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En ligne ou en boutique? Guide pour un magasinage écoresponsable

La méthode la plus écoresponsable n'est pas nécessairement celle qu'on croit.
ASSOCIATED PRESS

Le magasinage en ligne devient de plus en plus facile, alors que la sélection augmente et que les délais de livraison diminuent. Et pour les items du quotidien comme la pâte à dents, les tampons ou le liquide à vaisselle, une proportion grandissante d’achats sont faits en ligne plutôt qu’en magasin.

Aux États-Unis, la proportion de ces «produits de grande consommation» - des produits qu’on achète fréquemment et à des prix relativement bas - achetés en ligne devrait passer de 1,5% en 2017 à 8% en 2025. Au Royaume-Uni, où la pratique est déjà mieux implantée, on prévoit que la proportion passera de 7,5% à 12%.

Or, la façon dont vous choisissez de faire ces petits achats pourrait avoir une incidence importante sur votre empreinte carbone.

Quelle est la meilleure façon de minimiser son impact?

D’après une nouvelle étude, la réponse se situe quelque part entre le commerce électronique et la bonne vieille visite au magasin.

L’étude, réalisée au Royaume-Uni et publiée mercredi dans le journal Environmental Science & Technology, a examiné l’empreinte carbone pour trois méthodes de magasinage: les achats faits en personne en magasin, les achats faits en ligne auprès d’un détaillant traditionnel livrés à domicile et les achats faits auprès de commerces exclusivement en ligne comme Amazon, qui livrent les biens à partir d’entrepôts.

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Les chercheurs ont tenu compte de plusieurs facteurs, du poids de divers articles d’hygiène personnelle ou pour la maison à la quantité d’énergie utilisée par les boutiques et les entrepôts. Ils concluent que l’option du modèle «briques et clics» - acheter en ligne auprès d’un détaillant traditionnel qui vous livrera la marchandise à partir d’un magasin - est la plus susceptible de réduire vos émissions de gaz à effet de serre (GES) si vous utilisez généralement la voiture pour faire vos emplettes.

«Dans les pays où les voitures sont largement utilisées pour magasiner, comme aux États-Unis ou au Royaume-Uni, la méthode briques et clics est souvent un choix plus vert», a affirmé l’un des auteurs de l’étude, Sadegh Shahmohammadi, du département des sciences environnementales de l’Université Nijmegen aux Pays-Bas.

Le fait que vos achats soient livrés par un camion qui livrera également les achats d’autres personnes occasionne moins de kilométrage que si chaque client avait fait l’aller-retour au magasin, explique M. Shahmohammadi.

Aux États-Unis, 95% des trajets vers les magasins sont faits en voiture. En Chine ou aux Pays-Bas, où la majorité de ces trajets sont faits à pied ou à vélo, l’utilisation de la méthode briques et clics ne réduit pas les émissions de GES. Elle pourrait même occasionner plus d’émissions que la visite en personne dans un magasin.

La plupart des études s’entendent pour dire que l’achat auprès de commerçants exclusivement en ligne est le choix qui cause le plus d’émissions de carbone. Surtout si vous optez pour la livraison en un jour.

Un camion de Postes Canada.
La Presse canadienne
Un camion de Postes Canada.

Puisque nous sommes de plus en plus nombreux à nous tourner vers ces compagnies pour avoir l’assurance de recevoir nos biens rapidement, les détaillants priorisent la rapidité au lieu de déterminer la route la plus efficace pour livrer de nombreuses commandes. Les camions finissent alors par faire plus d’allers-retours à l’entrepôt.

Et le fait que plus de personnes achètent moins d’items par commande veut non seulement dire plus de kilométrage, mais aussi plus d’emballages. «Le nombre d’items achetés a un impact important sur les empreintes carbones», affirme M. Shahmohammadi. «Plus vous achetez d’items d’un coup, moins vous en aurez pour chaque item.»

Il ne faut pas oublier les tentatives de livraison manquées, qui font qu’un même item peut entraîner plusieurs trajets pour le camion.

Comme l’étude britannique, une récente analyse de Michel Jaller - qui étudie les modes de transport durables à l’Université de Californie - démontre que l’impact environnemental le plus important du commerce en ligne se produit lorsque les items effectuent leur dernier bout de chemin, entre le magasin ou l’entrepôt et votre domicile.

