes ? En tant que société, n'avons-nous pas le rôle d'inspirer les futures générations... à un rythme plus rapide afin qu'elles puissent bénéficier des résultats ? De quelles façons pouvons-nous orienter le focus sur les valeurs du respect, de l'ouverture et de l'amélioration continue ? Comment l'amour de son prochain et de la différence peut-il reprendre sa place, dès maintenant ?

Je ne prétends pas avoir les réponses, mais j'ose espérer que mes mots susciteront une réflexion dans l'esprit des gens qui m'auront lu jusqu'à la fin.

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