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Les religions et leurs textes sacrés incitent-ils à la violence et à la radicalisation?

Il est clair que la religion ne peut pas porter la responsabilité de toutes violences; d'autres éléments peuvent être aussi en cause.
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Les récents attentats contre des militaires canadiens à Saint-Jean-sur-le-Richelieu et à Ottawa ont révélé un profond malaise quant aux véritables causes reliées à la radicalisation de certains individus. De manière générale les médias ont cherché des réponses du côté des services de renseignements, des différents corps policiers, des spécialistes en politique internationale et en santé mentale, jusqu'aux politiciens des deux paliers de gouvernement. Il est bien étrange, cependant, qu'on ne fasse pas appel aux spécialistes en sciences des religions, à ceux qui s'adonnent à l'étude du phénomène religieux de manière critique. On ne tolère guère la critique des pratiques et croyances des minorités religieuses - et pourtant, le regard critique sur la tradition chrétienne est bien accepté, et avec raison! Mais d'où vient cette gêne à l'égard de la religion juive et musulmane? Est-ce par souci d'être « politiquement correcte » ou par crainte de mépriser les principes de tolérance, d'ouverture et de liberté? Mais on ne peut pas ignorer les mécanismes de la radicalisation religieuse. Elle se produit lorsqu'un individu désillusionné et en profonde crise identitaire s'accroche à une idéologie absolutiste, en vue de trouver sens à sa vie. Les conséquences sont le dévouement aveugle à une cause jugée véridique et la solidarité avec un groupe qui partage les mêmes idées.

Quoi qu'il en soit, lorsqu'il s'agit d'idéologie religieuse en lien avec la violence, les textes sacrés en sont le point de départ. Que ce soit la Bible hébraïque pour les juifs, le Nouveau Testament pour les chrétiens ou le Coran pour les musulmans, tous contiennent des références pouvant inciter à la violence. Par exemple, le problème israélo-palestinien n'est pas strictement politique; ce conflit est aussi d'ordre religieux et s'appuie sur l'idée qu'Israël doit posséder la « terre promise », ce pays que le Dieu de la Bible hébraïque aurait promis à son peuple élu. Et pourquoi les États-Unis défendent-ils davantage les intérêts d'Israël, si ce n'est que la majorité des Américains croient que les Juifs ont été choisis par Dieu? D'ailleurs, il est très mal vu de critiquer les actions militaires d'Israël contre les Palestiniens aux É.-U. Les politiques quant au territoire d'Israël et de la violence qui s'ensuit découlent indubitablement des textes sacrés juifs, que les chrétiens appellent l'Ancien Testament. L'attaque des derniers jours contre Yéhuda Glick, un militant juif d'extrême droite et la mort de son agresseur Muataz Hijazi, résulte aussi d'un conflit religieux lié aux sites sacrés du Mont du Temple et de l'esplanade des Mosquées.

Le Nouveau Testament, texte sacré de la religion chrétienne, contient lui aussi son lot de références à la violence. D'abord, le christianisme estime que le contenu de sa propre révélation divine est supérieur à celui des juifs, puisqu'il s'agit maintenant d'un Nouveau Testament par rapport à ce qui est ancien, dépassé et carrément supplanté. Nous n'avons pas le temps d'épiloguer sur l'histoire des croisades, mais il est clair que les textes sacrés ont incité les chrétiens à partir en guerre en vue du contrôle de Jérusalem. Plus récemment, les discours de George W. Bush invitant les Américains à partir en guerre contre l'« axe du mal » foisonnaient de références aux textes bibliques. Mais la violence se lit aussi dans les enseignements attribués à Jésus. Dans un texte des évangiles, Jésus admet qu'il sera l'objet de conflits, car ceux qui veulent être ses disciples doivent « haïr » père et mère, femme et enfants, frères et sœurs. Certains croyants cherchent désespérément à adoucir la dureté de telles paroles, disant qu'il ne faut pas en faire une lecture trop littérale; Jésus ne veut pas dire « haïr », mais plutôt « moins aimer » les membres de sa famille; moins les aimer que lui, bien sûr! Mais une telle interprétation ne fait pas justice à ce texte.

Pour ce qui est du Coran, il est difficile de nier qu'il s'y trouve des passages incitant à la violence, et ce qui est parfois plus compliqué, c'est que ces références ont très peu de contexte narratif. Ils se présentent simplement comme des injonctions directes. Il pourrait donc être plus facile de lire le Coran sans regard critique, surtout si le texte est perçu comme étant d'inspiration divine. Il importe de souligner que la Bible hébraïque contient encore plus de textes violents que le Coran. En somme, tous ces textes sacrés font référence à la violence. Mais la violence se résume-t-elle aux guerres et attentats terroristes? Elle est aussi manifeste à chaque fois qu'une religion exclut des gens en raison de leur genre ou de leur orientation sexuelle. Peu savent que de telles exclusions sont d'ailleurs prescrites dans ces textes sacrés.

Il est clair que la religion ne peut pas porter la responsabilité de toutes violences; d'autres éléments peuvent être aussi en cause. Cela étant dit, quel rapport doit-on entretenir avec de tels textes aujourd'hui? La stratégie interprétative adoptée par une grande majorité de croyants désirant conserver leurs textes sacrés consiste à donner un sens spirituel ou allégorique aux passages qui incitent à la violence. Mais une telle approche sert souvent d'excuse pour ignorer les textes à caractère violent. On évite ainsi de traiter du problème en cause. Juifs, chrétiens et musulmans croient que chacun de leur propre texte est l'expression parfaite de la volonté divine. Mais nous affaire à trois textes différents et contradictoires à bien des égards. Quel est donc le véritable texte inspiré de Dieu? Ce dilemme épistémologique devrait inciter les croyants des trois monothéismes à développer un regard plus critique par rapport à leurs textes sacrés. Ces livres ne sont pas « tombés du ciel », mais ils ont tous été écrits par des individus à une époque lointaine et révolue.

En terminant, il ne s'agit pas ici de critiquer les gens, mais les mauvaises idées pouvant nuire au bien-être de la société. C'est d'ailleurs pourquoi nous devrions nous laisser guider par des valeurs humanistes, et résister à toute forme de violence prescrite par ces textes dits « sacrés ».

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