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Pourquoi cet acharnement contre Maria Mourani?

Maria Mourani a fait ce que tout autre politicien aurait fait : prendre sa revanche tout en respectant les règles du jeu. Elle savait bien ce qu'elle faisait quand elle a donné son âme au Bloc, mais aujourd'hui trahie par son parti, et par le mouvement souverainiste, elle saura trouver son chemin. Peut-être que ce n'est pas au goût de tout le monde, mais elle reste une députée qui a beaucoup donné au Québec.
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À deux occasions, j'ai eu l'honneur de participer à des évènements avec Maria Mourani, l'ex-députée bloquiste qui vient de renoncer à son engagement dans la cause souverainiste. Une fois, c'était lors d'une discussion à la télévision sur la situation des femmes immigrantes au Québec, et une autre fois sur l'implication des femmes canadienne en politique. Pour l'avoir entendue parler et expliquer son point de vue et le défendre, j'ai pu clairement constater que Maria Mourani parlait avec une grande conviction à propos des droits des femmes et en particulier les femmes immigrantes. Même si je ne partage pas ses idées politiques, j'ai senti qu'elle représentait son parti de l'époque avec force, ferveur et conviction.

Quand Maria Mourani a été expulsée du caucus moribond du Bloc québécois, j'ai été choquée par la gravité de la punition qui lui a été infligée. En fait, je ne comprenais pas pourquoi le Bloc n'accepterait pas de voix dissidente dans ses rangs, surtout que la question de la Charte ne le touchait que par voie interposée (je veux dire sa relation avec le Parti québécois). Mais c'est peut-être là, le prix qu'on paie en politique d'être trop bavarde et surtout d'être femme.

Mais une fois que Maria Mourani a annoncé sa décision de virer de bord et de renoncer à la souveraineté, c'est là vraiment que les couteaux tranchants sont apparus et que les coups ont commencé à pleuvoir sur le cadavre souverainiste de Maria Mourani. C'est drôle, mais est-ce que j'hallucine ou ne voit-on toujours pas les politiciens sortir dans les médias et nous faire la morale? Pourquoi? N'est-ce pas là du paternalisme politique? Qui parmi tous ces politiciens a vraiment un «dossier vierge» pour donner la leçon à un autre politicien. À chaque session parlementaire ou presque, ne voit-on pas des politiciens de toute allégeance tourner leur veste et embrasser une autre formation politique? Certes, je ne suis pas convaincue de la légitimité d'un tel geste, mais si d'autres politiciens l'ont fait et continuent aujourd'hui de se pavaner sur l'arène politique, pourquoi pas Maria Mourani? Rejetée par son propre parti, pour qui elle a milité pendant des années, pourquoi n'aurait-elle pas le droit d'embrasser la Charte canadienne? Pourquoi M. Duceppe dit-il que «ses (ceux de Maria Mourani) intérêts priment sur les intérêts généraux »? Quand il a lui-même quitté le navire du Bloc québécois, n'a-t-il pas privilégié ses propres intérêts sur ceux de son parti? Et puis, quel mal y a-t-il à suivre ses propres intérêts si ces derniers n'enfreignent pas les lois? René Lévesque ne fut-il pas un libéral avant devenir péquiste?

Maria Mourani était un modèle pour plusieurs femmes immigrantes, surtout les femmes arabes. Elle a défendu des femmes quelle que soit leur origine ou leur religion. Et ce n'est pas à moi, observatrice de loin, à qui incomberait le rétablissement des faits. L'histoire est encore fraîche pour nous les rappeler. L'automne dernier, j'ai écouté à la radio Maria Mourani critiquer l'inaction du gouvernement Harper dans les dossiers de réunification des familles syriennes qui vivent la tragédie de la guerre civile. J'ai très peu entendu de politicien faire la même chose. Son courage et son franc-parler lui ont montré la porte de sortie. Je suis sûre qu'ils sauront lui montrer une autre porte d'entrée.

Maria Mourani a fait ce que tout autre politicien aurait fait : prendre sa revanche tout en respectant les règles du jeu. Ce n'est pas au club des vieux gars de jouer les maîtres d'école et de lui faire la leçon. Elle savait bien ce qu'elle faisait quand elle a donné son âme au Bloc, mais aujourd'hui trahie par son parti et par tout le mouvement souverainiste, elle saura trouver son chemin. Peut-être que ce n'est pas au goût de tout le monde, mais elle reste une députée qui a beaucoup donné au Québec. Ce n'est pas à nous de la juger!

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