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À cause de la COVID-19, ils devront attendre avant de se dire «Oui»

«On s’aime, peu importe la date.»
Il y a eu plus de 22 800 mariages en 2018 au Québec.
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Il y a eu plus de 22 800 mariages en 2018 au Québec.

La date était prévue, la robe achetée, les invités confirmés, les décorations quasi installées, puis la pandémie a mis fin à la lune de miel. La COVID-19 aura forcé plusieurs futurs mariés à changer leurs plans nuptiaux.

«Je vivais dans le déni pendant des semaines. Je me disais “on verra rendu là“. Jusqu’à tant que l’organisatrice appelle, affirme Émilie* qui devait se marier en juin. J’ai su que c’était fini quand ils ont annulé les Francos et le Festival de Jazz. Pas de festival, certainement pas de mariage.»

Quelques larmes ont coulé lorsqu’elle a constaté qu’elle devait faire le deuil d’un mariage d’été. «Tu te mets ça en tête. Tu t’imagines une belle journée chaude de juin, mais pas trop. Tu travailles là-dessus pendant plus d’un an. Ton bachelorette et plein de beaux moments en famille s’en viennent et puis, boum, tu dois revisualiser tout ça.»

L’organisatrice de mariages et propriétaire de Prime Event, Liana Casella, affirme avoir dû consoler bon nombre de clients depuis le début de la crise, en plus de jongler avec une liste de tâches qui a pratiquement doublé. «C’est une journée qu’ils attendent depuis longtemps et parfois c’est les émotions qui prennent le dessus. Certains sont plus rationnels, d’autres hors de contrôle. Tout ce que je peux faire, c’est être empathique et proactive.»

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Même si leur mariage était prévu à la fin mai et qu’une partie de sa famille devait venir de France pour les célébrations, Stéphane Geoffroy Guglielmi a gardé son sang-froid. «On a agi rapidement dès qu’on a vu que l’Europe mettait des restrictions de voyage jusqu’au 30 juin. Les conditions sont tellement exceptionnelles qu’on n’a même pas d’amertume. C’est mondial comme crise, dit-il. Il y a comme une forme de pragmatisme qui s’est installée. C’est pas comme une bad luck de dernière minute qui gâche toutes les préparations de plusieurs mois.»

La réorganisation s’organise

Le plus gros défi pour les couples en ce moment : s’assurer que tous les fournisseurs pourront répondre «présent» à la date du report du mariage. La location de salle, le traiteur, le fleuriste, le band ou DJ, le coiffeur, le photographe, les réservations de chambres d’hôtel…

S’il peut sembler plus évident pour certains de remettre le tout dans un an, beaucoup de futurs mariés choisissent de prendre le risque de fixer la date du prochain mariage cette année, en 2020, malgré l’incertitude. «Ça fait un an et demi qu’on est là-dedans, qu’on est excités, stressés. On a hâte d’arriver à la ligne d’arrivée», témoigne Émilie*.

Heureusement, il semblerait que la plupart des fournisseurs soient accommodants et acceptent de changer de date sans frais. Les trois couples à qui le HuffPost Québec a parlé ont affirmé ne pas avoir dû faire de concessions, si ce n’est de la date, ni eu d’embrouilles avec leurs fournisseurs.

«Ça arrive qu’on doive faire des compromis. On sécurise le plus de monde possible. Le plus compliqué, c’est la salle. La saison 2020 est complète, donc, pas le choix, on cherche des alternatives. On choisit un vendredi, un dimanche au lieu d’un samedi, par exemple, affirme Liana Casella. Mais, comme la plupart de leurs [NDLR : les propriétaires de salle] revenus viennent la journée du mariage, ils se montrent très accommodants.»

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Mise à part la date de la cérémonie, Émilie* n’a eu qu’à déplacer l’endroit du cocktail, une terrasse extérieure étant plutôt frisquette en novembre, changer ses arrangements floraux pour qu’ils soient davantage de saison - et devancer l’heure de la cérémonie, question de pouvoir prendre des photos avant que le soleil se couche.

Une facture presque inchangée

Alors que tout changement au programme initial vient normalement avec des frais, dans le contexte actuel les futurs mariés seraient épargnés.

«L’humain l’a emporté sur l’esprit comptable, se réjouit Stéphane Geoffroy Guglielmi qui n’a pas eu à débourser davantage pour la réorganisation même s’il était ouvert à le faire. On avait même peur que les fournisseurs se retirent pour ne pas vivre quatre mois sans revenu à cause des annulations en rafales. Puis finalement, on n’a eu aucun souci.»

Même son de cloche pour Émilie* qui a seulement perdu l’argent investi dans les faire-part initiaux. Les seconds ont été envoyés électroniquement.

Une surcharge de la part des organisateurs de mariage n’est cependant pas exclue, comme certains doivent organiser une cérémonie parfois complètement différente de celle qui était prévue, comme s’il s’agissait d’un second mariage.

Des noces festives, sinon plus

Dans le contexte de la crise liée à la pandémie de la COVID-19, disons que le coeur des futurs mariés n’est pas à la fête, mais l’idée de célébrer lors d’un retour heureux à la vie normale les enthousiasme.

«Même si une fin de confinement était envisagée en mai juste à temps pour notre mariage [initial], on ne voulait pas se marier dans une ambiance tristounette ou obliger les gens à faire la fête après avoir perdu un proche, ou une grosse somme d’argent, dit Stéphane Geoffroy Guglielmi. En août [NDLR : lors de la date du mariage reporté], on aura tous repris des couleurs. On va enfin pouvoir profiter de nos proches. Ce sera une belle occasion de se retrouver. La fête sera peut-être encore plus belle.»

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Liana Casella de Prime Events abonde dans le même sens. La crise a beau venir avec son lot d’épreuves, mais n’affectera en rien la qualité des mariages. «C’est quelque chose qu’on n’a jamais vue, mais je sais d’expérience que les défis, ça ne fait que renforcer un couple et rendre le mariage quasi mieux. La joie va être décuplée lors de la célébration. Les futurs mariés se supportent, s’entraident. C’est vraiment beau à voir», témoigne-t-elle.

Et s’ils devaient reporter à nouveau?

Malgré le report, une autre crainte demeure. Si le gouvernement du Québec se montre un peu plus confiant sur une fin prochaine des mesures de distanciation sociale ces derniers jours, l’organisation de rassemblements - comme les mariages - devra peut-être attendre plusieurs mois.

«On serait découragés. Une fois, ok. Deux fois? Notre stock va dormir dans le garde-robe pendant un an? Ça fait tomber le momentum, pense Stéphane. Là, on se croise les doigts, et on garde le moment de tension, au sens positif et négatif. Dans le sens que oui, il y a un stress, mais on a encore plus hâte de se marier.»

* Nom fictif

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