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Les publicités du 150e du Canada déjà critiquées

Les publicités du 150e du Canada déjà critiquées

Plus d'un million de dollars ont été dépensés sur les médias sociaux pour la publicité du 150e anniversaire du Canada au cours de la dernière année, selon les estimations du gouvernement fédéral obtenues par Radio-Canada. L'opposition déplore que ces sommes se retrouvent dans les coffres d'entreprises qui « ne payent pas d'impôt au Canada ».

Un texte de Philippe-Vincent Foisy.

Sur les 4 millions de dollars prévus en achats publicitaires, quelque 1,15 million seront dépensés sur les réseaux Facebook, Twitter, Instagram et YouTube. Les conservateurs et les néo-démocrates espèrent que cet argent pour promouvoir les festivités aura des retombées canadiennes.

« On sait que Google et Facebook [accaparent] 70 % [des revenus publicitaires] sur les médias sociaux », explique la députée conservatrice Sylvie Boucher.

Oui, il faut rejoindre les gens – tout le monde est sur les médias sociaux –, mais il faut qu’on ait des ententes avec ces compagnies pour qu’il y ait des retombées canadiennes.

Pierre Nantel, du NPD, craint lui aussi que les géants américains qui ne « payent pas d’impôt au Canada » profitent de ces sommes. Il déplore du même coup la tendance du gouvernement fédéral à transférer une grande partie de ses achats publicitaires vers le numérique, ce qui a des conséquences pour les journaux et la télévision au pays.

La ministre du Patrimoine, Mélanie Joly, a défendu cette façon « de promouvoir le contenu », rappelant que le gouvernement « fait aussi de la publicité dans les médias traditionnels ».

« Dans le contexte du 150e, on veut rejoindre le plus de Canadiens possible et il y en a 20 millions sur Facebook », a-t-elle indiqué.

Du côté du ministère des Finances, impossible de confirmer que les géants numériques payent de l’impôt au pays. Dans un courriel, on nous a affirmé que « les entreprises étrangères de médias sociaux sont assujetties aux mêmes règles d’application générale que toutes les autres entités étrangères […] Celles qui font des affaires au Canada par l’entremise d’un établissement stable sont généralement imposables sur leur revenu, sujet aux dispositions de la Loi de l’impôt sur le revenu. »

De nombreux géants comme Facebook, Google, Amazon et Apple sont fréquemment accusés de vouloir échapper aux impôts en investissant dans les pays où la fiscalité est plus favorable. Facebook pourrait être condamnée aux États-Unis à payer jusqu'à cinq milliards de dollars pour avoir tenté de cacher ses avoirs.

Le contenu sous surveillance

Les conservateurs et les néo-démocrates surveilleront aussi le contenu des messages publicitaires pour éviter que les libéraux utilisent les fonds publics pour une « campagne d’auto-congratulation ».

« Quelle sera la nature du message? Sera-t-il rassembleur avec de l’information, ou est-ce que ça sera plutôt une espèce de propagande, de tapes dans le dos libéral », s’interroge le député néo-démocrate Pierre Nantel.

Même son de cloche chez les conservateurs qui veulent éviter que les fonds publics servent à des projets qui teintent l’histoire.

« Le 150e anniversaire, ça appartient à tout le monde! L'histoire, qu’elle fasse notre affaire ou non, il faut en relater les vrais éléments », fait valoir la députée conservatrice Sylvie Boucher.

Selon elle, le gouvernement doit éviter de produire du contenu qui « oublie » certains aspects de notre histoire collective, comme ce fut le cas avec la controversée série The Story of us, produite par CBC.

Pas question de faire de la politique avec les célébrations et leur publicité, promet la ministre du Patrimoine, Mélanie Joly. Elle rappelle que le Conseil du Trésor a établi des règles claires pour que la publicité ne soit plus partisane.

« On va les garder à l’œil, parce qu’on sait que les libéraux ont tendance à dépenser plus que prévu, rappelle Sylvie Boucher. On va sûrement critiquer, mais je vais être la première à les féliciter si je dois le faire. »

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