L’étude de M. Jaller (partagée avec le HuffPost avant sa publication) confirme que la majorité des émissions des commerces exclusivement en ligne proviennent de ces ultimes petits kilomètres. Pour les commerces traditionnels, les variables les plus importantes sont la consommation énergétique des magasins et le moyen de transport choisi par les clients.

En s’attardant à ces ultimes kilomètres - qu’ils appellent le «dernier mile»-, les auteurs de l’étude britannique ont déterminé que les émissions associées au modèle briques et clics sont 50% moins élevées que lorsqu’on se rend au magasin en voiture. Et elles sont au moins cinq fois moins importantes que pour un achat auprès d’une entreprise de commerce électronique!

Les taux de retours pour les vêtements achetés en ligne sont importants et ont des effets pervers sur l'environnement.
Tom Werner via Getty Images
Les taux de retours pour les vêtements achetés en ligne sont importants et ont des effets pervers sur l'environnement.

Il convient toutefois de noter qu’aucune des deux études n’a étudié l’impact de la production des biens, ni de la façon dont les ménages les utilisent ou en disposent. Par exemple, le taux de retour est beaucoup plus élevé pour les vêtements achetés en ligne qu’en boutique, ce qui peut augmenter l’empreinte carbone.

Le pouvoir du consommateur

La quantité que vous achetez, la distance que vous parcourez et le mode de transport que vous utilisez influent sur l’impact de votre magasinage.

Si vous vous rendez physiquement en magasin, que ce soit en voiture ou en transport en commun, pensez à intégrer vos emplettes à vos déplacements réguliers - en arrêtant au magasin en rentrant du travail, par exemple - pour éviter les allers-retours au magasin.

Pour ceux qui magasinent en ligne, les deux chercheurs recommandent de ralentir la cadence et de combiner ses achats. Plus vous optez pour la livraison en un jour, plus votre empreinte carbone risque d’être importante. Mieux vaut s’y prendre d’avance et permettre à plus d’items d’être livrés en même temps.

Les détaillants peuvent aussi encourager ces options plus vertes en insistant davantage sur la possibilité de renoncer à la livraison rapide, en leur permettant de combiner leurs achats et en mettant en place des mécanismes pour éviter les tentatives de livraison manquées.

Peu à peu, certaines compagnies commencent à le faire. Mais ce n’est pas toujours évident à naviguer pour le consommateur.

Amazon, la plus importante entreprise de commerce électronique au monde, affirme essayer de combiner les items en moins de paquets possible, en fonction de la disponibilité et de la date de livraison désirée. Toutefois, les clients ne peuvent pas toujours indiquer que c’est l’option qu’ils souhaitent privilégier. Ils doivent alors consciemment opter pour une date de livraison plus éloignée, en espérant que cela donnera davantage de temps à la compagnie pour acquérir et consolider leurs items. Si vous êtes membre d’Amazon Prime, vous pouvez également choisir de recevoir tous vos achats le même jour chaque semaine.

Il peut être difficile de déterminer si votre achat proviendra d’un magasin ou d’un entrepôt, puisque les sites Internet ne le précisent généralement pas. Afin de répondre à la demande grandissante pour des achats en ligne rapides, des détaillants physiques comme Walmart augmentent la capacité de leurs entrepôts. Ce qui signifie que votre achat en mode briques et clics pourrait arriver de plus loin que le magasin du coin.

Les chercheurs s’entendent pour dire que les compagnies pourraient faire une grande différence en s’attardant au «dernier mile».

En plus de rendre les livraisons plus efficaces en planifiant consciencieusement leurs itinéraires et de consolider les achats en moins d’envois, les détaillants peuvent réduire énormément leurs émissions de GES en utilisant des véhicules moins énergivores. Au Royaume-Uni, par exemple, remplacer les fourgonnettes de livraison par des vélos-cargos pourrait réduire l’empreinte carbone associée au dernier mile de 42% et l’empreinte totale d’un achat de 26%.

«Il semble que les consommateurs et les détaillants peuvent tous faire de gros changements», conclut M. Shahmohammadi.

Ce texte initialement publié sur le HuffPost États-Unis a été traduit de l’anglais.

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