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«Les Loups» de Sophie Deraspe: les Madelinots à la vie à la mort (ENTREVUE/PHOTOS/VIDÉO)

«Les Loups» de Sophie Deraspe: les Madelinots à la vie à la mort

Dans son nouveau film, assez remarquable, Les loups, Sophie Deraspe (Les signes vitaux) aborde la quête identitaire à travers l’environnement sauvage, presque inhospitalier, des Îles-de-la-Madeleine durant la saison hivernale. Défendue par une distribution de haut calibre, Evelyne Brochu, Louise Portal, Benoît Gouin et Gilbert Sicotte, l’œuvre est également une magnifique ode à la survivance.

«Les Loups» de Sophie Deraspe

La cinéaste vient des Îles-de-la-Madeleine. En fait non, c’est plutôt son père qui est Madelinot. Ce qui n’a pas empêché Sophie Deraspe de garder un lien viscéral avec cette mince fine de terre ancrée au cœur du golfe du Saint-Laurent.

«Je connais très bien l’endroit, même si je n’ai jamais vécu aux îles une année complète, lâche-t-elle en entrevue pour Le Huffington Post Québec. On y allait au moins une fois par an.»

La réalisatrice s’est toujours sentie habitée par les lieux. Une fascination qui l’a poussée à réaliser Les loups, son troisième long métrage de fiction en salles depuis vendredi. «Je voulais parler d’une communauté isolée qui m’inspire en abordant ses rapports complexes avec la nature», raconte-t-elle.

Les phoques, le vent, la marée et la spiritualité sont les terrains bruts et glacials du film. «J’ai posé ma caméra sur une nature plus forte que les hommes», confie-t-elle.

Deraspe se souvient encore du tournage, une véritable aventure hivernale. «Pendant 25 jours, on a été balayé par les aléas climatiques. Les conditions météo ont obligé l’équipe technique à faire preuve d’une grande humilité. La tempête que je voulais pour le film, il nous a fallu l’attendre. Et lorsqu’elle est arrivée, il fallait être tous prêts», raconte-t-elle.

L’esprit de meute

Campé en plein hiver, Les loups s’attarde sur l’arrivée surprise d’une jeune étudiante de Montréal, interprétée par Evelyne Brochu. Les habitants des îles – jamais nommés au cours du film – ne comprennent pas ce que «l’étrangère» vient faire ici en basse saison. Ils l’accueillent avec curiosité et méfiance.

Au fil du récit, on comprend assez vite qui sont les loups: les Madelinots eux-mêmes. «Le titre fait effectivement référence à cette meute d’hommes et de femmes qui vivent serrés entre eux, confirme Deraspe. Ils chassent, se nourrissent et se protègent ensemble. Ils savent qu’ils sont une espèce controversée.»

Le portrait de ces loups n’est pas tendre. La réalisatrice n’a pas voulu cacher les travers ni les défauts d’une communauté d’insulaires soudée, mais qui peut faire preuve d’une grande violence. «J’aborde mon travail le plus sincèrement possible, dit-elle. C’était évident que je n’allais pas enjoliver les habitants des îles. C’est en les abordant de front, sans hypocrisie et sans mensonge, que l’on va être à même de les aimer.»

Le coup de cœur d’Evelyne Brochu

La cinéaste a offert le rôle principal à Evelyne Brochu, et ce pour plusieurs raisons. «C’est une jeune femme très intelligente qui sait jouer avec son intuition. Et puis, elle est d’une grande photogénie. Tout fonctionne chez elle. J’avais envie de filmer son visage, la blancheur de sa peau, la pâleur de sa chevelure.»

De son côté, Evelyne Brochu a vu dans le film de Deraspe l’occasion de découvrir une partie du Québec qui reste peu visité. «Je me suis senti chez moi dès que je suis arrivé dans les îles, explique-t-elle. Il y a quelque chose chez ces gens-là qui me fait vraiment vibrer.»

Après le tournage, l’actrice en amour des Îles-de-la-Madeleine y est retournée plusieurs fois. «Ils m’ont toujours accueilli d’une manière exceptionnelle. L’esprit de communauté y est très fort. Les habitants se soucient les uns des autres. De nos jours, c’est très rare de voir ça», dit-elle.

Son personnage arrive seul sans prévenir. Comme la saison de la chasse au phoque s’ouvre bientôt, les insulaires se demandent si elle n’est pas à la solde des écologistes, surtout la matriarche du clan, incarnée par Louise Portal, dans un de ses plus beaux rôles.

«Oui, elle débarque avec une idée précise dans la tête, affirme Brochu. Elle se laisse dériver. Ses rapports avec les locaux vont progressivement se détériorer. Ils doutent sur son identité. Pourtant, rien ne les aura préparés à ce qu’ils vont découvrir.»

Ce rôle, l’actrice l’a porté en elle longtemps. «L’expérience m’a rappelé que l’humain est au cœur de nos vies. La quête d’appartenance est un sujet universel. Il y a peu de films qui proposent d’incarner des figures aussi profondes», conclut-elle.

Les loups – Les Films Séville – Drame – 107 minutes – Sortie en salles le 27 février 2015 – Canada, Québec, France.

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