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Les Trois Accords et l'OSM: presque romantique (PHOTOS)

Les Trois Accords et l'OSM: presque romantique
David Kirouac

Qui aurait cru que les chansons des Trois Accords pouvaient sonner romantiques et envoûtantes? Sur la Place des Festivals, mercredi, il y avait beaucoup de frissons dus au vent et au temps frisquet, bien sûr, mais les envolées lyriques de la soprano Roseline Lambert, du baryton Patrick Mallette, de même que les voix unies des membres du groupe sur les arrangements du chef Simon Leclerc et les rythmes des 75 musiciens de l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM), avaient également de quoi donner la chair de poule.

Peu de spectateurs avaient respecté la consigne ordonnée par Juste pour rire et Les Trois Accords, d’enfiler une tenue de soirée, mais on les comprend : la température n’encourageait guère les mondanités. Par contre, ils étaient nombreux à vouloir vivre ou revivre l’union des Trois Accords et de l’OSM, qui avait fait vibrer une première fois la Maison symphonique en octobre dernier. Au total, 60 000 personnes ont franchi les tourniquets du site de Juste pour rire mercredi et, en soirée, le périmètre établi devant la Scène Vidéotron était rempli à pleine capacité. La foule s’étendait jusqu’à la rue Sainte-Catherine et, de l’autre côté, frôlait presque le boulevard de Maisonneuve. On estime donc qu’au moins 35 000 mélomanes ont profité de cet événement classique hors-normes.

Les Trois Accords et l'OSM à Juste pour rire

Solennel

Au début, quelques-uns ont eu un petit choc en comprenant que Simon Proulx, Alexandre Parr, Charles Dubreuil et Pierre-Luc Boisvert, les quatre visages des Trois Accords, allaient demeurer assis sur la terrasse VIP pendant toute la première partie du spectacle.

«C’était un de leurs plus grands souhaits, de pouvoir assister à l’un de leurs propres concerts», a expliqué le chef d’orchestre, Simon Leclerc, à l’assistance.

Mais cette première portion n’allait pas décevoir. Car, dans quel autre contexte aurions-nous pu entendre Hawaïenne en allemand, avec l’air intense et presque fâché du baryton Patrick Mallette au refrain, et Saskatchewan en russe, du timbre féminin de la soprano Roseline Lambert? Imaginez-vous un instant la finale triomphante de Tout nu sur la plage sous les applaudissements nourris, la version de Dans mon corps en italien, avec des mots qui ne ressemblent pas du tout à la langue française, et la relecture longue et langoureuse de Caméra vidéo. Essayez de ne pas pouffer de rire à la seule pensée de la gracieuse Roseline Lambert qui entonne, le plus sérieusement du monde, «mais les confitures de canneberges et les compotes d’atocas» de Elle s’appelait Serge, et le sourire paisible de la dame, qui évoque le «léopard tueur» de Grand champion.

Or, au-delà de l’aspect humoristique de ces revisites, les airs des Trois Accords, entre les mains des artistes de l’OSM, sont devenus solennels, et quiconque ne les aurait pas connus à l’avance aurait pu croire qu’il s’agissait bel et bien de matériel d’opéra. En russe, en allemand et en italien, on n’y voyait (ou entendait) que du feu!

«Terrible histoire»

Quand Les Trois Accords sont entrés en scène, ils ont d’abord témoigné leur bonheur d’être là, puis la prestation a pris une autre direction.

Un fil conducteur liait désormais les neuf morceaux qui restaient. Le présentateur Sébastien Leblanc, entre les pièces, a raconté la «terrible histoire, probablement vraie» (comme on nous l’a souligné) qui a mené à la création de l’album J’aime ta grand-mère, le dernier-né des Trois Accords, paru à l’automne 2012. Grosso modo, cette légende veut qu’Alexandre Parr soit tombé amoureux de la grand-maman de Simon Proulx lors d’une visite à l’institut pour personnes âgées. Coup de foudre, fréquentations en cachette, découverte du terrible secret par Simon, déni et ensuite acceptation de ce dernier et, enfin, tactique d’Alexandre pour être lui aussi admis à l’institut et être auprès de sa douce, la romance s’est matérialisée dans nos oreilles au fil de Son visage était parfait, Personne préférée, Exercice, Les amoureux qui s’aiment, J’aime ta grand-mère, C’était magique, Bamboula, Je me touche dans le parc et, finalement, Retour à l’institut. Chacune minutieusement retravaillée par l’OSM et rendue différemment de leur sonorité habituelle grâce aux harmonies vocales des Trois Accords. C’était de toute beauté.

L’idée de cette comédie musicale parlée était fort judicieuse. Le public a véritablement joué le jeu, écoutait attentivement et réagissait beaucoup aux propos du narrateur, Sébastien Leblanc. «Tout le monde est heureux car l’amour gagne toujours», a épilogué ce dernier avant que Retour à l’institut n’emplisse le Quartier des spectacles et que des ballons colorés ne soient lancés dans l’air. L’interprétation de J’aime ta grand-mère a été une autre parcelle inoubliable de cette collaboration entre Les Trois Accords et l’OSM, alors que plusieurs ont levé leurs bras bien haut et chanté en chœur le désormais célèbre refrain.

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