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Pangea: l'UPA furieuse d'éventuels investissements de la Caisse de dépôt et du Fonds de solidarité FTQ

La Caisse de dépôt et le Fonds de solidarité investiront chacun 10 millions de dollars.
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Les dirigeants de l'Union des producteurs agricoles (UPA) se disent surpris et furieux d'apprendre que la Caisse de dépôt et placement du Québec et le Fonds de solidarité FTQ sont sur le point d'investir 20 millions de dollars dans l'entreprise Pangea. Ils demandent au gouvernement du Québec de bloquer cette transaction.

Selon le quotidien Le Devoir, Pangea annoncera ce vendredi que la Caisse et le Fonds de solidarité investiront chacun 10 millions de dollars dans le cadre d’une ronde de financement de 50 millions. Les dirigeants de l'UPA sont opposés à ce que l'argent de ces fonds permette d'appuyer une entreprise qu'ils critiquent depuis des années.

Pangea est une société d'investissements qui achète des terres agricoles et s'associe avec des producteurs pour partager les actifs et développer la production. Elle a été cofondée par le Saguenéen d'origine Charles Sirois et Serge Fortin, et possède déjà plusieurs hectares au Lac-Saint-Jean.

L'UPA lui reproche de faire grimper la valeur des terres agricoles, qui deviendraient ensuite hors de prix pour la relève. L'entreprise soutient pour sa part qu'elle propose un nouveau modèle d’entrepreneuriat agricole en partenariat avec les agriculteurs, lesquels sont « au coeur des décisions en ce qui a trait au développement et à la gestion de ces terres agricoles ».

« Cette participation financière de la Caisse et du Fonds de solidarité, deux organismes mis en place grâce aux fonds publics, représente une concurrence insoutenable et déloyale qui empêchera, à toutes fins pratiques, le développement des entreprises familiales et de la relève », a réagi le président général de l'UPA, Marcel Groleau.

Pour le président de l'UPA du Saguenay-Lac-Saint-Jean, Mario Théberge, les investissements de la Caisse de dépôt et du Fonds de solidarité FTQ viendraient nuire au maintien des fermes familiales.

Je tombe en bas de ma chaise d'entendre que le Fonds de solidarité investit là-dedans, quand on a démontré que ce n'est pas ça, l'avenir du Québec.

— Mario Théberge, président régional de l'UPA

« On a tout le temps démontré que ce n'est pas la façon qu'on envisage le développement des fermes familiales. L'occupation du territoire, ce n'est pas les multinationales qui vont l'occuper. Parce que les rangs se vident. C'est comme ça qu'on dit que les Caisses populaires vont fermer, c'est comme ça que les bureaux de poste ferment, que les écoles manquent de classes pour justifier une rentabilité. On ne parle pas de développement dans ce temps-là. C'est le contraire », a soutenu Mario Théberge à l'émission Café, boulot, Dodo, sur ICI RADIO-CANADA PREMIÈRE.

« Je vous dirais que la moyenne d'âge des producteurs agricoles au Québec doit être autour de 54-55 ans. Ça va prendre de la relève tantôt. Et comment peut-on préparer une relève avec des investisseurs qui ont des fonds qui sont illimités? C'est inéquitable », ajoute-t-il.

Un très mauvais modèle, selon Alexandre Cloutier

De son côté, le député de Lac-Saint-Jean, Alexandre Cloutier, affirme que l'approche de Pangea est un « très mauvais modèle pour le développement régional, pour le développement de l'industrie agricole ».

Je trouve que c'est un manque de jugement flagrant de la Caisse de dépôt et des grands financiers de ce monde, qui se pensent tout permis, qui pensent que tout est à acheter et tout est à vendre.

— - Alexandre Cloutier, député de Lac-Saint-Jean

« Je trouve ça extrêmement problématique parce qu'à mon point de vue, les terres agricoles doivent appartenir aux agriculteurs, point final », a-t-il soutenu en entrevue à l'émission Café, boulot, Dodo. Ça ne doit pas appartenir à des banquiers, à des financiers, à des fonds de retraite qui, dans le fond, viennent diversifier leur portefeuille en achetant la propriété des terres », a-t-il ajouté.

« Moi, ce que je veux, c'est que les agriculteurs ne tirent pas juste profit de l'exploitation de la ferme agricole, mais tirent éventuellement profit aussi de la valeur et de l'augmentation [de la valeur] des terres agricoles », propose-t-il.

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