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Les dirigeants occidentaux sont responsables du terrorisme

Le phénomène récent du terrorisme à prétention religieuse islamique est le résultat direct des politiques colonialistes des grandes puissances occidentales.
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Ce qu’il faut retenir de tout ceci est que le phénomène récent du terrorisme à prétention religieuse islamique est le résultat direct des politiques impérialistes et colonialistes des grandes puissances occidentales.
Thaier Al-Sudani / Reuters
Ce qu’il faut retenir de tout ceci est que le phénomène récent du terrorisme à prétention religieuse islamique est le résultat direct des politiques impérialistes et colonialistes des grandes puissances occidentales.

Récemment, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre du Québec, Philippe Couillard se sont permis de demander à la communauté musulmane de « faire plus » pour dénoncer et combattre les idées qui inspirent les auteurs de certains attentats terroristes.

Au-delà du fait que cette supplique est un cliché basé sur un mensonge, vu que la grande majorité des musulmans n'ont aucune sympathie pour ces groupes ultra-radicaux et leurs actions, elle nous pose la question de la responsabilité première pour ce phénomène qui n'en finit plus de faire des victimes un peu partout dans le monde. En examinant un peu l'histoire du dernier siècle, on doit en arriver à la conclusion que ce sont les grandes puissances occidentales qui sont responsables du terrorisme à prétention islamique.

Churchill et les Saoud

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, les pays victorieux se sont partagé les dépouilles de l'Empire Ottoman. Ce sont les Britanniques qui ont raflé la plus grande part du gâteau, notamment grâce aux efforts d'un de leurs agents, un certain T.E. Lawrence. Celui-ci avait tissé des liens de confiance avec la dynastie Hachémite, alors au pouvoir dans la région de la Mecque. Ces rois arabes espéraient former un seul grand État pour englober une bonne partie des anciennes possessions ottomanes.

C'est à Winston Churchill, alors ministre des colonies, qu'il reviendra de mettre en pratique la bonne vieille tactique consistant à diviser pour mieux régner. Il va superviser le morcellement des territoires arabes par la mise en place d'une série de petits royaumes concurrents, dont certains seront dirigés par des Hachémites (Irak, Jordanie). Aussi, la France a réclamé sa part du butin en prenant le contrôle du Liban et de la Syrie à la suite d'un traité bilatéral signé avec la Grande-Bretagne. Pour ce qui est de l'Arabie proprement dite, le gouvernement britannique appuiera les ambitions de la famille Saoud, issue de la région du centre de la péninsule et animée par une interprétation ultra-fondamentaliste de l'islam, le wahhabisme.

Les nouveaux contrats d'armements signés par Trump cette année ne sont que la continuité de cette politique de complicité entre l'impérialisme occidental et la monarchie saoudienne.

Tous reconnaîtront que c'est de cette version de l'islam que s'inspirent des groupes comment Al Qaeda, les Talibans ou Daesh. Mais peu savent ou veulent bien admettre que si le wahhabisme est si influent, c'est d'abord parce que l'Empire britannique a décidé qu'il était un allié pour le contrôle néocolonial du Moyen-Orient, dont on venait à l'époque de découvrir les riches réserves de pétrole. En 1922, l'armée britannique a été envoyée en renfort pour soutenir le nouveau roi Saoud contre une rébellion d'une partie de ses sujets. Les nouveaux contrats d'armements signés par Trump cette année ne sont que la continuité de cette politique de complicité entre l'impérialisme occidental et la monarchie saoudienne.

Reagan et le djihad antisoviétique

Quand l'armée de l'URSS est arrivée en renfort en Afghanistan en soutien à un régime ami menacé par des insurgés, le gouvernement des États-Unis a décidé de faire de cette guerre le Viet Nam de leur rival. Le journaliste étasunien Steve Coll a remporté un prix Pulitzer pour sa description détaillée de ce « djihad américain » alimenté par de l'argent saoudien (merci Churchill!) et encadré par les services de renseignement pakistanais. Commencée sous l'administration Carter, l'opération a pris son essor durant les années Reagan. Le président républicain a même comparé les dirigeants de la guérilla aux « Pères fondateurs » des États-Unis, luttant pour la liberté !

Ce sont les vétérans de cette guerre qui ont par la suite mis sur pied la nébuleuse Al Qaeda, incluant le GIA algérien. Et ce sont dans les zones du nord du Pakistan, peuplées par des réfugiés, que seront éduqués et organisés les jeunes Talibans (élèves en arabe), dans des écoles financées à partir d'Arabie Saoudite.

Bush et le chaos iraquien

À la suite des attentats du 11 septembre 2001, George W. Bush a lancé une invasion de l'Afghanistan qui, 16 ans plus tard, ne semble pas donner de résultats probants autres que de favoriser le commerce de l'opium. Loin de s'arrêter au seul pays pouvant être désigné comme indirectement responsable des attentats (étant donné que Oussama Bin Laden y avait élu domicile), il entreprit également l'invasion et l'occupation totalement illégale et injustifiée de l'Irak.

Le monde entier savait qu'il s'agissait d'une guerre d'agression et donc d'un crime grave. L'opposition à cette invasion a notamment été l'objet de la plus grande activité humaine coordonnée de toute l'histoire, avec les manifestations de dizaines de millions de personnes le 15 février 2003. Plusieurs se doutaient aussi que cette action motivée par des intérêts géopolitiques et économiques allait déstabiliser toute la région et causer des dommages sans nom. C'est de cette guerre qu'est né le Groupe armé dit « État islamique » (Daesh). Elle est également responsable en grande partie pour la destruction de la Syrie et la souffrance de millions de réfugiés.

Ce qu'il faut retenir de tout ceci est que le phénomène récent du terrorisme à prétention religieuse islamique est le résultat direct des politiques impérialistes et colonialistes des grandes puissances occidentales.

Nous aurions pu ajouter à cette liste de crimes impérialistes le coup d'État contre le gouvernement progressiste de Mossadegh en Iran en 1953, les guerres coloniales de la France en Algérie et bien d'autres. Ce qu'il faut retenir de tout ceci est que le phénomène récent du terrorisme à prétention religieuse islamique est le résultat direct des politiques impérialistes et colonialistes des grandes puissances occidentales. Comme je l'ai appris du militant d'origine marocaine Jawad Skalli lors de la mobilisation contre la guerre du Golfe de 1991, à chaque occasion, l'impérialisme se place du côté des forces sociales et politiques réactionnaires dans les pays arabes et musulmans. C'est pour s'en faire des complices contre les mouvements nationalistes ou de gauche dans ces pays et des alliés contre leurs rivaux. Ne soyons pas dupes devant les paroles condescendantes des dirigeants occidentaux qui voudraient mettre le blâme pour les crimes de ces fondamentalistes sur le dos des centaines de millions de musulmanes et de musulmans qui n'ont rien à y voir.

Références:

Steve Coll, Ghost Wars : The secret history of the CIA, Afghanistan and Ben Laden, from the Soviet invasion to September 10, 2001, New York, Penguin books, 2004 (prix Pulitzer 2005).

Mark Curtis, Secret Affairs : Britain's Collusion with Radical Islam, Profile Books, London, 2010.

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