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Quand l'homme que vous aimez vous demande de maigrir

J'ai craint un moment de faire ça pour lui ; je savais que ça ne pourrait pas marcher ainsi. Maintenant je sais que je fais tout ça pour moi. Il a été le catalyseur, mais j'ai été la raison.
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"Que ferais-tu si je perdais du poids ?"

Comme à chaque Nouvel an, mon meilleur ami et moi nous posions cette même éternelle question : étions-nous plus que des amis ? Cette conversation n'aboutissait jamais à une résolution.

Il n'a pas hésité. "Je te demanderais de m'épouser."

Et, juste comme ça, nous avions une résolution. Peu importe que j'aie la main enfouie dans un paquet de chips. Il avait enfin reconnu que j'étais grosse. On pouvait enfin aller de l'avant.

Ca m'a fait du mal. Mais je n'étais pas surprise. Fin 2012, je dépassais les 130 kilos et je grossissais jour après jour. Je prenais un kilo par mois. Je ne semblais pas être quelqu'un capable de donner ou de recevoir une vie d'amour et de tendresse. Je ne prenais même pas soin de moi.

Je mangeais mais je ne bougeais pas. La transpiration était mon ennemi mortel. Ma source d'alimentation principale était les ventes à emporter des fast food, Kentucky Fried Chicken, et les restaurants qui servaient des choses couvertes de crème ou de fromages. J'étais une bombe à retardement.

Dans ma vie amoureuse, je n'avais aucune retenue. Je n'arrivais pas à faire abstraction de mon poids. Je pensais que mon obésité m'obligeait à chérir l'attention que je recevais des hommes. Mon ami m'avait conseillé d'être plus sélective. Il avait tenté de me dire que les hommes se précipiteraient vers ma beauté, même si j'avais un bras à la place du nez. Mais ses appels au discernement restaient lettre morte. Je me vexais trop facilement et j'attendais de lui une approbation qu'il ne me donnerait pas. J'ai refusé d'entendre la peine dans sa voix quand j'ai dû lui confier la violence psychologique que j'avais subie entre les mains d'hommes qui ne s'intéressaient pas vraiment à moi.

Durant 17 ans, il m'a regardée grandir et grossir. La fille confiante, ronde, et bourrée d'énergie de ma jeunesse était devenue une femme obèse et angoissée, qui passait ses soirées sur le canapé à dévorer quelque chose de frit ou de sucré, voire les deux. Il attendait patiemment d'entrevoir de nouveau la fille sûre d'elle qu'il avait connue. Je ne lui ai montré qu'une femme déboussolée. Il a décidé que nous méritions tous les deux mieux. J'imagine qu'il avait estimé qu'il était grand temps de me le dire.

Je savais que je méritais mieux. Je voulais prendre soin de moi. Je voulais être en meilleure santé et plus mince. Pourtant, je ne voulais pas perdre de poids. Perdre du poids impliquait un tel effort qu'il me faisait peur. Je le considérais comme impossible. Alors plutôt que d'accepter son aide, je lui ai hurlé dessus en lui disant qu'il ne m'aimait pas. L'amour ne remarquerait pas les 136 kilos que portait mon mètre 62. Confus, il m'a simplement fixée ; il savait plus que quiconque combien je voulais et combien j'avais besoin de perdre du poids. Il était le seul à connaître tous mes secrets. Il avait été le confident de mes déceptions. Il avait eu de l'espoir pour mon futur. Il refusait de croire que cela ne pouvait pas avoir lieu.

"Tu peux réussir tout ce que tu veux. Tu en as toujours été capable." C'était son refrain favori. Cela ne m'intéressait pas de savoir ce dont j'étais capable. Je me suis donc mise en colère.

J'ai perdu beaucoup de temps à réfléchir à sa demande de m'aimer assez pour donner le meilleur de moi-même. Je suis sortie avec des hommes qui acceptaient mon physique ; ils n'étaient pas faits pour moi. J'ai voyagé à travers le monde ; c'était exaltant mais vide de sens. J'ai même tenté une opération chirurgicale pour maigrir ; je me suis défilée au dernier moment. Je fuyais mon problème sans essayer d'y remédier.

Cette fuite en avant m'avait chargée de 10 kilos supplémentaires, et, de nouveau face à lui le Jour de l'An 2013, j'étais encore plus mal que lorsque je l'avais laissé. Il était resté mon meilleur ami. J'étais prête à changer. Dieu merci, il était prêt à me soutenir. Ses playlists de Rick Ross et Michael Jackson ont rendu mes courses de 1,5 kilomètres supportables. Grâce à lui, j'ai troqué mon obsession de la balance pour de meilleures habitudes. Chaque fois qu'il se montrait solidaire en mangeant avec entrain des versions allégées de ses plats préférés, je l'aimais plus encore.

Commencer mon régime avec lui m'a fait réaliser sans l'ombre d'un doute qu'il ne m'aimait pas pour mon apparence. Si ça avait été le cas, il n'aurait rien dit et aurait épousé quelqu'un d'autre. A la place, il s'est investi dans ma réussite. Il m'a aidé à réaliser que je ne me réduisais pas à mon poids.

Moi aussi, j'aurais pu épouser quelqu'un d'autre, et lui dire d'aller se faire voir. J'aurais pu me cacher derrière mon poids encore un peu plus. J'aurais pu m'écrier avec fierté : "Je suis une grande fille". Toutefois, je ne pouvais pas tromper un homme qui m'avait aimée plus de la moitié de ma vie. J'ai commencé ce chemin parce que je savais que je ne pouvais me permettre de rater cette opportunité de montrer vraiment mon amour et d'être aimée sincèrement en retour. Il n'y a pas une part de gâteau au chocolat qui vaille cela.

J'ai craint un moment de faire ça pour lui ; je savais que ça ne pourrait pas marcher ainsi. Maintenant je sais que je fais tout ça pour moi. Il a été le catalyseur, mais j'ai été la raison. Je veux être la meilleure Akela possible. Mais je dois admettre qu'il n'y a rien de plus sexy que de remettre votre corps en forme, avec votre homme qui vous encourage.

Monica Bellucci

Rondes et sexy

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