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«Les Frères cueilleurs» d'Alaclair Ensemble : «le rap est notre dénominateur commun» (VIDÉO)

«Les Frères cueilleurs» d'Alaclair Ensemble : «le rap est notre dénominateur commun» (VIDÉO)

Alaclair Ensemble a souvent été qualifiée de formation un brin insaisissable. Elle était aussi considérée comme très avant-gardiste. Sortir du cadre, explorer les zones moins fréquentées, brasser les genres est une attitude qui a toujours défini les six membres du collectif qui a fait sa marque au Québec depuis sa naissance, il y a environ 7 ans. Avec le nouvel album Les Frères cueilleurs, les gars ont mis le cap vers sur une destination bien connue : le rap. Or, cette fois, la proposition générale est plus resserrée. Rencontre.

Disons ceci : on est de plus en plus loin du post-rigodon dont Alaclair Ensemble était pratiquement le porte-étendard. Mais bon, sans être aussi éclaté que les trois disques précédents, Les Frères cueilleurs n’en est pas moins vidé de toute originalité (ou de folie). Soulignons que le titre du premier morceau de l’album est Coucou les coucous. L’absurde, le déjanté, le satirique imbibent encore les textes d’Alaclair Ensemble.

En fait, c’est assez difficile de résumer ce que raconte le groupe sur ce disque de 13 pièces. Des milliers d’idées luisent dans le ciel de Maybe Watson, Robert Nelson, KenLo, Claude Bégin et Eman. Comme sur les trois précédents disques proposés par Alaclair Ensemble, les membres chantent en français, anglais et même espagnol (notamment sur DWUWWYL).

Vlooper

C’est du côté de la musique que la différence est flagrante par rapport aux autres productions. Le rap a grandi et, oserions-nous dire, maturé. Cette fois, la musique est signée Vlooper (Louis-Nicolas Imberau). Il a déjà composé, avec Claude Bégin, plusieurs morceaux offerts sur les albums précédents d’Alaclair, dont Les maigres blancs d’Amérique du Noir (2013) et Toute est impossible (2014). Il avait également attiré notre attention grâce à l’album XXL (paru en septembre 2014), fait en collaboration avec Eman, son comparse d’Alaclair Ensemble.

«Cette fois, c’est que lui qui a fait les beats, explique Robert Nelson, dans un café montréalais. D’autres personnes ont bien entendu donné leur avis, mais grosso modo il s’est occupé de la musique, de la réalisation, du mixage et du matriçage.»

«Au tout début du groupe, on avait un besoin de faire du rap autrement, poursuit-il. Après avoir fait trois albums qui ont touché à plein de genres différents, on avait envie de créer un disque qui propose un rap dans une approche plus classique. C’est-à-dire des rappeurs qui chantent sur un beat. De ce point de vue, ça touche davantage Vlooper que Claude, qui tend plus vers l’exploration, le mélange des genres musicaux. C’est donc un peu normal que Vlooper ait assuré la réalisation du nouveau disque. Dans les textes aussi, on est plus posé. C’est plus dense et moins pop, par contre, que sur les derniers efforts.»

Nouvelle approche

Même son de cloche du côté de son comparse, Maybe Watson. «Je pense que l’album se tient bien. Ça passe moins du coq à l’âne. Je crois que c’est ce que les gens vont apprécier. Ç’a fait plus de sens, d’une chanson à l’autre. Auparavant, ça changeait souvent de registre. Il y avait une révolte contre les codes classiques. Alaclair nous a permis de nous défaire des conventions, de casser les moules. Aujourd’hui, on est ailleurs. Les Frères cueilleurs, c’est comme la fin d’un processus.»

Le producteur Mash, qui avait mis l’épaule à la roue pour les autres albums, n’a pour ainsi dire rien fait sur Les Frères cueilleurs. Il faut mentionner qu’il vit maintenant en Ontario. Cela dit, le morceau Humble French Canadiens, serait une sorte d’hommage à son égard. «Mash répétait toujours qu’il faisait les choses comme un humble french canadien, indique Robert Nelson. On a adapté son expression pour une toune d’Alaclair Ensemble. On ne dit pas qu’il n’y a pas d’autres messages cachés dans ça…On peut penser à tout ce qui découle de cette humilité québécoise qui a de bons et de mauvais côtés.»

Rugosité et liberté

C’est en deux sessions de chalet (une semaine en juillet 2015 et une autre en janvier 2016) que les six artisans du groupe ont concocté et enregistré Les Frères cueilleurs. Ils n’ont fait rien d’autre, ou presque, sinon se coucher tard et se lever tôt.

«Notre manière de travailler a été encore très spontanée. On n’avait pas de plan trop précis. On voulait juste quelque chose de plus rugueux et de très libre. Carrément, on avait envie de rapper. Au milieu de tous les projets parallèles des gars d’Alaclair, le dénominateur commun de tous, c’est le rap.»

Durant de nombreuses minutes à la fin de l’entrevue, Robert Nelson et Maybe Watson ont partagé le souhait que certains représentants de l’industrie de la musique, dont les radios commerciales, s’adaptent aux gouts des Québécois pour le rap. Selon eux, le travail est encore immense… Pourtant, le rap est devenu un genre musical populaire qui génère des revenus substantiels pour certains artistes d’ici (ils nomment l’ami Koriass) et d’ailleurs.

Passablement homogène, le nouvel album renferme néanmoins un mini OVNI, à savoir le morceau DWUWWYL (cet acronyme signifie Do What U Want With Your Life), qui clôt le disque. «C’est un funk qu’on a brainstormé KenLo et moi dans une soirée DJ, affirme Maybe Watson. On faisait un beat duquel on s’est inspiré pour DWUWWYL. C’est une ligne (série de mots) qui, étrangement, n’existe pas dans le monde de la musique. Au chalet, on a ramené l’idée et la chanson est née. Elle a tout son sens sur l’album parce qu’elle ouvre vers de nouveaux horizons.»

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Mentionnons qu’Alaclair Ensemble s’est associé au respecté label québécois Disques 7ème Ciel, qui se spécialise dans le rap.

Le groupe offrira deux spectacles-lancements à Québec et Montréal : le 9 septembre au Cercle et le 16 septembre au Club Soda.

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