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Quand l'argent pour la lutte contre les agressions sexuelles se fait rare

Quand l'argent pour la lutte contre les agressions sexuelles se fait rare

Le dernier plan d'action du gouvernement québécois contre les agressions sexuelles s'est terminé en 2013. Depuis ce temps, peu de nouvelles initiatives ont vu le jour.

Un texte d'Hugo Lavallée

En 2001, Québec a adopté un premier plan d'action en matière d'agression sexuelle. En 2008, un autre plan a suivi, doublé d'un investissement de 60 millions de dollars sur cinq ans. Le gouvernement Couillard s'est engagé à déposer rapidement un plan de lutte global contre l'exploitation sexuelle, mais il se fait toujours attendre.

Les choix difficiles de Viol-Secours

Viol-Secours, à Québec, a bénéficié directement du plan de 2008 en recevant un plus grand financement. Cet organisme s'est donné pour mandat de prévenir les agressions sexuelles. L'intervenante sociale Géraldine Massoungue visite les écoles secondaires, les cégeps, les centres jeunesse et les maisons de jeunes pour sensibiliser les adolescents aux dangers qui les guettent.

Qu'est-ce que l'exploitation sexuelle? Quelle forme devrait prendre un consentement libre et éclairé? Les questions sont nombreuses. « Ce sur quoi on attire l'attention des jeunes, c'est vraiment d'être vigilant face aux situations avec lesquelles ils ont un malaise, d'en parler [...], de ne pas rester dans leur silence », explique l'intervenante.

Lorsqu'il est déjà trop tard, l'organisme offre du soutien aux victimes, notamment en organisant des groupes de discussion. « Parfois, il y a des jeunes qui identifient qu'ils en ont déjà vécu [des agressions]. Des fois, c'est comme une révélation », raconte Mme Massoungue.

Malgré une hausse constante des demandes, le budget de Viol-Secours est pratiquement resté stable.

Chaque année, l'organisme doit faire des choix difficiles. « L'impact, c'est entre autres notre intervenante jeunesse qui ne travaille pas à temps plein. Nous aimerions essayer de trouver le financement nécessaire pour qu'elle puisse être à temps plein et bien répondre à la clientèle jeunesse », explique la directrice générale de l'organisme, Julie Tremblay.

Moins de prévention

Partout au Québec, la situation est la même dans les organismes d'aide et de lutte contre les agressions sexuelles, fait valoir Mélanie Sarroino, du Regroupement québécois des centres d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (RQCALACS).

Quand l'argent se fait rare, c'est souvent la prévention qui en souffre.

« Plusieurs vont privilégier l'aide directe auprès des victimes, parce que souvent, elles sont en crise ou c'est une urgence. Donc évidemment on ne veut pas leur fermer la porte au nez, et ça, c'est au détriment de ce qu'on peut faire comme prévention dans les écoles. »

— Mélanie Sarroino, du RQCALACS

À quand un nouveau plan?

Depuis 2013, les nouvelles initiatives se sont faites plus rares. « On attend toujours la sortie d'un troisième plan. Ils continuent à nous promettre sa sortie. Il y a eu tellement de temps et d'argent investis en consultations qu'on souhaite vraiment que ça sorte », explique Mélanie Sarroino.

« Ce qui vient avec ces plans d'action, ce sont des mesures spécifiques. Et on a besoin de mesures spécifiques autant pour la prévention et l'aide aux jeunes, mais aussi pour les femmes et les adolescentes. »

— Mélanie Sarroino, du RQCALACS

Le gouvernement promet l'adoption d'un plan global d'intervention contre l'exploitation sexuelle dans les prochains mois. Il promet aussi de réintroduire les cours d'éducation à la sexualité dès 2017.

Des exemples de mesures du plan d'action 2008-2013 :

  • Soutien financier accru à des organismes qui œuvrent auprès des victimes d'agression sexuelle
  • Réalisation d'une campagne de sensibilisation
  • Implantation d'une ligne-ressource sans frais pour les victimes

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