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L’esprit de Leonard Cohen souffle sur le MAC

Un évènement unique qui revisite la production artistique de Leonard Cohen.
Valentin Flauraud / Reuters

Le Musée d'art contemporain de Montréal (MAC) inaugure une exposition multidisciplinaire exceptionnelle sur l'immense héritage musical de Leonard Cohen à travers des propositions conceptuelles d'artistes de divers horizons. Un an après le décès du grand poète de la chanson, l'occasion de réfléchir sur ses rêves, ses doutes, son histoire personnelle et son immortalité.

Conçue telle une célébration envers un artiste d'exception, l'expo, dont le titre Une brèche en toute chose/A Crack in Everything reprend les paroles d'une des dernières chansons de l'artiste, se parcourt à travers six salles du musée. Habités par une ambition folle, le directeur de l'institution, John Zeppetelli, et le commissaire, Victor Shiffman, ont œuvré durant deux ans afin d'offrir cet évènement unique qui revisite la production artistique de Leonard Cohen.

Aussi monumental soit-il, Cohen n'a jamais voulu d'une exposition sur lui de son vivant. Décédé le 7 novembre 2016 à 82 ans, ce qui aurait pu devenir une sorte de commémoration sur son génie s'est alors muée en une forme de réflexion respectueuse sur les thèmes fétiches qu'affectionnait l'artiste comme l'amour et le désir, la perte et la rédemption. L'exposition est à ce titre un tour de force puisqu'elle parvient à mettre à nu la simplicité et l'humilité du personnage en marge de la sphère rock et folk tout en l'inscrivant à l'intérieur d'une destinée musicale exceptionnelle.

L’esprit de Leonard Cohen souffle sur le MAC

Une diversité des points de vue

Parmi les 20 œuvres imaginées par 40 artistes internationaux, tout Cohen est là ou presque. Sa voix de plus en plus grave et sensuelle, sa sagesse, son humour ironique, ses mots, sa profondeur, ses chansons et son sourire mélancolique. Ainsi, Kara Blake a regroupé des entrevues données par Cohen durant sa carrière. Sans fioriture et souvent pince-sans-rire, l'auteur-compositeur et interprète y aborde sa vie, son imaginaire et ses amours. Plus d'une heure de concerts à 360 degrés avec Passing Through de George Fok où l'on voit, sur des écrans en diffusion simultanée, des images d'archives montrant l'artiste sur scène interpréter ses morceaux sur cinquante ans de tournée aux quatre coins du globe.

À l'image de l'artiste inclassable, tous ces retours au cœur d'une carrière foisonnante sont illustrés par certains montages audacieux qui révèlent les multiples influences. C'est le cas de la Sud-Africaine Candice Breitz qui est venue enregistrer à Montréal la reprise a capella de l'album I'm Your Man par 18 admirateurs anonymes du regretté chanteur. Pour le cinéaste israélien Ari Folman (Valse avec Bashir) qui participe ici à son premier projet muséal, l'idée de faire jouer le magnifique Famous Blue Raincoat pendant que le visiteur s'allonge sur un sofa installé dans sa «chambre de dépression» est l'opportunité de traiter du chagrin et de la tristesse par le biais d'une expérience intime bourrée de symboles sacrés et profanes issus du vocabulaire de Cohen.

L'œuvre holographique des frères Sanchez reproduisant le bureau et la présence de Cohen à Los Angeles ou le cycle de performances de la chorégraphe québécoise Clara Furey s'inscrivent dans cette diversité des points de vue. Se souvenant que l'artiste littéraire aimait se définir comme un «rossignol dépressif», la Britannique Tacita Dean touche en plein dans le mille avec son film Ear on a Worm projeté au plafond du musée. On aperçoit un oiseau, grandeur nature, perché sur un fil téléphonique pendant la durée exacte de la chanson Bird on a Wire.

Sa judéité, ses relations tiraillées avec Israël et la Palestine sont également abordées via une compilation d'objets et d'artéfacts témoignant de sa visite au Proche-Orient à l'époque de la guerre du Kippour. Ajoutons la rubrique nécrologique publiée dans le New York Times et aussi cet orgue au charme suranné dont les touches activées convoquent la voix de Cohen récitant des morceaux de ses propres poèmes. C'est avec ce genre de propositions que le MAC dépasse l'idée du spectaculaire pour se rapprocher au plus près de l'essence d'un artiste discret constamment nourri par sa propre vulnérabilité.

Exposition – Leonard Cohen - Une brèche en toute chose/A Crack in Everything – Au Musée d'art contemporain de Montréal (MAC) – Du 9 novembre 2017 au 9 avril 2018.

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