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Le vérificateur général Michael Ferguson perd patience et savonne Ottawa

Peu de ministères sont épargnés dans les rapports de Michael Ferguson.
Sean Kilpatrick/CP

Le vérificateur général du Canada montre des signes grandissants d'impatience face au gouvernement fédéral, à qui il a rappelé de manière grinçante, mardi, que les ministères doivent être construits "autour des citoyens, et non des processus".

Peu de ministères sont épargnés dans les rapports de Michael Ferguson. Et tous semblent atteints du même symptôme: ils affichent des lacunes en matière de reddition de comptes et peinent à offrir "un bon service", source de "frustration croissante" chez les citoyens, déplore l'agent du Parlement.

Le vérificateur général cite en exemple le plan d'action "Par-delà la frontière". Le projet doté d'un budget de 1,1 milliard $, dans lequel ont été investis 600 millions $ jusqu'à présent, devait faciliter la circulation des biens et des personnes à la frontière canado-américaine et renforcer la sécurité.

Or, Ottawa ne peut prouver que la circulation est plus fluide ou que la sécurité nord-américaine s'en porte mieux. Et on trouve dans un rapport sur le plan adopté en 2011 un "tableau incomplet et inexact des progrès accomplis et des coûts engagés", tranche M. Ferguson.

Le chien de garde fustige aussi le traitement réservé aux Autochtones par Service correctionnel Canada, qui accorde des libérations conditionnelles seulement au tiers des détenus autochtones, et par le ministère des Affaires autochtones, où un mélange d'opacité et de compressions entrave le processus de revendication des Premières Nations.

S'ajoutent à ce constat ceux effectués du côté de Transports Canada, où l'on attend que les États-Unis modifient leurs normes de sécurité automobile avant de réviser les normes canadiennes et où le virage vers les technologies du 21e siècle ne semble pas encore avoir été opéré _ le ministère "peut prendre jusqu'à 10 ans pour mettre à jour les règlements", signale Michael Ferguson.

"Par exemple, les règlements interdisent les phares intelligents assistés par logiciel, mais des véhicules semi-autonomes circulent sur les routes canadiennes alors que les logiciels qui les contrôlent ne sont pas encore réglementés", illustre-t-il.

La situation n'est pas plus rose du côté de l'Agence du revenu du Canada, où l'on s'accorde "environ cinq mois pour décider de dossiers simples" et jusqu'à un an avant de communiquer avec les contribuables dont les dossiers sont "moyennement complexes", relève le vérificateur général.

Le ministère de la Défense en prend aussi pour son rhume, ayant échoué à augmenter la représentation féminine dans l'armée et raté ses cibles de recrutement, ce qui laisse présager que l'objectif de 68 000 membres d'ici 2018-2019 ne sera pas atteint, prévient M. Ferguson.

Des dizaines de recommandations formulées par le vérificateur général, toutes sont frappées de la mention "recommandation acceptée". Les ministères ont l'habitude de se faire taper sur les doigts dans ces rapports et de rapidement faire acte de contrition, un peu par automatisme.

Mais cette fois, l'agent du Parlement, qui en est à la mi-mandat, semble à court de patience. Il a donc exhorté le fédéral à passer de la parole aux actes dans le discours accompagnant ses rapports.

Car il n'y a "rien de nouveau dans les enjeux signalés par ces récents audits", et dans certains cas, certains des problèmes identifiés dans le passé "s'aggravent", a insisté M. Ferguson dans cette allocution.

"Les ministères doivent comprendre que leurs services doivent être construits autour des citoyens, et non des processus", a-t-il plaidé.

"Lorsqu'ils travaillent à la mise en oeuvre de nos recommandations, je les encourage à prendre du recul et à réfléchir

à ce qu'ils peuvent faire pour offrir des services qui fonctionnent pour la population canadienne", a conclu Michael Ferguson.

Le gouvernement et l'opposition doivent réagir aux conclusions du vérificateur général un peu plus tard en journée, mardi.

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