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Locataire à perpète

On dramatise peut-être les conséquences de ces nouvelles règles hypothécaires taillées sur mesure pour une partie du Canada, mais le jovialisme de Carlos Leitao est imprudent.
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Le gouvernement du Québec applaudit à 2 mains les nouvelles règles hypothécaires d'Ottawa qui limitent l'accès à la propriété.

Carlos Leitao, le ministre des Finances, a salué en Chambre ce resserrement qui serait la «meilleure chose» qui peut arriver dans la situation économique actuelle.Il était interrogé par les oppositions péquiste et caquiste qui redoutent, à juste titre, que pour refroidir le marché immobilier de Toronto et Vancouver on ne donne un coup de frein à notre économie, et, surtout, empêche les jeunes générations d'acquérir une première propriété.

Le ministre des Finances du Québec se fait rassurant et parle d'un effet temporaire auquel «on va s'ajuster».

Son vis-à-vis fédéral, Bill Morneau, craint une bulle immobilière et a demandé à la SCHL (Société centrale d'hypothèque et de logement) de rendre l'accès à la propriété plus ardu. Déjà, la durée d'une hypothèque a été ramenée de 40 à 25 ans.

Depuis la semaine dernière, les acheteurs qui n'ont pas 20% pour la mise de fonds de départ doivent vivre avec taux d'intérêt qui est le double de celui du marché (4,6% au lieu de 2,4% environ) pour une hypothèque de 5 ans. Ces malheureux devront se soumettre à un «test de stress» financier qui permettra de mesurer leur capacité à effectuer leurs paiements. La norme a été fixée à 44% du revenu.

Beaucoup de jeunes célibataires et de jeunes familles se heurtent à la nécessité d'allonger 20% de comptant lors de l'achat d'un condo ou d'une maison.

L'APCHQ (Association des professionnels de la construction et de l'habitation) s'est alarmée. Elle prévoit que les mises en chantier vont plonger de 18%. Elle estime que 74% des propriétaires actuels, qui ont une résidence de 270,000$, ne rencontreraient plus les nouvelles exigences.

Le marché de la revente sera également affecté et les agents immobiliers sont sur les dents. Un citoyen a souvent plusieurs propriétés durant sa vie, la difficulté c'est de m'être le pied à l'étrier lors du premier achat en économisant le «cash down».

Mettre de côté 40-50-60,000$, ç'est beaucoup demander à des jeunes qui débutent leur carrière.

J'ai fait une entrevue récemment avec le jeune (28ans) député de Louis-Hébert, Joël Lightbound, élu dans la fournée de Justin Trudeau.

Ce dernier, qui fait partie du caucus jeune du PLC, racontait que les jeunes députés sont préoccupés par l'accès à la propriété et devaient faire des propositions à Bill Morneau.Il faut en déduire qu'ils n'ont pas été écoutés ou n'ont pas eu le temps de faire du lobby efficace.

La surchauffe immobilière est un problème réel à Vancouver (hausse de 34% au dernier trimestre) et à Toronto (hausse de 12%). À Montréal, la progression a été de 5% seulement, ce qui ne commande

pas des mesures aussi draconiennes.

L'achat d'une résidence, ou d'un condo, demeure un des meilleurs placements long terme qui résiste aux aléas de l'économie.C'est bien souvent l'actif le plus solide des gens qui arrivent à la retraite. Combien de consommateurs sont devenus propriétaires, car ils pouvaient étaler leur hypothèque sur 40 ans?

On dramatise peut-être les conséquences de ces nouvelles règles hypothécaires taillées sur mesure pour une partie du Canada, mais le jovialisme de Carlos Leitao est imprudent.

Le Québec se définit depuis toujours comme un «un peuple de locataires». Les propriétaires y sont moins nombreux que dans le test du Canada (61% versus 70%) et ce ne sont pas avec les nouvelles contraintes que la situation va changer.

Les boomers vont-ils, après en avoir profité, fermer derrière eux la porte de l'accès à la propriété?

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Mai 2017

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