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La lettre du patron de Groupon où il annonce aux salariés avoir été "viré" surprend par son autodérision

"J'aimerais passer plus de temps avec ma famille. Je plaisante. J'ai été viré"
Reuters

LICENCIEMENT - Un licenciement est toujours une mauvaise nouvelle. Mais certains le prennent mieux que d'autres. C'est le cas de Andrew Mason, patron et co-fondateur du site Groupon, l'entreprise phare des bons plans sur Internet. Dans une lettre pleine d'autodérision adressée à ses salariés jeudi 28 février, Andrew Mason a annoncé avoir été "viré", à cause des de mauvais résultats persistants et de la dégringolade de son cours de Bourse.

"Après quatre années et demie intenses et formidables comme directeur général de Groupon, j'ai décidé que j'aimerais passer plus de temps avec ma famille. Je plaisante. J'ai été viré", a-t-il écrit dans cette lettre qu'il a aussi affichée sur son compte Twitter "parce qu'elle fuitera de toute façon".

Une annonce peu commune sur la forme qui n'a pas manqué de faire réagir les internautes surpris en bien par le ton de la lettre.

Les réactions sur Twitter dans ce diaporama:

L'authenticité de la missive a été confirmée par un porte-parole de Groupon. Le groupe a annoncé pour sa part de manière plus diplomatique dans un communiqué un "changement de direction", et le remplacement avec effet immédiat de M. Mason par le président exécutif de son conseil d'administration, Eric Lefkofsky, et le vice-président, Ted Leonsis. "Si vous vous demandez pourquoi... Vous n'avez pas fait attention", poursuit M. Mason dans sa lettre.

"J'ai des comptes à rendre"

"Les événements de la dernière année et demie parlent d'eux-mêmes. En tant que directeur général, j'ai des comptes à rendre", estime-t-il, évoquant les mauvais résultats des derniers trimestres et le cours de Bourse du groupe. Il avait déjà sauvé sa place de justesse en novembre, la presse spéculant déjà à l'époque sur son éviction. Il n'aura finalement pas résisté à de nouveaux mauvais résultats et à une énième séance boursière noire jeudi, qui a vu l'action plonger de 24%.

Groupon avait lancé, début novembre 2011, la plus grosse introduction en Bourse pour une société internet depuis celle du géant Google (c'était toutefois avant celle six mois plus tard d'un autre géant, le réseau social Facebook). L'action, entrée sur la Bourse électronique Nasdaq à 20 dollars, a perdu depuis plus des trois quarts de sa valeur, et le groupe, qui avait selon la presse refusé fin 2010 de se faire racheter par Google pour 5 à 6 milliards de dollars, a actuellement une valorisation boursière de moins de 3 milliards.

Perte nette de 67 millions de dollars pour 2012

Groupon a certes connu une croissance explosive depuis sa création en 2008, avec plus de 200 millions de membres qui reçoivent chaque jour ses offres d'achats groupés à tarifs réduits. Mais le marché s'interroge sur les limites de son modèle d'activité, que semble confirmer l'accumulation de résultats décevants ces derniers trimestres.

Le groupe avait encore annoncé mercredi soir une perte nette de 67 millions de dollars pour l'année 2012, et prévenu que la croissance de son chiffre d'affaires allait ralentir avec une prévision très en-dessous des attentes des analystes pour le trimestre en cours. M. Mason se dit malgré tout "terriblement fier" de ce qu'il a réalisé, mais estime qu'il "est temps de donner à Groupon une soupape de décompression". Les échanges électroniques suivant la clôture de la Bourse de New York semblaient lui donner raison: l'action se reprenait de 4,42% à 4,73 dollars vers 23h50 GMT.

Bank of America Merrill Lynch a néanmoins indiqué dans une note à ses clients qu'elle restait "prudente sur le modèle d'activité du groupe", en résumant: "changement de directeur général, mais mêmes problèmes de composition de l'activité".

Pendant que le conseil d'administration de Groupon lui cherche un successeur, M. Mason dit vouloir "prendre du temps pour décompresser" et "recherche un bon camp d'amaigrissement (...), si quelqu'un a une suggestion". Dans son dernier message sur Twitter jeudi soir, il annonçait: "OK, c'est bon pour les recommandations pour le camp d'amaigrissement. Vous pouvez arrêter. Merci".

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