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Jean-François Lisée, inquiet, écrit à Julian Fantino au sujet de l'aide canadienne en Haïti

Jean-François Lisée écrit à Julian Fantino
PC

MONTRÉAL - Le ministre québécois des Relations internationales, Jean-François Lisée, craint que la décision d'Ottawa de suspendre le financement de nouveaux programmes d'aide humanitaire en Haïti se transforme en désengagement complet.

En point de presse à Montréal, vendredi, M. Lisée a qualifié de «très malheureux» les propos récemment tenus par le ministre fédéral de la Coopération internationale, Julian Fantino, qui a dénoncé les progrès «limités» réalisés par Haïti depuis le terrible tremblement de terre de janvier 2010, qui a fait plus de 250 000 morts.

Le ministre a notamment déploré que M. Fantino ait comparé la situation en Haïti à celle de la République dominicaine voisine, cette dernière ayant été très peu touchée par le séisme.

«J'ose espérer que les gens de l'ACDI (Agence canadienne de développement international) et les gens des ONG vont convaincre le ministre qu'il a mal lu la situation, parce que s'il fallait que le Canada se désengage de son aide à Haïti, qui est avec l'Afghanistan son principal lieu d'intervention, ce serait dramatique pour des situations réelles de survie d'un certain nombre d'Haïtiens», a déclaré le ministre Lisée.

Celui-ci a rappelé que trois ans après le séisme, les infrastructures haïtiennes demeurent en piètre état. Plus de 300 000 Haïtiens n'ont toujours pas de toit et le Palais national, complètement effondré, n'a pas encore été reconstruit.

Jean-François Lisée a fait savoir qu'il avait écrit à M. Fantino pour exprimer ses préoccupations et demander une rencontre rapide entre hauts fonctionnaires de Québec et d'Ottawa sur la question.

«Que le gouvernement fédéral se demande de temps à autre si l'aide est efficace, c'est parfaitement légitime, a indiqué M. Lisée. Nous avons nous-mêmes fait une revue de l'efficacité de nos programmes en 2011 et nous nous sommes rendus compte que dans 80 pour cent des cas, les objectifs étaient réalisés et qu'il y avait la permanence de nos actions après la fin de chacun de ces programmes.»

Le ministre péquiste a noté que dans les semaines suivant le séisme, la communauté internationale s'était réunie à Montréal et avait promis à Haïti d'être à ses côtés pour la reconstruction du pays.

Dans une boutade, Jean-François Lisée a invité Ottawa à transférer au Québec les sommes actuellement consacrées à l'aide humanitaire en Haïti.

«Si le gouvernement fédéral décide qu'il ne veut plus intervenir en Haïti et qu'il veut nous donner ces sommes-là pour qu'on les gère, on va les gérer avec plaisir, a-t-il lancé. Je peux vous dire une chose: si le Québec était souverain, jamais un ministre québécois n'aurait prononcé les paroles que le ministre Fantino a prononcées. Ça, c'est certain. Jamais on ne mettrait les Haïtiens dans une situation où ils ne savent pas pendant plusieurs mois ce qui va se passer avec les programmes d'aide, ça c'est une certitude. Nos moyens en tant que province du Canada sont limités et on ne peut pas remplacer l'ACDI, c'est clair. La seule façon pour nous de remplacer l'ACDI, c'est de faire la souveraineté.»

M. Lisée a fait valoir qu'une suspension trop prolongée de l'aide canadienne affecterait la portée de l'action du Québec en Haïti, puisque plusieurs projets soutenus par Québec reçoivent également un financement de l'ACDI.

Mais quoi qu'il arrive, Québec continuera à venir en aide à Haïti en collaboration avec les ONG présentes dans le pays et l'Organisation des États américains, a assuré le ministre.

Depuis 2006, Ottawa a versé environ 1 milliard $ en aide humanitaire en Haïti.

Les contributions de Québec ont été beaucoup plus modestes. Tout de suite après la tragédie, le gouvernement a versé 3 millions $ à cinq ONG présentes dans le pays, dont la Croix-Rouge. D'autres annonces plus modestes ont suivi par la suite.

Le mois dernier, le ministère des Relations internationales s'est engagé à verser 100 000 $ au Consortium interuniversitaire pour la relance du système éducatif haïtien, composé d'universités canadiennes et haïtiennes.

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