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Les libertariens: les marxistes de la droite

UBER, le système de taxi fonctionne avec la même vision soit celle du libre marché extrême et le démantèlement des politiques d'encadrement de nos gouvernements.
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À mon âge avancé, je n'avais jamais entendu parler des libertariens. Il faut avouer qu'ils sont peu nombreux au Québec, mais certains détiennent des postes-clés. Le parti politique existe depuis 1971 aux États-Unis où plusieurs mouvements de droite pullulent. Ses partisans favorisent à la base la plus grande liberté individuelle en toute chose et le gouvernement le plus mince, libre d'impôts et qui ne donne que les services de base nécessaires.

Pour mieux comprendre le titre de ce texte, disons qu'à la gauche du centre, on trouve le socialisme de modéré (comme la social-démocratie) jusqu'à la ligne extrême soit le communisme de la doctrine marxiste. À la droite de l'échiquier, résident le libéralisme modéré et classique, le capitalisme, le progressisme, le conservatisme et à l'extrême droite les libertariens purs et durs que j'ai baptisés les marxistes de la droite. Simpliste comme présentation, mais c'est la façon la plus simple de séparer le puzzle.

Les libertariens préconisent de se battre pour l'abolition de l'impôt et la fin des banques centrales, d'être en faveur du mariage gai et le port d'arme, la défense de la vie privée et la légalisation de la prostitution ou des drogues, la fin des frontières et le «droit à la discrimination», et bien évidemment la privatisation de tous les services gouvernementaux y compris l'éducation et la santé.

Les partisans prônent le sens des responsabilités personnelles et non gouvernementales, le respect des autres et le respect de la propriété. Tim Moen, candidat aux élections canadiennes de 2015, a résumé le libertarianisme moderne en faisant campagne avec ce slogan: «Je veux que les couples gais mariés puissent défendre leurs plants de marijuana avec leurs fusils.»

Sur le plan économique, ils excluent toutes formes d'interventionnisme, telles celles du gouvernement. Aspirent à abolir l'État-providence. Soutiennent les politiques migratoires. Aucune intervention internationale, l'armée ne servant qu'à défendre le pays en cas d'agression. Ils sont vraiment les purs et durs de la liberté.

Ils ne font pas que repenser le monde, mais veulent le transformer. Comme au New Hampshire, le plus petit État des États-Unis avec seulement une population de 1,3 million, où ils souhaitent s'investir pour y établir le libertarianisme (curieux mot). Déjà cet État prêche la minceur de son administration et a aboli l'impôt et la taxe de vente. Les revenus sont les taxes foncières, l'alcool, la restauration et l'hôtellerie.

Près de 2 000 libertariens de partout s'y regroupent chaque année, en camping pendant une semaine, avec fusils, pour fêter allègrement leur doctrine, en discourir et la vivre. Un style Woodstock. Aucun policier et on n'y déplore aucun incident. Et à leur départ, tout est d'une propreté exemplaire. Tout se déroule dans le respect des autres selon leur philosophie et en toute liberté. Plusieurs d'entre eux ont choisi de s'établir au New Hampshire espérant qu'un nombre de 20 000 libertariens suffirait à imposer cette vision. Déjà neuf d'entre eux siègent au gouvernement. Ils ont baptisé leur projet «Free State Project».

D'autre part, faut-il rappeler que Steve Jobs, l'un des fondateurs de Apple adhérait à la philosophie libertarienne. De telle sorte que ses partenaires comme Tim Cook et autres continuent dans la même veine. Tout comme les autres géants de Silicon Valley tels, Google, Apple, Facebook, Amazon, Twitter, PayPal, Yahoo, Intel préparent avec sérieux une myriade d'îles flottantes pour y loger leurs entreprises en dehors de toutes juridictions gouvernementales et opérer selon la philosophie libertarienne.

Prenons un exemple, celui d'Apple qui refuse de payer ses taxes municipales qui s'élèvent à 50 millions de dollars sous la menace de quitter San Francisco avec ses 40 000 employés. La ville a dû plier l'échine pour ne pas perdre autant de citoyens qui contribuent à l'économie locale. Pendant ce temps, Apple a instauré un système de bus privé pour voyager ses employés exclusivement sans utiliser le transport en commun public.

Apple qui a fait des profits de 200 milliards de dollars pour ses activités de par le monde n'a payé que 12 millions de dollars en impôts aux États-Unis. Pour ce faire, il a délocalisé son siège social, en Irlande, une coquille vide, où Apple a négocié un impôt de seulement 2% au lieu du 33% des États-Unis, puis de diriger les profits vers plusieurs paradis fiscaux.

Son président, cofondateur d'Apple, a déclaré devant une commission parlementaire américaine que son système est tout à fait légal, ce qui est vrai. Mais certainement immoral. Maintes autres compagnies utilisent le même subterfuge. Les États-Unis s'affairent à corriger la faille. J'évite les trop longs détails qui nécessitent de complexes explications.

La philosophie derrière les célèbres évasions fiscales consiste à verser le moins d'argent aux gouvernements afin qu'ils ne grossissent pas, soit la philosophie de minceur libertarienne. Ces milliardaires comme tous les autres sont convaincus de rendre service à l'humanité. Ils sont moins frileux pour s'enrichir. Ils sont si nombreux. Même au Canada et au Québec. Je me questionne pourquoi nos gouvernements agissent si mollement dans le dossier de l'évasion fiscale. Ils hébergent des gens décisionnels qui pensent de la même façon, des libertariens.

UBER, le système de taxi fonctionne avec la même vision soit celle du libre marché extrême et le démantèlement des politiques d'encadrement de nos gouvernements. Uber vaut maintenant 50 milliards de dollars. Il opère dans l'illégalité partout, perturbe l'industrie du taxi et (depuis un an et demi) est toléré par nos gouvernements pour la raison mentionnée ci-dessus. Parmi les financiers de cette entreprise, on retrouve évidemment Google.

Pour écrire ce texte j'ai dû me farcir maintes lectures dont le Washington Post, le New York Times, Le Monde, Le Figaro, L'Observateur, La Presse, Le Journal de Montréal, L'Actualité et une enquête à la télé française. Et le site du parti au Québec et au Canada. Ce seul sujet comblerait un livre facilement.

Lisez d'autres textes de Claude Bérubé en visitant son blogue Leptitvieux.com

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Mai 2017

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