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Les Chrétiens du Maroc ne veulent plus se cacher pour célébrer Noël

Ils expriment leur vœu, celui d’exercer leur culte en toute liberté.
Sasiistock via Getty Images

"Dans deux semaines, c'est la commémoration de la naissance de Jésus. Nous souhaiterions prier ce jour-là d'une manière publique". Les Chrétiens du Maroc expriment leur vœu, celui d'exercer leur culte en toute liberté. A l'approche de Noël, ils lancent un appel à la reconnaissance et à la coexistence dans une lettre que leur coordination a publié à l'occasion de la journée mondiale des droits de l'homme, le 10 décembre.

Adressée au chef du gouvernement, aux présidents des deux Chambres du parlement et au président du Conseil national des droits de l'homme (CNDH), cette lettre décrit la détresse de toute une communauté religieuse. "Nous voulons faire notre prière publiquement sans avoir peur", revendique la Coordination des Chrétiens du Maroc, résumant les attentes "les plus urgentes" de cette communauté religieuse en trois points, tous liés à la pratique du rituel chrétien: la prière, l'enterrement et le mariage.

"Nous sommes constamment surveillés. Lors des prières, certes, personne ne nous empêche de pénétrer dans une église, mais les agents de la sûreté sont toujours présents"

"Nous ne voulons pas nous rendre dans une église pour y suivre la prière comme des spectateurs. Nous voudrions pouvoir diriger nous-même, Chrétiens du Maroc, la prière sous les commandes d'un pasteur marocain", explique au HuffPost Maroc le coordinateur des Chrétiens du Maroc, Mustapha Soussi. Et de préciser que la communauté chrétienne marocaine compte plusieurs pasteurs marocains ayant décroché leur diplôme de différents pays, dont la Jordanie, l'Égypte et le Liban. "Nous sommes constamment surveillés. Lors des prières, certes, personne ne nous empêche de pénétrer dans une église, mais les agents de la sûreté sont toujours présents", souligne le coordinateur.

Pour ce qui est de l'enterrement, Mustapha Soussi indique que les Chrétiens du Maroc n'ont pas de cimetière réservé. "Nous n'en disposons pas, contrairement aux Chrétiens résidant dans un autre pays qui, eux, en bénéficient au Maroc, grâce à leur statut d'étrangers", précise-t-il. Et d'ajouter que "la communauté chrétienne marocaine veut enterrer ses morts selon le rite chrétien", "mais nous ne pouvons pas le faire dans un cimetière musulman".

Pour le mariage, Mustapha Soussi précise que les Chrétiens du Maroc "sont obligés de passer par les adouls, car il n'y a pas de possibilité, à ce jour, d'acter un mariage civil chrétien au Maroc".

Des revendications humaines

La coordination des Chrétiens du Maroc attend que ses revendications liées à l'exercice de la liberté du culte soient prises en considération. Et de souligner, dans sa lettre, qu'il s'agit de revendications légitimées par "les conventions internationales des droits humains et les orientations du roi du Maroc".

Qualifiées d'"humaines" et de "minimes pour les croyants chrétiens du Maroc", ces revendications, précise la coordination, ont été soumises "récemment au CNDH". "Nous avons remis nos revendications au secrétaire général du CNDH, Mohamed Sebbar, qui nous a affirmé que le Conseil fera son travail et que ses recommandations seront transmises au chef du gouvernement", indique Mustapha Soussi.

Le HuffPost Maroc a pris contact avec le CNDH pour prendre connaissance de son avis sur l'appel lancé par la coordination des Chrétiens du Maroc et dont il est l'un des destinataires, mais le Conseil national des droits de l'homme n'a pas souhaité donné suite à notre demande.

En attendant, les Chrétiens du Maroc continuent de clamer leur droit à la liberté de culte et à sa pratique, conformément aux dispositions de la constitution. L'article 41 de cette dernière stipule que le roi est "le garant du libre exercice des cultes". Pour la coordination, c'est une reconnaissance au plus haut niveau qu'il est temps de mettre en exécution.

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